lundi 8 juin 2020

Nous Sommes Toutes Et Tous Des Noirs Américains Ou Français

« La mort de George Floyd entre en résonance avec la situation des Noirs du monde entier » Sadiq Khan maire de Londres. 

A nos yeux, elle entre aussi en résonance avec la situation de toutes et tous les opprimé.e.s et humilié.e.s. 

Étouffé sous le genou d’un policier blanc américain, George Floyd est devenu le symbole des luttes des personnes discriminées du fait de leur couleur de peau, et dont l’histoire de leurs ancêtres a été marquée par la domination coloniale qui continue de nourrir des pratiques racistes. 

Aux États Unis, c’est un mouvement de fond, tous les États sont concernés et dans plus de 500 villes les manifestations rassemblent une population jeune et mixte. L’ampleur, la durée, la répartition sur tout le territoire étasunien, des manifestations qui font suite à l’assassinat de George Floyd à Minneapolis ont saisi la planète. Maurice Mitchel leader du mouvement Black Lives Matter dans une interview accordée à Mediapart en éclaire le fondement : « c’est le fruit de quatre siècles d’esclavage et de spoliation, de quatre décennies de néolibéralisme et de quatre ans de Donald Trump ». 

vendredi 5 juin 2020

À l’ordre du jour, la sortie du capitalisme

Une trentaine de militants issus d’horizons différents lancent Initiative Capitalexit. Leur ambition est de produire un nouvel espace de débat collectif sur des contenus politiques de dépassement du système mortifère. 

« Suite à la crise sanitaire, de multiples voix s’élèvent pour construire le monde d’après. Mais pour les classes dominantes, il ressemble furieusement au monde d’avant, explique l’historien Jean Sève, l’un des membres fondateurs d’Initiative Capitalexit. Cette fragilisation de notre société est pour elle s une occasion rêvée de renforcer leur pouvoir et leur domination. » 

Dans un manifeste (lire ci-dessous), les signataires, qui organisaient mardi 2 juin une conférence de presse, partagent le constat fait par le philosophe récemment décédé Lucien Sève et son fils et coauteur dans Capitalexit ou catastrophe (la Dispute, 2018) : le système capitaliste est entré en phase terminale. Ce système a permis, par la surexploitation de la nature et par la destruction des habitats de la faune sauvage, l’émergence de cette pandémie, tout en étant incapable d’apporter des protections sanitaires à la hauteur. La recherche sans limite du profit est ainsi totalement responsable du démantèlement des structures de santé. Le capitalisme produit aujourd’hui une crise globale de civilisation, constituée de multiples crises imbriquées les unes aux autres. 

mardi 2 juin 2020

Tribune des 18 et Plan de sortie de crise : une convergence inédite et prometteuse

Le 27 mars dernier, parmi les nombreuses contributions sur la crise sanitaire, écologique, économico-sociale dans laquelle le monde est plongé, la "Tribune des 18" intitulée 'Plus jamais ça - Préparons le jour d'après" retenait l'attention. Et pour cause : les organisations signataires de cette tribune ont réalisé une convergence inédite en France entre organisations associatives environnementales, altermondialistes et syndicales. 

Une convergence non seulement inédite mais aussi prometteuse : quelques jours plus tard, les 18 lançaient une pétition commune ; des initiatives départementales relayant cette convergence se sont mises en place dans différents départements ; un dialogue -lui-aussi inédit sous cette forme- s'est engagé entre les 18 et des forces politiques de gauche ; enfin, le 26 mai, les 18 ont rendu public un document programmatique intitulé "34 mesures - Pour un plan de sortie de crise", se situant carrément dans une perspective alternative, à la fois sociale, écologique, démocratique, féministe et altermondialiste.

Un document qu'il faut lire et discuter (en cliquant sur ce lien)

Bruno Della-Sudda

Se fédérer. L'appel


Nous sommes nombreuses, nous sommes nombreux : nous sommes tant et tant à penser et éprouver que ce système a fait son temps. Mais nos voix sont dispersées, nos appels cloisonnés, nos pratiques émiettées. Au point que quelquefois nous doutons de nos forces, nous succombons à la détresse de l’impuissance. Certes, parfois cette diffraction a du bon, loin des centralisations et, évidemment, loin des alignements. Il n’empêche : nous avons besoin de nous fédérer. Sans doute plus que jamais au moment où une crise économique, sociale et politique commence de verser sa violence sans faux-semblant : gigantesque et brutale. 

Si « nous sommes en guerre », c’est bien en guerre sociale. D’ores et déjà les attaques s’abattent, implacables : le chantage à l’emploi, la mise en cause des libertés et des droits, les mensonges et la violence d’État, les intimidations, la répression policière, en particulier dans les quartiers populaires, la surveillance généralisée, la condescendance de classe, les discriminations racistes, les pires indignités faites aux pauvres, aux plus fragiles, aux exilé-es. Pour une partie croissante de la population, les conditions de logement, de santé, d’alimentation, parfois tout simplement de subsistance, sont catastrophiques. Il est plus que temps de retourner le stigmate contre tous les mauvais classements. Ce qui est « extrême », ce sont bien les inégalités vertigineuses, que la crise creuse encore davantage. Ce qui est « extrême », c’est cette violence. Dans ce système, nos vies vaudront toujours moins que leurs profits.

Ensemble, tout est possible, soyons responsables !


Nous diffusons ce texte pour contribuer aux réflexions en cours. Il s’inscrit dans l’esprit unitaire de l’Appel « Plus jamais ça », signé par 18 responsables de syndicats, d’ONG, d’associations.
Disons la vérité : le monde entier savait qu’une pandémie interviendrait un jour ou l’autre. Combien d’alertes en cinquante ans ! Mais les chercheur·e·s ont été négligé·e·s, et leurs travaux non financés, alors que s’imposait une intense circulation planétaire, un capitalisme productiviste destructeur sur le plan écologique et social. Les politiques d’austérité ont mis à mal les systèmes publics de santé. Cette crise sanitaire a été engendrée par ce mode de production. Elle a été accélérée et aggravée par les politiques de la classe dirigeante. Et cela vaut partout, tant en Europe que dans le reste du monde.
Aujourd’hui doivent s’imposer les exigences de sécurité de l’ensemble de la population, des personnes qui travaillent (matériel de protection, droit de retrait et salaires garantis, refus de faire travailler des secteurs économiques non essentiels). De toute urgence, pour les plus pauvres, des millions au sud de l’Italie, dans tous les pays des Balkans et d’Europe centrale, les Etats et la Banque Centrale européenne doivent prendre des  mesures concrètes pour garantir le droit à la vie de tous les sans droits et les précaires (sans papier, sans toit, sans emploi…). De même ils doivent s’engager à coopérer avec l’Afrique et les pays du Sud pour la santé, l’agriculture et le climat. Ces mesures ne justifieront pas une austérité future, déjà annoncée par les ministres de l’économie et du budget.