vendredi 27 décembre 2019

Les besoins artificiels,comment sortir du consumérisme ? Entretien avec Razmig Keucheyan

« On pourrait construire notre liberté sans qu'elle passe par la consommation » 
Annabelle Laurent 

On a parlé de consommation compulsive, d'avions low-cost, d'extension de garantie, d'Amazon, du secteur de la logistique comme « nouvelle classe ouvrière du XXIe siècle », d'effondrement ou encore de dictature verte avec le sociologue Razmig Keucheyan, auteur du livre Besoins artificiels, Comment sortir du consumérisme (La Découverte, Zones, 2019). 

Seule une minorité d’entre nous peut, aujourd’hui, observer la nuit étoilée. La pollution lumineuse, aussi dénoncée pour ses nuisances sur la santé et sur l’environnement, soulève une question : quel seuil fixer pour que l’éclairage artificiel, besoin légitime, ne soit pas - avec des lampadaires allumés toute la nuit dans une rue peu empruntée - un éclairage excessif, source de pollutions ? De quoi avons-nous vraiment besoin ? Partant de ce sujet peu traité, le sociologue Razmig Keucheyan, auteur du livre Besoins artificiels, comment sortir du consumérisme (Zones, 2019), déroule son argumentaire. À l’heure de l’urgence climatique et de la nécessaire transition écologique, nous produisons et consommons trop. Le sociologue pointe le capitalisme, productiviste et consumériste, qui nécessite que soient mises sur le marché des marchandises nouvelles, et que soient générés des « besoins artificiels » toujours nouveaux. Il propose une feuille de route à la dimension politique assumée, pour inviter à « combattre le capitalisme sur son propre terrain » et trouver ainsi des solutions à la crise environnementale. 

vendredi 20 décembre 2019

Violences policières et mensonge d’Etat


Dans son avant-propos, « Vous avez raison, Monsieur le Président, Geneviève n’allait pas faire ses courses », publié avec l’aimable autorisation des Editions SyllepseBruno Della Sudda insiste sur le droit de manifester et de contester les options gouvernementales, les mensonges des uns, les médailles décernées à des policiers impliqués dans des violences… et les soutiens à l’échelle nationale et internationale à l’autrice victime de ces violences policières, sans oublier les millions de francais·es contraint·es par les violences sociales entraînées par les contre-réformes néolibérales. 

Il présente Geneviève Legay, son parcours de vie, « Il renvoie à un destin singulier, fait de choix, de ruptures aussi et de bifurcations assumées, de difficultés et d’engagements, dans lequel des millions de femmes de sa génération – mais aussi plus jeunes – peuvent se reconnaître. Ce n’est donc pas un destin subi, c’est un destin en bonne partie choisi, celui d’une combattante qui a pris le chemin de l’émancipation individuelle et collective et qui a décidé de s’intégrer à des cadres collectifs dont elle a beaucoup appris autant qu’elle leur a apporté. Toutes les rencontres que ces cadres collectifs ont permises l’ont aidée à se construire ». 

Il nous parle aussi de celles et ceux qui « n’acceptent ni les injustices et les inégalités ni les discriminations, toutes celles et tous ceux qui n’ont pas renoncé à changer le monde ». 

Mémoires filmées de Mohammed Harbi

Depuis 2011, le documentariste et réalisateur Bernard Richard avec Robi Morder, sur une idée de Claude Kowal et avec la collaboration des éditions Syllepse, enregistrent les Mémoires filmés de Mohammed Harbi. 

À la fois archives, souvenirs personnels et leçon d’histoire en 37 heures. Mohammed Harbi nous amène, à partir de l’histoire du mouvement de libération de l’Algérie et de son indépendance, à appréhender le présent. 

Rejoignant le mouvement nationaliste à 14 ans, membre de la direction de la fédération de France du FLN, Mohammed Harbi fut l’un des principaux promoteurs de l’autogestion après l’indépendance, emprisonné après le coup d’État de Boumedienne, il s’évade et est devenu un historien reconnu de l’Algérie contemporaine. 

Comme ses ouvrages, son témoignage filmé constitue un apport essentiel à la compréhension de la révolution algérienne, de ses échecs et des possibilités ouvertes. Ne bénéficiant d’aucun soutien matériel institutionnel, les heures de tournage, les relectures et visionnages, le montage ont été assurés gracieusement par les initiateurs qui ont fourni le matériel (caméras, micros, etc.). 

mardi 17 décembre 2019

Mascarade électorale en Algérie, par Jean Michel

L’Algérie connaît depuis février dernier une mobilisation sans précédents de sa population pour refuser le « système », c’est-à-dire le pouvoir militaire (à peine masqué par le FLN-1) qu’elle connaît depuis son indépendance (sinon avant…). 

Cette mobilisation massive tous les vendredis (le « Hirak ») qui a plusieurs fois dépassé le million de participants à Alger et les 10 millions dans l’ensemble du pays (notamment en mars et le 1er novembre) a obtenu des succès incontestables, notamment la démission de Bouteflika (2 avril) et le report de deux élections présidentielles (18 avril et 4 juillet), mais elle n’a pas réussi à obtenir la remise en cause du « système ». 

Dirigé de fait par le vieux général Gaïd Salah (79 ans) qui est chef d’État-Major de l’armée depuis 2004, le « système », après avoir emprisonné quelques corrompus notables généralement liés au clan Bouteflika, mais quelques autres opposants aussi, impose, contre l’avis ultra-majoritaire de la population, l’élection présidentielle du 12 décembre : 5 candidats, tous issus du sérail (deux anciens premiers ministres de Bouteflika, deux anciens ministres et un ancien député du FLN) font des meetings dans des salles vides et pérorent sur « l’Unique » (la chaîne télévisée du pouvoir) ; ils sont l’objet de quolibets et de lazzis de la population (A Alger, un groupe de « hirakistes » va jusqu’à nettoyer une place publique à l’eau de Javel après un rassemblement de soutien à l’un des candidats !). 

samedi 14 décembre 2019

Invitation. "Ordre et désordre des territoires", samedi 18 janvier Paris

Cette réunion débat est co-organisée par l’Association Autogestion (AA), l’Association des communistes unitaires (ACU), les Amis de Tribune socialiste (ATS), Cerises, la coopérative, l’Observatoire des mouvements de la société (OMOS), le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie et le féminisme (AAAEF), le Temps des lilas, l’Union syndicale Solidaires 

Samedi 18 janvier 2020 

De 10h à 17h au Maltais Rouge 40, rue de Malte 75011 PARIS 
(M° Oberkampf et République) 

Problématique 

• L'organisation de nos territoires crée des inégalités et des ségrégations sociales (logement, emploi, niveau de vie, transports, services publics. ...). 

• L'organisation territoriale détruit la nature, les espaces naturels et agricoles ( routes, urbanisation en tache d’huile, circulation ...) et pourrit notre cadre de vie. 

mercredi 4 décembre 2019

"Celle qui n’était pas sage de Geneviève Legay" Avant-propos de Bruno Della Sudda

Le 23 mars 2019, la France découvre Geneviève Legay, âgée de 73 ans, renversée par une charge de police et retrouvée au sol dans une mare de sang, place Garibaldi à Nice. Son nom traverse les frontières. Elle devient un symbole du mouvement des Gilets jaunes et de la répression policière tant dénoncée. 

Deux jours plus tard, dans sa précipitation pour minimiser les faits qui ont choqué le pays, le président de la République commet un mensonge en expliquant que « Geneviève Legay n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». 

Condescendant, il lui recommande en outre la « sagesse » dont Geneviève serait dépourvue. Quelques semaines plus tard, lors d’un déplacement aux États-Unis, il se croit obligé de revenir sur son cas en affirmant au détour d’une interview que Geneviève n’était certainement pas ce jour-là place Garibaldi pour faire ses courses… Eh bien non, elle n’était pas là par hasard et elle ne faisait pas ses courses… Elle était là pour exercer son droit à manifester et à contester les options gouvernementales. 

Depuis, Geneviève Legay a reçu des milliers de soutiens à l’échelle nationale et internationale, sous les formes les plus diverses. 

Depuis, les brutalités policières dont elle a été la victime prennent une tournure judiciaire : le procureur de la République, trop prompt à disculper la chaîne de commandement de la police, est lui-même démenti par un rapport de la gendarmerie. Ce qui fit dire à l’avocat de Geneviève que « soit le procureur n’avait pas connaissance de ce rapport et alors c’est une faute professionnelle, soit il en avait connaissance mais n’a rien dit et dans ce cas c’est une infraction pénale » (Le Monde). Ce qui fait écrire à L’Express : « Geneviève Legay : le procureur de Nice a menti pour ne pas embarrasser Macron. »