vendredi 19 mai 2023

50 ans après, que nous dit aujourd'hui la lutte des LIP ? Appel unitaire


« On fabrique, on vend, on se paye ». C’est ce qu’ont fait les grévistes de Lip en 1973, il y a cinquante ans. Ouvrières et ouvriers de l’horlogerie à Besançon, elles et ils ont défié l’ordre et la légalité capitaliste des mois durant. Parce qu’elle a incarné l’insubordination ouvrière des années 68 et la convergence des combats de cette période, notamment avec celui du Larzac ; Parce qu’elle a rendu vivante, en pratique, l’idée d’autogestion avec la remise en route de la production de montres et le versement de « payes sauvages » pour financer la grève ; Parce qu’elle a été traversée, percutée, par l’affirmation féministe ; Parce qu’elle a été une importante lutte contre les licenciements en ces premiers temps de montée au chômage de masse :

La grève des Lip porte en elle les aspirations d’égalité et d’émancipation qui nous animent, elle nous parle, elle nous inspire, elle est notre patrimoine commun.

vendredi 12 mai 2023

Chili : Une indécente parodie de « processus constituant »

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Les résultats des élections au Conseil constitutionnel du 7 mai sont sans appel. La liste des Républicains (dirigée par le pinochetiste Kast arrivé en tête du 1er tour des présidentielles le 19 décembre 2021 contre Boric devenu entretemps président) obtient le meilleur résultat avec 21, 83% des suffrages. La liste de la droite néolibérale (regroupant UDI, RN, EVO) obtient 13%. La liste de la gauche parlementaire (regroupant PS, PC et FA) arrive en troisième position avec 13%. Il n’y a là rien que de très prévisible : ce Conseil constitutionnel n’a rien à voir avec une Assemblée constituante élue directement par les citoyens (comme ce fut le cas de la Convention élue en mai-juin 2021). Certes c’est le seul organe élu des 3 organes prévus par ce nouveau « processus constituant », mais il est constitué à partir de listes composées par les partis qui dominent le Congrès (la droite et l’extrême-droite y disposant de la majorité). Plus largement c’est tout le processus qui est placé sous le contrôle de la bureaucratie parlementaire. Comme on le verra plus loin, le piètre résultat de la gauche parlementaire n’est jamais que la sanction de sa subordination au cadre de l’accord anti-démocratique du 12 décembre 2022 élaboré avec sa participation. Faut-il en rester à ce constat d’échec pour apprécier les résultats du 7 mai ? Ce serait méconnaître la signification politique d’une autre donnée : l’ensemble des votes blancs, des votes nuls et des abstentions totalise 38, 48% des suffrages. Cet ensemble n’est bien entendu pas homogène mais nombre de ceux qui en font partie ont manifesté par là leur refus de cautionner un processus de part en part anti-démocratique. Le calendrier institutionnel devrait se conclure par un référendum (nommé aussi « plébiscite de sortie ») fixé au 26 novembre 2023. Aujourd’hui nul ne peut prévoir ce qui en sortira. Mais il est à souhaiter qu’un rejet de gauche du projet antidémocratique issu de ce processus antidémocratique l’emporte.

mercredi 3 mai 2023

Insurrection démocratique !, par Etienne Balibar


Nous parlons d’un conflit social généralisé, issu de la volonté d’accélérer le démantèlement de l’Etat social en « réformant » le régime des retraites, et de la réaction de masse, organisée par les syndicats, soutenue par la majorité des citoyens, qu’il a déclenchée. En se heurtant à l’arrogance du pouvoir et à la brutalité policière, il débouche sur une mise en crise du régime où nous vivons. Certains (dont je suis) pensent aussi que le capitalisme révèle ici l’acuité de ses contradictions historiques. Comment comprendre cette dynamique, et les possibilités qui en découlent ?