mercredi 31 janvier 2018

Penser le présent. Retour sur une conférence de François Cusset, par Yvon Kervella

L'université populaire d'Amiens recevait l'historien des idées François Cusset ce 29 janvier, un choix motivé par la qualité de son travail de clarification critique des catégories analytiques qui entendent rendre compte du "néo-libéralisme". 

A elle seule, l'attention soutenue de la centaine de femmes et d'hommes présent.e.s atteste de l'intérêt que rencontre l'UPA qui entre dans sa neuvième année ; la création en fut en effet décidée au sein du mouvement anti-Pécresse de 2009, opposé au désengagement du budget soumis au Parlement du financement des universités. 

Moquant les glissements droitiers et les bavardages sur le peuple, l'historien rappelle que les phases de basses intensités à gauche sont aussi des phases de recomposition des pratiques et des conceptions. Son intérêt va aux démarches de connaissances critiques, et c'est également avec une grande ironie que l'universitaire récuse les attentes de prêt-à-penser et les postures de "maîtres penseurs". 

mardi 30 janvier 2018

2018 : Penser la conjoncture néo-souverainiste, notes d'Eugène Bégoc

Peinture de Jules Granjouan, musée de Nantes
  1. 1 - Depuis 2008, la conjoncture européo-atlantiste n’a été stabilisée qu’au prix de lourdes hypothèques.
2007-2008 a mis au grand jour les failles invraisemblables du monde de la globalisation financière, spécialement sa forte dimension de spéculation immobilière. Depuis la conjoncture mondiale n’a pas retraversé de ruptures d’ampleur comparables et l’économie paraît même stabilisée en Amérique du Nord, au Japon et en Europe.

Ce résultat n’a toutefois été atteint qu’au prix de lourdes hypothèques :

• Une évolution de la hiérarchie financière et politique au sein du système mondial des Etats : le rachat par les finances publiques des dettes bancaires pèse davantage sur certains Etats que d’autres, ce qui près de nous a affecté brutalement les habitant.e.s du Portugal, de la Grèce et de l’Irlande, mais aussi et d’une autre manière les populations britanniques ;

lundi 22 janvier 2018

L'Europe et le mouvement sociale européen, par Gus Massiah

Nous vivons une période de grands bouleversements et de grandes incertitudes. Une période de fortes contradictions qui structurent le champ des possibles et qui confirme que l’avenir n’est pas prédéterminé. 

Trois remarques préalables à une réflexion sur l’Europe 

La compréhension de l’Europe ne se résume pas à un retour vers son passé. L’Histoire s’écrit du présent, à partir des questions qui se posent vers l’avenir, vers le passé pour aider à les comprendre. Il s’agit de partir des défis qui se posent au monde et du rôle que l’Europe pourra y jouer. 

L’Europe ne se réduit pas à l’Union Européenne. Elle est confrontée, au-delà des formes institutionnelles à la redéfinition du politique du local, au national et au mondial ; et à la place des grandes régions dans l’organisation du monde. 

Notre interrogation principale porte sur la construction d’un mouvements social européen. Cette méthode qui privilégie le point de vue des mouvements sociaux et citoyens s’inscrit dans la démarche du mouvement altermondialiste. 

vendredi 19 janvier 2018

Populismes, émancipation, autogestion en débat le samedi 24 mars au Maltais Rouge à Paris

Populisme ; depuis quelques années, ce terme s’est invité avec force dans le débat public, plus particulièrement en Europe avec l’émergence de forces politiques qui se réclament ouvertement d’une telle école de pensée ou qui sont qualifiées de « populistes » par un certain nombre d’observateurs et de médias. 

L’élément nouveau est qu’à l’opposé des populismes d’extrême-droite des expressions populistes s’expriment dans les gauches européennes et viennent de connaître des succès électoraux significatifs. Elles ont souvent en commun d’appuyer leur discours sur une opposition entre le « peuple » et une « élite » (« oligarchie », « caste ») et de s’incarner dans tel ou tel personnage censé « porter la parole du peuple ». 

Elles marquent la résurgence dans nos sociétés de courants politiques qui, pour certains, plongent leurs racines dans une tradition déjà ancienne, comme le populisme russe de la seconde moitié du 19ème siècle. 

Industrie automobile , qui conduit ? Soirée débat à Paris jeudi 8 février 19h à l’Union syndicale Solidaires 31 Rue de la Grange aux Belles

Appropriation sociale du secteur automobile 

Le marché du secteur automobile est aujourd’hui dominé par une poignée de multinationales qui développent des stratégies mondiales de production comme de commercialisation. 

De ce point de vue, il est difficile de penser la socialisation de ce secteur économique au travers d’une nationalisation ou d’une hypothétique transformation en coopérative. Par ailleurs, ce secteur a une importance stratégique majeure vis-à-vis de l’enjeu écologique que représente le réchauffement climatique. 

Pour initier une réflexion sur le contenu d’une telle socialisation, nous avons choisi de nous inspirer de l’exemple de Renault en invitant deux responsables syndicaux du groupe. Leur intervention sera suivie d’un débat ou chacune et chacun sera invité-e à construire avec nous les chemins possibles d’une socialisation de ce secteur. 

vendredi 5 janvier 2018

Catalogne, Corse : pourquoi Roger Martelli fait fausse route, par Bruno Della Sudda et Patrick Silberstein

Roger Martelli a eu la bonne idée de rapprocher la Corse et la Catalogne dans une récente tribune publiée par Libération (lire ci-dessous). Même si les situations en Corse et en Catalogne ne sont pas identiques, il y a tout lieu de se réjouir de ce rapprochement, particulièrement pour une "gauche de gauche", pour reprendre ses termes. 

Car ce qui justifie ce rapprochement, sur le fond, c'est bien ce qui est commun aux deux situations, et qui a fait l'objet de commentaires dans toute l'Europe : l'aspiration des peuples à l'autodétermination. 

C’est malheureusement une aspiration et un droit qui sont absents de la tribune de Roger qui passe donc, hélas, à côté de l'essentiel. Il fait le choix d'opposer le « eux et nous » et l'option « identitaire » – procédé rhétorique pour le moins malvenu - au clivage social cher à la gauche et à ce à quoi il renvoie : l'aspiration à se soustraire à la domination pour aller à l'émancipation. Or, c'est précisément cette volonté de se soustraire à la domination et l'horizon de l'émancipation qui pointent en Corse comme en Catalogne au travers de l'aspiration à l'autodétermination. 

Que cette volonté et cette aspiration ne soient pas partagées par toutes et tous, c'est l’évidence. Que, comme tout processus social et politique radical, celui-ci sécrète la réaction, est une autre évidence. Que cette volonté et cette aspiration s'expriment sur le plan électoral par des canaux extérieurs à la gauche en Corse et en partie extérieurs à la gauche en Catalogne, c'est la réalité.