samedi 25 mai 2019

Tandis que le spectre de la guerre civile hante les États-Unis, Sanders et ses socialistes partent à l’assaut du pouvoir et du... ciel !, par Yorgos Mitralias*

L’idée reçue qui veut que les Américains soient imperméables au socialisme a manifestement la vie dure dans la gauche européenne. En effet, trois ans après que le socialiste indépendant Bernie Sanders eut fait un carton, à tel point que la direction du Parti démocrate fut obligée de recourir aux pires tricheries pour le priver de sa victoire sur Hillary Clinton et de la nomination du parti à la présidentielle de 2016, force est de constater que la gauche européenne – de toutes sensibilités – continue de rester impassible devant la percée toujours plus spectaculaire des idées socialistes aux États-Unis. Alors, aucune surprise si elle montre peu d’intérêt pour les conséquences et les manifestations politiques et sociales de cette percée et n’arrive pas à profiter de leur impact en Europe et de par le monde. 

Et pourtant, les manifestations de cette percée socialiste sont désormais légion, crèvent les yeux, et jour après jour occupent le devant de la scène politique nord-américaine. 

Tout d’abord, selon tous les derniers sondages et enquêtes d’opinion, le socialiste Bernie Sanders n’est plus l’outsider qu’il était en 2016, mais le grand favori (front runner) parmi les candidats démocrates, tandis qu’il bat clairement Trump ! Et aussi, toutes les revendications phares de son programme considérées “utopiques” et “socialistes” en 2016 par les pontes des grands médias, jouissent maintenant du soutien de la grande majorité des États-uniens ! 

mardi 7 mai 2019

Les "Gilets Jaunes" parmi les mouvements sans leaders des années 2010, par Yves Cohen*


Tunisie, Turquie, Espagne, Ukraine, ou encore Brésil, nombre de pays ont connu au cours de la dernière décennie, des « mouvements soulèvements ». À leur suite, a émergé celui des « gilets jaunes » empreint de la même tolérance envers un certain degré de violence de la part du mouvement, mais aussi, de la même volonté d’horizontalité, du même refus du XXe comme siècle hiérarchique et de l’obligation de se placer sous l’autorité d’un chef façonnée par la « société de masse ». 

Comment rendre compte de l’importance exceptionnelle, historique, de ce mouvement des « gilets jaunes » qui s’est inauguré le 17 novembre 2018 (sans qu’à l’heure où cet article est écrit, il soit possible de dire comment il va se poursuivre) ? 

Pour mieux saisir la portée de ce que nombreux appellent un soulèvement et qui s’est d’emblée déployé sur tout le territoire français sans l’impulsion de syndicats, de partis ou de quelque organisation que ce soit, et sans non plus la direction de leaders, il importe d’abord de le situer dans un moment. 

En effet, les années 2010 se caractérisent par l’apparition dans le monde de mouvements qui partagent avec les « gilets jaunes » nombre de traits grâce auxquels ils forment un tel « moment » qui apparaît d’une signification au moins aussi forte que le « moment 68 » des historiens (voir mon texte à ce sujet). Les « mouvements des places » ont déjà suscité une grande quantité de réflexions et de publications en plusieurs langues dont le français.