Notre camarade Gilbert Dalgalian vient de publier aux Editions l'Harmattan "L'autogestion : un impératif pour la démocratie". Une lecture utile, nécessaire même, pour celles et ceux qui, comme nous, considère que l'actualité de l'autogestion n'a jamais été aussi importante. En guise de "mise en bouche" ; nous publions ci-dessous la préface et la postface de Bruno Della Sudda, ainsi qu'une intéressante note de lecture rédigée par Didier Epsztajn
sur son blog entreleslignesentrelesmots.
Préface
de la réédition
TROIS
PAS DE PLUS DANS L'AGONIE
Huit ans se sont écoulés depuis la
première édition. Pourquoi l'actualiser ? Pourquoi rééditer ce livre ?
Quelques passages ont perdu en
actualité : ils disparaissent. Mais le pronostic se confirme et s'aggrave. Les
trois dérives majeures de notre civilisation ont pris en une décennie une
ampleur prévisible. Tous les feux sont au rouge : la destruction de
l'environnement et du climat ; l'impasse d'un capitalisme en peine de nouvelles
expansions, dont le seul horizon est de s'attaquer aux services publics, aux
retraites et au niveau de vie ; enfin et surtout – et c'est là le verrou qui
bloque tout changement – la perte de démocratie.
La délégation de pouvoirs sans
contrôle aboutit à une démission citoyenne largement ressentie. Les phénomènes
de violence eux-mêmes sont souvent en proportion de la perte de démocratie.
Pourtant l'espoir d'un sursaut
collectif n'était pas absent de ce premier texte aux antipodes de tout
fatalisme (cf. collapsologues et autres pessimistes). Certains vont jusqu'à
imaginer le monde d'après son effondrement ; c'est exactement le contraire
qu'il faut faire, modifier le système aujourd'hui. Mais le système a son
verrou. Une partie, bientôt majoritaire (?) des opinions publiques, les jeunes
en tête, semble résolue à réagir et à imposer des solutions de rebond. Ce n'est
pas gagné. Leurs réactions se limitent pour l'instant à la revendication et à
la rébellion.
Pour l'heure la prise de conscience
ne fait pas sauter le verrou : cette fausse démocratie qui tourne le dos aux
réorientations indispensables, notamment dans une économie asservie à la
finance. Les mobilisations puissantes et persistantes en Algérie, à Hong-Kong,
au Chili, en Irak, au Liban, ainsi qu'avec les Gilets jaunes sont partout des
réponses à ce verrou.