Contre l’Europe des frontières, des barbelés et des centres de rétention, droit d’accueil pour toutes et tous !
Aux frontières de l’Union européenne comme dans les 26 Etats de l’Union, la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, conjuguée à la politique migratoire des gouvernements, aggrave les conditions de vie des pauvres et des précaires de la société, notamment celles des migrantEs , exilé-e-s , et sans-papier-e-s.
En tentant de traverser la Méditerranée, les réfugi·é-s ne peuvent compter sur aucun secours, les ONG de sauvetage en mer ayant été contraintes de cesser leurs activités. Les refoulements sous-traités aux garde-côtes libyens continuent. Ceux qui arrivent dans les îles Grecques sont parqués dans des camps ouverts pour trier les réfugiés, et en renvoyer un maximum vers la Turquie. Les conditions de vie des camps sont un terrain favorable pour la propagation du virus. Des familles de cinq à six personnes dorment dans des espaces ne dépassant pas 3 mètres carrés. L ’épidémie de Covid-19 se propage parmi les réfugiés des camps, qu’ils affrontent démunis de toute protection.
En créant une telle situation, l’Union européenne sert la diffusion du virus qui ne tient compte ni des nationalités, ni des frontières, ni des barbelés.
Les actes de violence à l’égard des migrant-e-s se multiplient tout au long de la route des Balkans comme à l’intérieur du territoire de l’UE. Les autorités françaises continuent de refouler vers l’Italie, alors que ce pays est actuellement l’un des épicentres de la pandémie. La fermeture des frontières devient la règle alors même que l’efficacité de ces mesures pour empêcher la propagation du Covid-19 est contestée par les médecins et que des réponses alternatives existent comme les « tests de dépistage » lors du passage des frontières.
Cette fermeture des frontières a entrainé, entre autres, une crise de l’agriculture en France où les exploitants agricoles recrutent 250 000 saisonniers par an, venus entre autres du Maroc, de Tunisie, d’Espagne et d’Europe de l’Est.
De nombreuses personnes restent à la rue, dont certaines très vulnérables.
C'est le cas des mineur-e-s non accompagné-e-s qui n’ont pas de solution malgré quelques réquisitions de gymnases, de nombreuses femmes avec enfants, ou de personnes malades et sans domicile. A Calais, les alentours du campement ont été barricadés, empêchant les associations d'y accéder.
• Protection des quartiers populaires : 63 % de décès en plus cette dernière semaine dans le 93, un des départements les plus pauvres de France.et ayant la plus forte concentration de population migrante et issue de l’immigration, où existe une surreprésentation des SDF, des pauvres, des femmes, des mal-logés, des précaires, des classes populaires. C’est dans les quartiers populaires que se concentrent les inégalités sociales, sanitaires, écologiques, que les conditions d’existence et/ou de logement et/ou de travail sont les plus dures, Nous n’oublions ni le démantèlement des services publics, ni la précarité extrême, ni les violences policières à répétition, ni l’enclavement des cités, ni l’apartheid social qui y règne. Dans les campements, les bidonvilles, les personnes sont abandonnées. Comme le dit le FUIQP (Front Uni des Quartiers Populaires et de l’immigration) : « La mise en scène à longueur d’antenne et de discours officiels de l’irresponsabilité et de l’incivilité face au confinement a pour objectif de masquer les causes économiques et politiques de la catastrophe. Une telle mise en scène autorise en outre l’appareil policier à tous les abus dans les quartiers populaires pour mettre au pas les sauvages ou les sauvageons. » Et ce n’est pas la balade indécente de Macron dans le 93 qui cachera la misère et enterrera la révolte des habitant-e-s contre les politiques d’austérité et de discrimination.
• Protection pour les migrants résidents dans les Foyers de Travailleurs Migrants. La situation dans les foyers de travailleurs migrants et les foyers informels est critique à l’égal des EHPAD ! La sur-occupation est une réalité qui rend les mesures de confinement difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre. Elle expose les habitants de ces foyers à des risques élevés de contamination. il s’agit souvent de personnes à la santé fragile, parfois âgées, les chibanis « les cheveux blanc s» qui les rend susceptibles d’être victimes des formes les plus graves de complications. Parallèlement, leurs sources de revenus se tarissent du fait de la cessation d’activité d’un grand nombre d’entreprises et, à la précarité sanitaire, s’ajoute une aggravation de la précarité économique. A cause du confinement et des mesures sanitaires prises pour les funérailles, les immigrés craignent, en cas de décès, de ne pouvoir être rapatriés dans leur pays d'origine pour y reposer. Les gestionnaires des foyers Adoma, Coallia, ADEF et les autres ne donnent aucune information sur le virus et comment s’en protéger et en profitent pour fermer les cuisines collectives et les lieux de prière mais continuent à encaisser les loyers. Il est urgent que l’Etat et les municipalités mettent en place une politique d’assistance urgente concernant la distribution d’une alimentation saine, des masques de protection, des gels hydro-alcooliques et d’une prévention médicale appropriée. Si nous voulons éviter que les foyers de travailleurs migrants ne deviennent des bombes sanitaires, il faut pouvoir réquisitionner les logements vacants et les hôtels qui peuvent être mis à la disposition des résidents lorsque les conditions sanitaires et d’hygiènes ne sont pas adaptées.
• Sur les chantiers, dans les usines, dans toutes les entreprises : Egalité des droits pour toutes et tous et droit de retrait` Si le gouvernement en appelle au télétravail, à domicile, dans les secteurs « en première ligne » ce sont les salarié- e s migrants, issus de l’immigration et des territoires dominés par la France qui sont présents : aides soignantes et infirmières, médecins étrangers, travailleurEs du bâtiment, aides à domicile, travailleurs des déchets. Les salariéEs les plus précaires, dont les migrantEs qui habitent le plus souvent loin des centres -villes et qui sont obligéEs d’utiliser des transports en commun sont touchés directement par la propagation du virus. Le choix gouvernemental de maintenir au travail dans des secteurs non essentiels pour préserver les profits est criminel en raison de la pénurie des masques, des gants, contraignant des millions de salarié-e-s à travailler et à utiliser les transports en commun sans protection.
• Les femmes issues de l’immigration qu’elles travaillent ou qu’elles soient chômeuses, précaires, sans-abris risquent de payer lourdement la crise sanitaire. Les femmes du nettoyage, employées des sous-traitants, nettoient les parties communes des immeubles et des centres commerciaux, sans matériel de protection, faisant des heures de trajet pour aller travailler. Le confinement, c’est aussi un terreau propice pour les violences conjugales et familiales envers les enfants. Promiscuité quand on vit dans des petites espaces, stress, peur de se signaler, doutes sur la capacité des forces de l'ordre à intervenir rapidement. Pour beaucoup de ces femmes le confinement c’est aussi laisser seuls les enfants devant se débrouiller comme ils peuvent. Nous devons refuser que l’accès à l’IVG soit limité dans certains établissements hospitaliers et de planification qui n’assurent plus leurs missions dans ce domaine, en raison de la priorité accordée au Coronavirus
• Contre le racisme d’Etat : Le racisme d’en haut désigne à la vindicte populaire des boucs émissaires. Dans un premier temps un racisme anti asiatique s’est développé avec l’apparition du Coronavirus renforcé par des médias qui jouent sur la panique quand ce n’est pas ouvertement sur la xénophobie encouragée par des intellectuels comme Finkelkraut ou Zemmour. Un nombre grandissant d’insultes, d’actes discriminatoires, à l’égard de personnes perçues comme asiatiques s’est développé. L’extrême droite a instrumentalisé l’épidémie de Coronavirus. Maintenant ce racisme se tourne vers les africains comme l’ont montré l’expression de médecins sur CNews demandant que des essais cliniques soient exercées sur les populations d'Afrique sans leur accord comme au bon vieux temps des colonies. Les discours dominants agitent de plus en plus la peur, la fermeture des frontières, le couvre feu, l’appel si besoin à l’armée pour faire respecter ces mesures dans les quartiers populaires. Refuser la haine raciste, c’est refuser la stratégie du choc et de la tension menée par la droite de l’extrême droite alimentée par des politiques d’Etat depuis des décennies.
PEPS propose un plan d’urgence de défense des populations précaires
1. Régulariser tous les sans-papiers en attribuant une carte de résident à toutes les personnes migrantes.
2. Libérer immédiatement toutes les personnes maintenues dans les centres de rétention Fermer les centres de rétention administrative (CRA)
3. Suspendre tous les refoulements (immédiats ou après placement) en raison du risque sanitaire et les placements en zones d’attente
4. Abroger le décret sur les demandeurEs d’asile
5. Assurer la prise en charge sanitaire des personnes qui se présenteraient aux frontières avec des symptômes
6. Organiser l’accès à l’alimentation pour touTEs
7. Permettre l’accès à l’eau, et à l’eau potable, pour touTEs
8. Réquisitionner les logements permettant l’hébergement et le confinement de toutes celles et ceux qui en ont besoin, la possibilité d’héberger et de soigner les personnes atteintes du Covid-19 et non hospitalisées
9. L’accès gratuit pour touTEs à toutes les structures de soins
Entre mondialisation capitaliste, réchauffement climatique, destruction des écosystèmes et des cultures traditionnelles, mégapoles et systèmes de santé inégalitaires, nous vivons le retour des épidémies. L’action des écologistes est un aller-retour permanent entre le local et le global. La personne humaine est un citoyen du monde qui est partout chez lui. Le principe d’hospitalité nous demande d’accueillir l’étranger comme un égal avec qui construire la maison commune de nos droits et de nos projets. C’est un combat pour le commun s’appuyant sur l’égalité des droits, la solidarité et l’ouverture au monde, qui rompt avec les tabous français instauré par des lois d’inhospitalité et des discriminations institutionnelles
La Terre est notre seul pays. L’humanité, notre seule patrie.
PEPS, le 9 avril 2020
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