vendredi 15 avril 2016

Lara Winter n'est plus, une joie de vivre s'est éteinte.


Beaucoup d'entre nous la connaissent pour son rôle précieux dans les Marches européennes et dans le succès des forums sociaux mondiaux. Lara Winter n'est plus, une joie de vivre s'est éteinte.

Polyglotte, elle a professionnellement développé ce tourisme qu'on appelle aujourd'hui alternatif ou équitable. Son école militante fut initialement le mouvement des auberges de jeunesse. La Yougoslavie, l'Algérie, l'autogestion des années soixante furent ses engagements premiers. Elle a traversé toute l'histoire du PSU puis, à compter des comités Juquin, l'histoire plus récente de l'Alternative Rouge & Verte devenue les Alternatifs à l'avènement des années Jospin. 

Aussi attentive aux femmes et aux hommes que fine connaisseuse de l'histoire des idées, Lara a été pour plusieurs d'entre nous de celles qu'on sollicitait quand un évènement heureux ou malheureux bousculait les gauches européennes. 


Elle était un pilier de la commission internationale des Alternatifs dans la préparation du contre-sommet de Nice et dans le montage des séances au FSE de Saint-Denis-Bobigny. 

Ses points de vue étaient acérés sur la politique ouest-allemande à l'égard des six Länders est-allemands au moment de la réunification, ou sur l'enclenchement des guerres yougoslaves ou encore l'alliance de la droite autrichienne avec son extrême-droite. Elle n'avait pas de mots assez durs pour la vulgarité des politiques françaises défendues à Bruxelles. 

La vivacité de son regard, ce visage sombre derrière lequel se masquaient les tensions rentrées, la détente et l'illumination de ce même visage quand une initiative progressait : Lara alliait discrétion et intelligence fière. 

Le souvenir de ce visage s'associera longtemps à nos réminiscences des moments politiques de ces trois ou quatre dernières décennies. 

Elle est de ces personnalités qui ont fait la décolonisation et les années LIP avant de contribuer à l'émergence de la génération de l'altermondialisme. 

Hommage à une belle et grande vie. 

Eugène Begoc 


J'ai connu Lara au moment de la création d'AC! elle s'était chargée des difficiles négociations avec la SNCF pour faire annuler les PV lors des manifestations pour les transports gratuits. Je l'ai ensuite connue lors des Marches européennes contre le chômage auxquelles elle a collaboré, notamment en faisant la traduction des interventions autrichiennes ou allemandes. Elle m'a souvent hébergée pour les réunions nationales des Alternatifs. 

Sa vie a été, dès sa naissance, riche de tribulations et de voyages, sa mère ayant des responsabilités au PC russe, pour travailler dans les pays de langue germanique. 

Du fait du travail clandestin de celle-ci, elle n'a jamais été sûre que son nom réel était Winter, et n'a jamais connu son père. Elle avait encore des cousines en Pologne et nous avons souvent parlé de son parcours militant. 

Elle n'a jamais imaginé cesser de militer, était abonnée à de nombreuses revues. Elle vivait et militait aux Lilas, où elle demeurait dans une grande tour, diffusait toujours des tracts au marché, et s'emportait contre la municipalité qui n'agissait que contrainte et forcée. 

Elle avait adhéré à Ensemble! sans regrets, et a lu assidument ses courriels jusqu'à ce que la cataracte l'empêche d'y voir assez clair. 

Je suis allée la voir à la maison de convalescence de Bagnolet, juste avant son retour chez elle. Et nous avons bavardé, je lui ai lu l'éditorial de Politis. 

Son engagement, sa rigueur, nos échanges passionnés vont terriblement me manquer. 

Aline Chitelman 



Notre au revoir à Lara aura lieu le mercredi 20 Avril 2016.
Il se déroulera au Cimetière du Père-Lachaise à 11h30, salle Maumejean.
Métro ligne 3 – Gambetta – (Sortie à droite opposée à la sortie Mairie du XXème / Hopital Tenon)

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