« Le regard tourné vers l’avant est
d’autant plus pénétrant qu’il est conscient. L’intuition, authentique, se veut
nette et précise. Ce n’est que si la raison se met à parler que l’espérance,
vierge de toute fraude, recommence à fleurir » (Ernst Bloch)
Dans
leur ouvrage Comment
tout peut s’effondrer, paru en 2014, Pablo Servigne et Rafaël
Stevens créaient le concept de « collapsologie », qu’ils
définissaient comme suit :
«
La collapsologie est l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de
notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en
s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et
sur des travaux scientifiques reconnus ».
Ce
n’était qu’un point de départ. En 2017, Pablo Servigne signait un deuxième
ouvrage – L’autre
loi de la jungle – avec Gauthier Chapelle. Les auteurs y
reprenaient la thèse de l’anarchiste russe Kropotkine qui, dans un essai
célèbre, paru en 1902, défendait l’idée – déjà émise par Marx et Engels – que
l’évolution des espèces ne résulte pas seulement de la compétition, mais aussi
de l’entraide[2]. Enfin, en octobre
2018, le trio Servigne-Chapelle-Stevens signait Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement et
pas seulement y survivre.
L’impact
de cette trilogie mérite qu’on s’y arrête. Les « collapsologues »
jouissent en effet d’une grande renommée, dans des milieux extrêmement
différents. D’une part, ils sont fort populaires sur les réseaux sociaux, dans
des mouvances alternatives et auprès de nombreux/ses activistes de la mouvance
écologique radicale. D’autre part, ils ont été reçus à Bercy et à l’Elysée,
invités par les fédérations patronales de Belgique et de Suisse et les plus
grands médias mainstreamont
amplement commenté leurs écrits. Certains journaux dits « de
qualité » ont même été jusqu’à saluer en eux les fondateurs d’une nouvelle
discipline scientifique…Qu’est-ce donc qui suscite tant d’intérêt, voire
d’engouement?
On se
concentrera ici sur le dernier livre paru, Une autre fin du monde est possible. Pablo Servigne et
ses amis y répondent implicitement à certaines critiques, en ignorent d’autres
et approfondissent des thèmes développés précédemment. La grande nouveauté de
l’ouvrage est de proposer aux lecteurs de passer de la
« collapsologie » à la « collapsosophie », autrement dit de
la science de l’effondrement à la philosophie de l’effondrement. On verra que
cet exercice ambitieux les entraîne vers des conceptions fort discutables, et
même dangereuses.
De « l’espoir toxique » à « l’espoir actif »
A
première vue, Une
autre fin du monde est possible semble présenter un certain
nombre d’avancées par rapport aux ouvrages précédents. C’est ainsi que les
auteurs nuancent partiellement l’affirmation d’inspiration bouddhiste que
« l’espoir est toxique »[3]. Pour ce faire, ils introduisent une distinction entre
« l’espoir passif » et « l’espoir actif ». Selon eux, le
premier serait le synonyme démobilisant de « la certitude que tout ira
mieux demain », tandis que le second serait « l’espérance en
mouvement », celle qui va de pair avec « le courage d’ouvrir les
possibles » et de se battre pour les concrétiser.
Cette
réponse implicite aux critiques soulignant le fatalisme de la démarche
« collapsologique » est positive, mais est-elle suffisante? Est-il
vrai que « l’espoir passif » serait toujours et inévitablement un
« poison » qui « endort les gens » et renforce l’ordre
établi, comme disent les auteurs? Le philosophe Ernst Bloch suggérait une
approche plus dialectique[4]: l’espoir, même passif, même assoupi, exprime toujours
en dernière instance l’aspiration au changement en direction d’une vie
meilleure. Cela semble évident: comment un espoir actif, qui a identifié son
objet et concentre sa volonté dans cette direction, pourrait-il naître sans
être précédé d’un forme plus vague, comme celle qui s’exprime dans les rêves
éveillés?
Mais laissons là ce débat philosophique et
actons provisoirement que les collapsologues semblent prendre certaines
distances avec le fatalisme de la catastrophe inévitable, qui ne nous
laisserait d’autre choix que d’entamer anticipativement le travail du deuil.
Rompre avec le fatalisme ? Oui mais non…
C’est
un point important. En effet, le fatalisme était au coeur de Comment tout peut s’effondrer. L’ouvrage n’offrait
qu’une seule perspective: se « débrancher » du « système
industriel » pour ne pas être « entraîné dans sa chute ». Toute
réponse globale, toute tentative de réforme structurelle étaient considérées
comme génératrices d’illusions.
Même la décroissance était écartée – les
auteurs lui reprochaient d’entretenir « l’hypothèse irréaliste » d’un
possible évitement de l’effondrement… Le livre ne comportait pas un mot
d’encouragement à ces actions de désobéissance civile que Naomi Klein appelle Blockadia[5]. Pablo Servigne enfonçait le clou par diverses
interviews: face à l’inéluctable, il n’est d’autre issue que la construction de
petites communautés résilientes, car rien d’autre ne survivra à la catastrophe.
Une autre fin du monde laisse entendre par moments un autre son de cloche.
Les « collapsologues » évoquent à plusieurs reprises « la
lutte », et même la « lutte anticapitaliste ».
L’expression revient un très grand nombre de fois, et quelques exemples sont
donnés. Les auteurs, par exemple, font leur cette citation de Christophe
Bonneuil: « Les luttes indigènes et afro-descendantes du Sud, comme les
alternatives et mouvements anti-productivistes et autonomes au Nord, inventent
des formes avancées d’émancipation et d’autogestion démocratiques ». Les
collapsologues n’avaient rien écrit de semblable dans leurs précédents
ouvrages.
Plus étonnant (car encore plus contradictoire
avec leurs affirmations antérieures): Servigne, Stevens et Chapelle s’appuient
sur le précédent de l’effort de guerre contre les nazis pour dire que le projet
d’un vaste plan de mobilisation générale, d’investissement public et de
rationnement équitable contre le changement climatique « pourrait être
porteur ». Ils émettent des réserves, mais admettent que ce récit
« vient
nourrir ce qui manque aux mouvements de la transition -une coordination
efficace- (…) et qu’il donnerait un immense coup de fouet à toutes ces
personnes qui ressentent une profonde envie de changer le monde mais qui ne
trouvent pas de satisfaction dans les injonctions aux petits gestes quotidiens
individuels ».
La rupture avec le fatalisme semble ainsi se
confirmer. Cependant, au lieu de poursuivre dans cette voie, au lieu d’explorer
les stratégies pour faire converger les luttes des salarié.e.s, des femmes, des
jeunes, des paysan.ne.s, des peuples indigènes ou afro-descendants, les
collapsologues retombent dans l’ornière de leur premier ouvrage: il faut avant
tout « passer par un processus de deuil », par
une « transition intérieure ». Pourquoi? Parce que ce à quoi
nous sommes confronté.e.s, écrivent-ils, « n’est pas un problème qui
appelle des solutions mais un ‘predicament’, une situation inextricable qui ne
sera jamais résolue, comme la mort ou une maladie incurable ».
Alors, exit les luttes? Exit la mobilisation
générale pour gagner la guerre du climat? Oui: « Avant d’agir, et même
avant de proposer des pistes d’action (sic!), il y a encore des choses à
comprendre et un chemin intérieur à faire ». Comme dans le premier volume
de la trilogie, il faut « apprendre à vivre avec », atteindre
« l’étape de l’acceptation de l’effondrement ». Dans ce troisième volume,
les auteurs ajoutent même que cette acceptation est « le prérequis pour
repenser radicalement la politique ». Sorti un instant par la porte, le
fatalisme revient par la fenêtre, plus fort que jamais.
« La leçon est d’arrêter de se battre »
Ce retour apparaît on ne peut plus clairement
lorsque les auteurs cherchent à s’inspirer de la pratique médicale pour
déterminer la meilleure façon d’annoncer des nouvelles terrifiantes. L’intérêt
des « collapsologues » pour cette problématique découle de leur
expérience vécue. En effet, Servigne et ses amis ont pu constater que la
prophétie de l’effondrement-certifié-inévitable-par-la-science est anxiogène.
On le voit aux réactions de personnes membres de groupes « collapsistes »
sur les réseaux sociaux: untel se félicite d’avoir convaincu un proche de ne
pas avoir d’enfants, unetelle autre se désespère de ne pas être en mesure
d’acheter à la campagne le lopin de terre indispensable à sa survie pendant
l’effondrement, etc…
Pour répondre à l’angoisse qu’ils ont
contribué à créer, les « collapsologues » croient pouvoir s’appuyer
sur un travail réalisé autour de la maladie de Huntington. Il s’agit d’une
maladie dégénérative héréditaire, rare et incurable, qui se révèle généralement
vers la quarantaine et peut entraîner une mort rapide. La manière souvent
inadéquate dont des patient.e.s ont été informé.e.s par leur médecin a suscité
des réactions; des philosophes se sont investies dans un collectif constitué
autour d’une des malades et un certain nombre d’idées ont été formulées
concernant la manière la plus appropriée d’annoncer la mauvaise nouvelle, et de
vivre avec elle.
C’est sur ce travail que Servigne, Stevens et
Chapelle se basent pour évaluer leur discours sur l’effondrement :
« Il
y a trois leçons à tirer de ce parallèle avec la maladie, écrivent-ils. La
première est d’arrêter de se battre, car cela n’apporte pas grand chose de
constructif (…). La deuxième leçon est qu’on ne peut pas annoncer que ‘tout est
foutu’ (et encore moins sans préciser ce qui est foutu) (…). La troisième est
que, à la suite des deux types d’annonce (la mort et l’effondrement, DT), il
faut retrouver confiance en soi par la création, l’exploration, le partage des
expériences ».
Que les auteurs comprennent la nécessité
d’arrêter de dire que « tout est foutu », on ne peut que s’en
réjouir. Il aurait été préférable qu’ils le comprennent plus tôt, et il reste à
espérer – mais cet espoir est vain, on le verra – qu’ils ne parleront donc plus
de « l’Effondrement » mais de menaces d’effondrement(s), en précisant
de quelles menaces il s’agit, à quoi elles sont dues et comment les écarter
dans la mesure du possible… Ceci dit, il est tout simplement hallucinant de
lire qu’il faudrait, selon eux, « arrêter de se battre »!
Car quelle est la cause principale de la
catastrophe grandissante? La croissance à tout prix, résultat de la concurrence
pour le profit maximum. Par conséquent, si on veut trouver un point de
comparaison dans le domaine médical, ce n’est pas une maladie génétique qu’il
faut choisir, mais une maladie provoquée par la course au profit. L’asbestose
constitue un bon exemple. Or, qu’ont fait les victimes de l’asbeste? Se
sont-elles résignées à leur sort? Non, elles se sont mobilisées avec
acharnement contre les multinationales de l’amiante parce que celles-ci les ont
empoisonnées, en pleine connaissance de cause, pendant des décennies et avec la
complicité des gouvernements.
Il saute aux yeux que cette comparaison avec
l’asbestose est infiniment plus fertile que celle des
« collapsologues » avec la maladie de Huntington. En effet, nous
empoisonner, c’est ce qu’ont fait et continuent de faire les multinationales du
pétrole, du charbon et du gaz: leurs responsables savaient que la combustion
des combustibles fossiles entraînerait le changement climatique, mais ils ont
continué à exploiter ceux-ci, en payant de faux savants pour nier la réalité.
Les gouvernements aussi savaient les conséquences, et ils n’ont rien fait, ou
presque, pour protéger les citoyen.ne.s. La « maladie » dont nous
souffrons n’est donc pas « héréditaire » ou « génétique »,
c’est-à-dire « naturelle »: elle est historique, sociale et
politique. Dans ce contexte, « arrêter de se battre » signifie rien moins
que capituler face à l’exploitation, tendre l’autre joue en se résignant à
l’injustice.
« Capitalisme » ? Vous avez dit
« capitalisme »?
Au-delà de l’anecdote, la fausse comparaison
des « collapsologues » est révélatrice des biais de leur théorie.
D’abord, on voit qu’ils se placent d’eux-mêmes dans la position de pouvoir du
médecin, l’homme en blouse blanche qui « annonce » et prescrit.
Ensuite, il est évident que les auteurs sont intoxiqués par leur propre récit
« effondriste », puisqu’ils croient en démontrer la validité en
recourant à une comparaison manifestement erronée (ils se mystifient donc
eux-mêmes)… Enfin, la référence à une maladie héréditaire indique autre chose
encore: Pablo Servigne et ses amis ont beau, dans cet ouvrage, évoquer
abondamment la « lutte anticapitaliste », ils persistent à ne pas
comprendre en quoi consiste le capitalisme et pourquoi il « épuise les
deux seules sources de toute richesse – la Terre et le travailleur »/la
travailleuse (Marx).
De
cette incompréhension, Une
autre fin du monde contient tant de manifestations qu’on ne
pourrait les énumérer toutes. En voici quelques-unes :
- A un certain moment, les auteurs
énumèrent les « ennemis diffus » à affronter et ils mettent dans
le même sac « le changement climatique, la perte de biodiversité, le
capitalisme, les gaz à effet de serre, l’industrie des combustibles
fossiles et l’inaction des gouvernements ». L’absence de toute
articulation des phénomènes socio-politiques (le capitalisme, l’industrie,
les gouvernements) et des transformations induites dans l’environnement
(le changement climatique, la perte de biodiversité) saute aux yeux.
- D’un côté, les auteurs semblent accepter le constat qu’il y a des antagonismes de classe, ils veulent même « ajouter au refus de l’exploitation de certaines classes d’humains, le refus d’exploiter d’autres espèces ». Bien. Mais, de l’autre côté, ils appuient le plaidoyer de Bruno Latour pour dépasser le clivage entre droite et gauche. Or, Latour défend l’idée de former de « nouvelles alliances » en cherchant « des alliés chez des gens qui, selon l’ancienne gradation, étaient clairement des ‘réactionnaires’ » et chez d’autres qui, « toujours selon l’ancien repère, étaient clairement des ‘progressistes’, et même peut-être des libéraux, voire des néolibéraux »[6]. Cela ne gêne pas les collapsologues, qui renchérissent: « Nous sommes tous sur le même bateau » et « nous avons besoin de tout le monde ».
- Evoquant « les sociétés
précapitalistes », Servigne, Stevens et Chapelle estiment qu’elles se
caractérisaient par « des économies soutenables », que « le
capitalisme » y a mis fin car il « a eu besoin de se débarrasser
d’une vision trop personnifiée de la nature (en effet, comment tuer ou
voler sa propre mère nourricière?) pour développer une pensée froide
et calculatrice ». L’apparition du capitalisme serait donc le point clé
d’une déconnexion des relations entre humanité et nature? Oui mais non: à
quelques pages de distance, on lit que « l’étape clé de la
déconnexion a été l’invention du langage abstrait ». Il est vrai que
les singes, qui n’ont pas de langage abstrait, sont moins
« déconnectés » de la nature que les humains; mais voilà: ils ne
sont pas humains…
Des références fort peu recommandables…
L’extrême
confusion des auteurs se traduit aussi dans l’extrême diversité des
personnalités convoquées à l’appui de leurs thèses.[7] Ce bric-à-brac idéologique racoleur pourrait
prêter à sourire si n’y figuraient pas aussi des personnalités aussi peu
recommandables que Mircea Eliade et – au premier plan ! – Carl Gustav Jung. Or,
« peu recommandables », ici, est malheureusement un euphémisme…
Théoricien
des religions et des mythes, le Roumain Eliade était membre avant-guerre du
parti fasciste et antisémite « la garde de fer ». Erreur de
jeunesse ? Que nenni: après la guerre, Eliade répéta son admiration pour
diverses personnalités d’extrême-droite[8]. Vu le sujet qui nous occupe, soulignons qu’il
prêta son soutien à Alain de Benoist lors de la fondation du GRECE (Groupe de
recherche et d’étude pour la civilisation européenne, appelé aussi la Nouvelle
Droite).[9] Or, de Benoist
est un.e des auteur.e.s qui ont tenté par la suite de formuler une écologie
politique d’extrême-droite.[10]
Disciple
dissident de Freud, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung n’a pas milité dans
un parti fasciste, comme Eliade, mais il a néanmoins collaboré avec les nazis
de 1933 à 1939.[11] Après la guerre, Jung prétendit avoir agi pour
aider ses confrères juifs allemands à poursuivre leur activité professionnelle.
Or, l’antisémitisme du psychiatre suisse est indéniable. Ses penchants
fascistoïdes resurgirent d’ailleurs indirectement en 1960: à l’époque, il
préfaça élogieusement un livre du néo-nazi mystique Miguel Serrano, un Chilien
qui voyait en Hitler un avatar de Wotan et de Vishnu, promis à revenir pour
sauver le monde…[12]
Comme
on le voit, dans Une
autre fin du monde, les collapsologues ne se contentent pas de
retomber dans l’ornière psychologisante et fataliste de leur premier ouvrage:
ils creusent cette ornière si profondément qu’ils glissent dans une caverne.
Une caverne archaïque où ils nous invitent à les rejoindre pour nous
« ré-ensauvager » en « dansant avec nos ombres », afin de
« vivre avec tous les aspects de nos vies qui nous semblent
inacceptables ». Il ne s’agit plus simplement de « faire le
deuil » mais de « renouer avec nos racines profondes ».
Celles-ci ne sont autres que « les archétypes au sens défini par Jung, à
savoir des symboles primitifs, universels, appartenant à l’inconscient
collectif, une forme de représentations préétablies (sic) qui structurent la
psyché ».
Carl Gustav Jung, l’inconscient collectif et le nazisme
Jung est ainsi désigné comme référence
centrale de la « collapsosophie ». La troisième partie de l’ouvrage,
que les auteurs disent « essentielle » fait constamment référence à
son oeuvre, en particulier à la notion très contestée d’archétypes.
Sur le plan scientifique, il faut savoir que
l’existence de ces archétypes n’a jamais été prouvée, ni par Jung ni par ses
successeurs. Aucune recherche n’a établi que la psyché serait « structurée
par des représentations préétablies, des symboles primitifs, universels, appartenant
à l’inconscient collectif ». Le symbole de la Terre-mère, par exemple,
n’est pas universel, contrairement à ce que disent certains. L’anthropologue
Jean-Loïc Le Quellec a montré que les soi-disant démonstrations de l’existence
des archétypes se caractérisent toutes par leur circularité, et que les
partisan.e.s du concept projettent sur la préhistoire leurs propres préjugés,
voire leurs propres fantasmes…
Au-delà de la controverse scientifique, les
« archétypes » et le prétendu « inconscient collectif »
sont au coeur d’un important débat philosophique et politique. Le caractère
réactionnaire de ces notions jungiennes ressort en effet de leur définition
même. Pour Jung, au plus un groupe humain est développé, au plus il a refoulé
ses racines primitives, sauvages et barbares. Or, celles-ci sont sources de
vitalité et de créativité. Chaque peuple doit les retrouver pour les assumer,
faute de quoi les archétypes resurgiraient violemment, hors de tout contrôle.
C’est à ce point précis qu’on saisit comment
une théorie basée sur une prétendue universalité des représentations a pu faire
le lit de ce qui est, par excellence si l’on peut dire, la négation raciste et
antisémite de l’universalité: le national-socialisme. Les nazis, en effet, ont
compris rapidement que la nécessité soulignée par Jung d’assumer
« l’inconscient collectif » du peuple allemand pouvait légitimer leur
politique. C’est pourquoi ils se saisirent de Jung contre Freud, et brûlèrent
les livres de l’inventeur juif de la psychanalyse, accusé de polluer
l’inconscient aryen.
Jung n’est certes pas coupable de
l’instrumentalisation de ses théories par les nazis… Mais il ne s’en est jamais
indigné et il l’a même cautionnée. Du fait de sa longue histoire, la
« race juive » était, pour lui, l’exemple typique d’un groupe humain
très éloigné de ses racines. Dès lors, comparant en 1934 la psychologie de
cette « race » à celle de la « race aryenne », voici ce que le
psychiatre suisse écrivait dans le bulletin de la Société internationale de psychothérapie
:
« Abstraction faite de certains
individus créateurs, le Juif moyen est déjà bien trop conscient et différencié
pour receler les tensions d’un avenir encore non conçu. L’inconscient aryen a
un potentiel plus élevé que l’inconscient juif; tel est l’avantage et le
désavantage d’une jeunesse qui n’est pas encore complètement étrangère à la
barbarie.(…) Freud ne connaissait pas l’âme allemande, il la connaissait aussi
peu que tous ses officiants germaniques. Le grandiose phénomène du
national-socialisme, que le monde entier contemple les yeux étonnés, les a-t-il
édifiés? Où se trouvaient cette énergie et ces tensions inouïes lorsque le
national-socialisme n’existait pas encore? Elles étaient cachées dans les
profondeurs de l’âme germanique ».[13]
De l’écoféminisme à l’éloge des « nouveaux guerriers »
Curieusement, il semble que Servigne, Stevens
et Chapelle soient arrivés à Jung notamment en lisant certaines auteures
écoféministes. Je dis bien « certaines auteures », car, logiques avec
la naturalisation des rapports sociaux qui est un de leurs traits
caractéristiques (j’y reviendrai en conclusion), les collapsologues semblent
s’être limités à cette variété d’écoféministes qui essentialisent les
différences entre hommes et femmes dans la relation à « la nature ». S’ils
avaient embrayé aussi des auteures qui expliquent ces différences par le rôle
social que le patriarcat impose aux femmes, et non par la « nature »
des femmes, ils auraient peut-être évité le dérapage dont nous allons parler
maintenant. Hélas, ils ne l’ont pas fait. Du coup, le cocktail des théories
jungiennes et des conceptions essentialistes les entraîne aux antipodes du
féminisme – et des luttes d’émancipation en général. C’est ce que nous allons
voir à présent.
D’emblée,
le lecteur est frappé par une contradiction: Servigne, Stevens et Chapelle
découvrent l’écoféminisme… mais Une autre fin du monde n’évoque ni la lutte des
femmes pour leur émancipation, ni la nécessité d’un mouvement autonome des
femmes, ni la place centrale de ce mouvement dans les combats contre la
destruction environnementale et sociale. Les auteurs préfèrent développer
l’idée que les « archétypes féminin et masculin » sont « des
polarités qui ne s’opposent pas ». Estimant que « les hommes
souffrent aussi de la blessure secrète du patriarcat », ils plaident pour
la « réconciliation hommes-femmes » et nous invitent à pratiquer à
cet effet des « rituels initiatiques ».
C’est
là que la « collapsosophie » dérape pour plonger dans la régression
archaïque, non seulement en paroles, mais en actes. Question rituels, les
auteurs recommandent en effet leurs bonnes adresses : aux lecteurs mâles, ils
conseillent de suivre, comme ils l’ont fait eux-mêmes, les week-ends
d’initiation du « nouveau guerrier » (New Warrior Training Adventure) organisés par le ManKind Project, dont ils chantent les louanges.
Ce ManKind Project est un business mis sur pied par trois étasuniens à
l’initiative d’un certain Bill Kauth. Pour celui-ci, psychothérapeute jungien,
il s’agissait de répondre à la vague féministe des années quatre-vingts.
Impressionné par le potentiel émancipateur des groupements féministes, Kauth
décida de mettre sur pieds des groupes non mixtes censés permettre aux hommes aussi
de se libérer, en retrouvant leurs racines profondes et leur âme de mâles
« adultes et sains ». Bref, en assumant leur archétype masculin.[14]
Des « excuses aux femmes » au masculinisme
Selon Jung et ses adeptes, le patriarcat
serait apparu il y a 5000 ans environ. Avant cette date, les sociétés humaines
auraient été matriarcales. Bien qu’ils se piquent d’exhaustivité scientifique,
les « collapsologues » se rangent derrière cette hypothèse sans
sourciller, sans même signaler sa contestation par la plupart des spécialistes
de la préhistoire… Du coup, ils se retrouvent au coude à coude avec Kauth, qui
ne rate pas une occasion de « s’excuser auprès des femmes pour les cinq
millénaires de domination qu’elles ont subis ».
L’entrée
dans le ManKind
Project commence par un week-end initiatique – payant – dont
les aspirants « nouveaux guerriers » s’engagent par écrit à ne pas
divulguer le contenu secret. Un coin du voile a toutefois été levé par des
journalistes infiltrés: ils décrivent un évènement très encadré, au cours
duquel les participants, coupés du monde extérieur, manquant de sommeil et de
nourriture, sont soumis à diverses épreuves physiques et émotionnelles rudes,
visant à les « confronter à leur dépendance aux femmes » en
descendant au plus profond de leur âme pour « entrer dans le royaume de la
masculinité. » [15]
Jung s’intéressait à « l’âme
germanique », son disciple Kauth s’intéresse à « l’âme
masculine ». Il explique :
« Je distingue l’esprit – ce qui monte,
la quête de Ia lumière, la réponse juste, la perfection et la vérité cosmique –
de l’âme – ce qui descend dans le mystère, le non-savoir, la confusion,
l’obscurité, le matériel ». Selon lui, « notre culture nous noie dans
l’esprit et nous sommes désespérément en manque d’âme. » Le parcours du
nouveau guerrier a du succès, dit-il, car il travaille à 95% sur l’âme.
« C’est ce dont les hommes ont besoin pour se sentir complets et
équilibrés ».[16]
Comme
on le voit, l’inconscient collectif masculin remplace l’inconscient collectif
racial, mais la logique est identique. Le lien entre les week-ends d’initiation
et les théories jungiennes sur le patriarcat ? C’est très simple: on
transformera les hommes en les amenant à retrouver les racines de leurs ancêtres
préhistoriques, ces guerriers sains, droits et courageux d’avant le patriarcat.
D’où la dénomination « nouveaux guerriers »… Entre autres rituels,
les participants dansent donc nus la nuit dans la forêt, autour d’un grand feu,
au son des tambours. Au terme du week-end, ils sont censés être apaisés et
sereins, débarrassés de leur culpabilité. Conscients de leur
« magnificence d’hommes », ils « retrouvent le chemin d’un
masculin sacré »[17]…
Il faut
être naïf ou de mauvaise foi pour croire aux vertus féministes et
émancipatrices de telles simagrées. Que les hommes soient déstabilisés par le
féminisme, c’est une évidence, puisque nous vivons dans une société dominée par
les hommes. A l’instar des boys clubs qui reviennent à la mode, les groupes
mâles non-mixtes sont donc toujours, par définition, des groupes de dominants.
(Le fait que certains hommes souffriraient du « syndrome masculin
dépressif » mentionné par Servigne et ses amis n’y change rien.) Les
« excuses aux femmes pour les 5000 ans de patriarcat » sont un
écran de fumée: le ManKind
Project est une branche du mouvement masculiniste. Sa
spécificité a été bien saisie dans un article anonyme, publié sur le site Rebelyon, et consacré au danger de cette mouvance
:
« Les ‘nouveaux guerriers’
effectuent une transformation de la domination masculine, rejetant certains
aspects de la masculinité pour en valoriser d’autres – sans prendre en compte
le fait que la masculinité elle-même est une position de pouvoir ».[18]
« Aucun
arbre ne peut pousser jusqu’au paradis sans que ses racines n’atteignent
l’enfer » : cette citation de Jung est mise en exergue, bien en vue, de la
troisième partie de Une
autre fin du monde. Tout personne informée des controverses
entourant la personne du psychiatre suisse est en mesure d’imaginer la manière
dont les nazis ont pu interpréter cette phrase : l’arbre est le Reich de mille
ans promis par Hitler, l’enfer s’appelle Auschwitz. Et le masculiniste Bill
Kauth, dans quel enfer pense-t-il que les nouveaux guerriers doivent
s’enraciner pour s’élever jusqu’au paradis de la « magnificence
masculine »? Nul ne le sait. N’empêche: il est pour le moins étonnant que
la descente de Servigne et ses amis « dans le mystère, le non-savoir, la
confusion et l’obscurité » de l’irrationnel jungien à la sauce
masculiniste soit (à ma connaissance) passée inaperçue des critiques…[19]
Ni rire ni pleurer, comprendre
Ayant
été un des premiers, dans le monde francophone, à démasquer la pseudo-science
misanthropique et raciste de Jared Diamond dans L’Effondrement[20], l’auteur de ces lignes s’est intéressé très tôt aux
« collapsologues », dont la filiation avec Diamond est évidente. Mais
il s’est efforcé de mener avec eux un débat rigoureux, ouvert, sans caricature,
en insistant principalement sur le danger du fatalisme[21]. La raison de cette attitude? Ecosocialistes et
collapsologues partagent jusqu’à un certain point un diagnostic commun sur
l’extrême gravité de ce qu’on appelle « crise écologique » – qui est
bien plus qu’une « crise » et appelle une alternative de
civilisation… De plus, Pablo Servigne n’est pas Diamond: il se réclame de la
tradition libertaire. Il s’agissait donc aussi de débattre pour rassembler,
dans la diversité, les forces anti-productivistes.
Après « Une autre fin du monde »,
il n’est pas sûr que ce débat ait encore un sens. L’avenir le dira. En
attendant, il s’agit de s’interroger – sans rire ni pleurer, à la façon de
Spinoza,: comment Servigne et ses amis en sont-ils arrivés là? La réponse à
cette question est importante, en particulier pour celles et ceux qui ont cru
trouver dans la « collapsologie » une expression de la radicalité
antisystémique indispensable aujourd’hui pour relever le gant de la catastrophe
grandissante. En conclusion de cet article, on ébauchera quelques pistes de réflexion.
Aucune
fatalité, aucun automatisme ne devait conduire les collapsologues à leur sortie
de route actuelle. Il y avait cependant des indices: le refus de prendre
position contre Malthus et son Principe de Population, le choix de ne pas répercuter
les travaux scientifiques qui pulvérisent les sombres élucubrations de Jared
Diamond[22], les accointances
avec l’ex-ministre Vert Yves Cochet, sans oublier la tendance à ensevelir le
lecteur sous une avalanche de références scientifiques sélectionnées par les
auteurs… en fonction, souvent, de leur « intuition effondriste».
S’agissant de l’intuition, justement, la
méthode des « collapsologues » mérite d’être mise à plat. Pour
alerter sur la gravité de la situation, on peut, comme ils le font,
« s’appuyer sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition
». Mais à une condition: que la raison tente d’embrasser à la fois la
destruction « anthropique » de l’environnement, d’une part, et la
responsabilité précise de la forme sociale historique responsable aujourd’hui
de cette destruction, d’autre part. Sans articuler ces deux volets de la
réalité, plus on accumule les données relatives à la destruction, plus la
question posée au public – « Où votre intuition vous dit-elle que cela
nous mène? » – débouche invariablement sur la réponse souhaitée:
« Tout va s’effondrer ». Sans conscience sociale, l’intuition est
biaisée, le raisonnement est circulaire et on fait de la pseudo-science. C’est
le sens de la citation de Bloch en exergue de cet article.
Au-delà de la méthode, le fond du problème
est la notion même de « L’effondrement ». Ce super-concept absolu,
absorbant tout, cache mal sa prétention hégémonique. Mais il comporte un piège
que deux personnes attentives ont bien mis en évidence.
« La catastrophe, écrivent-elles,
n’a de sens qu’à être conjurable, saisie dans un récit où l’on puisse lui
trouver des prises, qui ne soit pas clos sur lui-même et dépourvu d’aspérités.
Faute de quoi, on perd les pédales, on glisse, on dérape, on patine en essayant
désespérément de remonter le long de la courbe de toutes ces asymptotes, qui
sont le motif de l’anthropocène. La conséquence pratique, c’est un sentiment
d’accablement tenace qui conduit tout droit, à l’avenant, au cynisme, au
nihilisme ou à l’aquoibonisme ».[23]
Dans sa critique de la
« collapsologie », Elisabeth Lagasse a pointé pour sa part le rôle de
la naturalisation des rapports sociaux dans la formation de ce super-concept :
« Derrière cette idée de l’effondrement
réside une vision du monde qui met en avant le système plutôt que les
acteurs.rices et les rapports sociaux de pouvoirs. L’effondrement viendrait
d’abord des ‘limites’ d’un système qui ne fonctionne plus, plutôt que d’injustices
sociales. Pour prouver cet effondrement, les collapsologues s’en réfèrent
généralement а des données quantitatives, issues des sciences naturelles. Ce
faisant, ils effectuent un glissement entre les sciences naturelles et les
sciences sociales, en étudiant la société comme un ‘écosystème’, et en
déduisant de données ‘physiques’, un effondrement social. Cette idée qu’il
existerait des déterminismes sociaux découlant de lois de la nature porte un
nom : le positivisme. Cette épistémologie a été largement critiquée par
des courants théoriques qui affirment que la société n’est pas un objet
observable depuis l’extérieur, et qu’il n’est donc pas possible d’étudier la
société de façon neutre, sans jugements de valeurs. »[24]
Incapables
de « trouver des prises » à l’aide de leur propre récit positiviste,
les « collapsologues » ont en effet perdu les pédales, glissé,
dérapé, patiné. Pour s’en sortir, ils auraient pu s’ouvrir à la critique de la
société capitaliste et choisir leur camp social. Mais, sur cette voie-là, Marx
est incontournable. Or, les collapsologues n’en veulent pas, c’est une autre de
leurs caractéristiques. Ils se sont donc agrippés à Jung et à ses archétypes.
Paradoxalement, cette porte de sortie irrationnelle était compatible avec leur
prétention scientiste à l’hyper-rationalité. Seulement, voilà: elle mène tout
droit aux ténèbres. On n’insinuera pas que celles et ceux qui se réclament du
psychiatre suisse tombent inévitablement à l’extrême-droite, ce serait stupide.
Mais il s’agit de constater et de mettre en garde: pour Jung, le futur de
l’humanité réside dans sa préhistoire.
Comme elle est basée sur le mythe de
l’inconscient collectif, cette pensée acquiert quasi immédiatement une
dimension politique (beaucoup plus que celle de Freud)[25]. Or, cette politique est régressive, réactionnaire au
sens littéral du terme. Quand on y met le doigt, le corps tout entier risque
d’y passer.
En guise de conclusion
Parler
aux arbres et danser autour d’un feu dans la forêt est enrichissant mais la
remarquable vision du monde qui est celle des peuples indigènes[26] est une source
d’inspiration, pas un produit d’exportation. Il est impossible de la copier
pour la coller comme un sparadrap sur « l’extrême déchirement » que
constituait (dans les termes de Marx!) l’arrachement capitaliste de la
population des campagnes à la terre nourricière, ce moment historique majeur de
la séparation entre l’humanité et le reste de la nature. A l’échelle de la
société, la conscience d’une connexion avec l’ensemble du vivant doit être
réinventée, reconstruite à partir des mouvements sociaux. Aucun raccourci ne
permet de faire l’économie du travail ardu de convergence des luttes des
exploité.e.s et des opprimé.e.s autour d’un projet de société assurant à tous
et toutes une vie bonne par la satisfaction des besoins humains réels,
démocratiquement déterminés dans le respect des écosystèmes.
« Assurant
à toutes et tous » : ces petits mots sont ici décisifs. En effet, Une autre fin du monde se termine sur cette
phrase: « Il n’y a rien d’incompatible à vivre une apocalypse et un ‘happy
collapse’ ». Mais, nulle part dans leur trilogie, les auteurs n’ont
répondu à la question clé de l’impact de cette « apocalypse » sur la
population mondiale, sur les pauvres, en particulier les pauvres dans les pays
pauvres… Ils connaissent pourtant le problème. Leur bon ami Yves Cochet
prophétise que « l’effondrement » de la « société
thermo-industrielle » entraînera inévitablement la disparition de la
moitié du genre humain durant les années trente de ce siècle[27]. « Happy collapse »?!
Cet article est paru initialement sur le site
de Contre-Temps : https://www.contretemps.eu/critique-collapsologie-regression-archaique/
Notes
[1] Voir à ce sujet les articles publiés par Contretemps : https://www.contretemps.eu/effondrement-ou-autre-futur-entretien-avec-pablo-servigne/ ; https://www.contretemps.eu/effondrement-societes-humaines-tanuro/ ; https://www.contretemps.eu/effondrement-mondes-possibles/
[2] Pierre Kropotkine, L’Entraide, un facteur de l’évolution, Paris,
éditions du Sextant, 2010. Bernard Naccache, Marx critique de Darwin, VRIN, 1980.
[7] On y trouve tout à la fois Frédéric
Laloux (spécialiste en vogue de la réorganisation du management capitaliste),
Paul Hawken (technocrate champion du capitalisme vert), Isabelle Stengers
(philosophe anticapitaliste de tendance constructiviste), Arne Naess (fondateur
du courant de « l’écologie profonde »), Sylvia Federici (théoricienne
féministe du lien entre capitalisme, patriarcat et destruction de la nature),
Yuval Noah Hariri (historien végan qui considère l’invention de l’agriculture
comme la plus grande catastrophe de l’histoire), Joanna Macy (écophilosophe
bouddhiste) et beaucoup, beaucoup d’autres, de divers plumages.
[8] Le philosophe italien d’extrême-droite
Julius Evola, le raciste français Arthur de Gobineau et l’idéologue nazi Alfred
Rosenberg.
[9] Daniel Dubuisson, Impostures et pseudoscience, l’œuvre de Mircea Eliade,
Presses universitaires du Septentrion, 2005.
[11] En tant que président de la Société
internationale de psychothérapie mise sur pied par le régime hitlérien, Jung
collabora étroitement avec le président de la branche allemande, le psychiatre
nazi Matthias Goering (cousin d’Herman). Ce Goering fit notamment un éloge
vibrant de Mein
Kampf lors d’un congrès international, en présence de Jung.
Ses textes nauséabonds furent régulièrement publiés dans le journal de la
Société internationale, sous la responsabilité de Jung.
[12] Jean-Loïc Le Quellec, Jung et les archétypes. Un mythe contemporain,
Sciences humaines éditions, 2013.
[14] Lire par exemple A Conversation with Bill Kauth, https://mankindprojectjournal.org/2010/09/bill-klauth/,
2010.
[15] Tom Mitchelson, My (very) weird weekend with the naked woodland warriors who
travel to remote England to ‘reclaim their masculinity’, Daily
Mail, 13/3/2019. David Le Bailly, Ca y est j’ai des couilles Laurence, j’ai testé un camp de
masculinité, https://www.nouvelobs.com/societe/ 4/8/2018
[17] Miriam Gablier, Des hommes authentiques, https://www.inrees.com/articles/des-hommes-authentiques/ 29/6/2015
[18] Attention, danger : Masculinisme ! 31/10/2011 https://rebellyon.info/Attention-danger-Masculinisme
[19] Pour Libération, le livre Une autre fin du monde est « l’éloge de
l’action rationnelle face au déclin écologique ». Le site de la Radio
Télévision Suisse estime qu’il « redonne du courage ». Le carnet et les instants (revue des Lettres
belges et francophone) « loue les auteurs de parier pour la mise en œuvre
des passions joyeuses de Spinoza ». Etc… On n’a pas dû lire le même livre…
[20] Jared Diamond, Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition
ou de leur survie, 2004, Viking Press. Mes articles sur le sujet: L’inquiétante pensée du mentor écologiste de Nicolas Sarkozy,
Le Monde Diplomatique, décembre 2007; le débat sur cet article https://blog.mondediplo.net/; La fausse métaphore de l’île de Pâques, http://www.europe-solidaire.org/; Questioning Collapse: des historiens et des anthropologues
réfutent la thèse de l’écocide, https://entreleslignesentrelesmots.blog/; La réhabilitation du peuple Rapa Nui, martyr du colonialisme, https://www.gaucheanticapitaliste.org/
[21] Lire Daniel Tanuro, Pablo Servigne et Rafaël Stevens, ou l’effondrement dans la joie http://www.lcr-lagauche.org/ etC’est la lutte qui est à l’ordre du jour, pas la résignation
endeuillée, in Moins!, Mars 2018. http://www.contretemps.eu/
[22] Citons en particulier deux ouvrages:
McAnany Patricia et Norman Yoffee (ed), Questioning collapse. Human resilience, ecological vulnerability,
and the aftermath of empire, Cambridge University Press, Cambridge,
2010; Terry Hunt and Carl Lipo, The Statues that walked: Unraveling the mystery of Easter Island, Free
Press, 2011.
[23] François Thorau et Benedikte Zikouni Contre l’effondrement, agir pour des milieux vivaces https://lundi.am/Un-recit-hegemonique
[24] Elisabeth Lagasse Contre l’effondrement, pour une pensée radicale des mondes
possible, Contretemps, 18/7/2018
[25] Pour Freud, l’inconscient est le passé
refoulé de l’individu, pas celui de la nation, de la race, ou du genre.
[26] On conseillera en particulier l’ouvrage
d’Edouard Kohn, Comment
pensent les forêts. Pour une anthropologie au-delà de l’humain. Zones
sensibles éditions
[27] Yves Cochet, Les trente-trois prochaines années sur Terre, Tribune
libre dans Libération,
23/8/2017
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