mercredi 28 décembre 2016

Féminisme et autogestion, par Bruno Della Sudda, Florence Ciaravola, Romain Testoris, Magali Della Sudda

Si les premières analyses des années 1960 prirent pour référence le marxisme, s’y référant ou s’y opposant, les années 1970 ont vu le postmodernisme s’intéresser avant tout au discours, au langage et à la représentation. 

Aujourd’hui, l’analyse matérialiste qui prend en compte les inégalités liées aux structures et aux systèmes est plus pertinente que jamais dans un système mondialisé complexe marqué par l’intersectionnalité – où la question du genre et celle des origines s’entrecroisent –, où l’oppression spécifique des femmes croise l’exploitation capitaliste que la crise aggrave pour toutes et tous, y compris dans les pays les plus riches. 

Les luttes des femmes et les théorisations relatives aux rapports sociaux inégalitaires qui leur sont liées, dans leur diversité, ont montré qu’il n’y a pas de « problème des femmes », mais un problème de relations entre hommes et femmes. 

mardi 27 décembre 2016

L'autogestion comme mot d’ordre d’action, par Michel Pablo (1968)

On n’a jamais parlé autant de l’autogestion dans un pays capitaliste, qu’actuellement en France. Dans l’espace de quelques semaines l’idée de l’autogestion a tenté des milieux les plus divers, jusqu’au pouvoir, qui dans la personne de De Gaulle se fait maintenant l’avocat de la « participation ». 

Certes, le contenu que chacun donne à l’autogestion n’est pas le même. Mais le dénominateur commun à tous ceux qui parlent de « participation » consiste dans le fait que tous admettent la nécessité de la participation démocratique des producteurs et des citoyens à la gestion de la vie économique, politique et sociale du pays. 

Ce qui les différencie, c’est naturellement l’ampleur et la forme concrète que doit prendre cette participation à la gestion. Il serait particulièrement intéressant […] de réunir toutes les opinions émises dans les milieux les plus divers au sujet de l’autogestion pour démontrer à quel point cette idée est devenue consciemment ou inconsciemment, de manière claire ou confuse, l’idée-force, l’idée centrale, à partir de laquelle on sent qu’il est possible et nécessaire de remodeler l’ensemble de la vie sociale. 

jeudi 22 décembre 2016

Dépasser les divisions pour aller vers l'alternative par Jean-Jacques Boislaroussie et Bruno Della Sudda (2013)

Les classes dirigeantes ont besoin, chaque fois que possible, du consentement ou de la résignation des dominé-e-s, et, chaque fois que nécessaire, d'user de la coercition contre elles/eux. L’éclatement du monde du travail, les discriminations, les contradictions qui traversent les couches populaires, sont également des conditions majeures de la pérennisation du système. 

La convergence des luttes et propositions pour une alternative ne pourra s'opérer en considérant que les différences sont des obstacles à surmonter, mais en les assumant pour avancer ensemble contre l'adversaire commun. 

C'est le cas dans le monde du travail, avec l'enjeu de revendications unifiantes et prenant en compte la nécessité absolue de la lutte contre le chômage, la précarité et les temps partiels subis, notamment par les femmes. C'est pourquoi le droit à l'emploi pour toutes et tous et la réduction du temps de travail sont des objectifs majeurs, au même titre qu'une répartition plus égalitaire des richesses, la mise hors marchandisation de la santé ou de l’éducation, et la sécurisation des parcours professionnels. 

mercredi 21 décembre 2016

Pierre Naville et le PSU. Débat le 11 janvier avec Alain Cuenot au Maltais Rouge 18h30

Animateur remarqué de la Nouvelle gauche après 1945, membre fondateur du PSU en 1960, Pierre Naville défend sans relâche une pensée socialiste moderne et pluraliste reposant sur l’union des forces de gauche communistes et non communistes. 

Face au pouvoir gaullien et son capitalisme d’Etat, il revendique un contrôle ouvrier de la production nationale, l’application des 35 heures, la retraite à 60 ans et jette les bases d’une première forme de pratique autogestionnaire. 

Cofondateur de la sociologie du travail avec Georges Friedmann, il démontre par ses nombreuses publications (La vie de travail et ses problèmes, L’automation et le travail humain) comment les processus technologiques nouveaux liés à l’automation asservissent le salarié dans l’entreprise, reproduisant la logique d’exploitation du système capitaliste. 

lundi 19 décembre 2016

Socialisme et autogestion (contribution à une esquisse des fondements de la démocratie directe), par Michel Raptis (Pablo) - 1977

1 ) L'autogestion est devenue synonyme de la démocratie socialiste, c'est-à-dire du régime qui caractérise la société de transition succédant au capitalisme. On ne peut pas extrapoler abusivement sur l'avenir de cette société qui, selon Marx, s'acheminerait vers le communisme, société sans classes, et sans Etat. 

Le devenir de la société des hommes est fonction de leur libre volonté qui, mue par une conscience plus approfondie des conditions qui la déterminent en dernière analyse, trouvera la force de faire agir les hommes en conséquence et transformer la société, selon un projet conscient. 

Nous sommes encore loin d'une société d'hommes conscients, et surtout décidés d'agir en conséquence. L'ampleur de la mystification de la vie sociale des hommes, d'eux-mêmes, de la manière également de concevoir la nature, le monde extérieur dans lequel ils vivent, est toujours grande. L'écrasante majorité de l'humanité charrie dans son présent les survivances tenaces de son passé biologique et social, sans que la capacité critique et créatrice du cerveau humain puisse encore les dominer. La préhistoire de l'humanité n'est donc pas finie. 

ITAS (Croatie) : Interview de Dragutin Varga, syndicaliste, par Benoit Borrits

Nous publions ici une interview de Dragutin Varga, syndicaliste croate, qui a largement favorisé la reprise de l’entreprise ITAS par ses salariés en 2007. Cette entreprise d’outils à commande numérique emploie aujourd’hui 210 personnes à Ivanec dans le nord de la Croatie. Cette interview a été réalisée dans le cadre de la rencontre internationale « L’économie des travailleurs » qui s’est déroulée à Thessalonique du 28 au 30 octobre 2016.
 

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Dragutin Varga et j’ai été embauché à ITAS 1 en 1973. Depuis cette date, je n’ai travaillé que dans cette entreprise. Je suis devenu syndicaliste lors de la phase de privatisation de celle-ci qui a menacé son existence. Durant cette période de conflits, de 2000 à 2005, j’ai été licencié cinq fois.

J’ai participé à la création d’un nouveau syndicat RIS qui commence à être présent dans d’autres entreprises de Croatie et qui est le seul à s’opposer aux privatisations.

mardi 13 décembre 2016

Production et consommation des viandes : comment le capitalisme conquiert notre alimentation ?

Notre Réseau continue à diffuser des documents élaborés en leur temps par les Alternatifs sur des thématiques qui sont toujours d’actualité et dont une relecture bien sur critique pourrait éclairer les débats sur des sujets controversés. Il en va ainsi du dossier rédigé en 2010 conjointement par les commissions écologie et agriculture/Alimentation sur la question de la viande. 

Henri Mermé

La construction d'un système mondialisé et sa remise en cause

Introduction :
 

Alors que la production et la consommation des viandes, et plus globalement des produits animaux, continuent de croître dans le cadre du système capitaliste libéral mondialisé, diverses critiques et pratiques alternatives se développent.

lundi 5 décembre 2016

Révolution au 21ème siècle : temps court ou processus de révolution longue ? par Bruno Della Sudda

 1 – Pourquoi la révolution longue ?

A - La singularité du coup de tonnerre d'octobre 1917 en Russie est celle d'un temps court et d'une rupture fulgurante vécue comme telle par des dizaines de millions dans toute l'Europe. La puissance de l'événement et l'immense lueur d'espoir qu'il a jeté sur le monde ne pleine boucherie de la Première guerre mondiale en a fait un modèle révolutionnaire et un paradigme combiné au bolchevisme, à la fois en tant que stratégie et conception du parti dirigeant, pour des générations de révolutionnaires et comme événement référence de la gauche communiste et de la gauche radicale du XX° siècle particulièrement en Europe. 

La force de cet événement érigé en modèle nous a fait oublier les caractéristiques générales des révolutions, révolution russe comprise, qu'on ne peut réduire à une rupture mais qui sont faites d'une accumulation de ruptures plus ou moins importantes, plus ou moins radicales, étirées sur un temps plus long Les révolutions sont des processus, au temps plus long et des phénomènes non-linéaires 

dimanche 4 décembre 2016

Vendredi 9 décembre à 20h : Autogestion, l’expérience algérienne

Dans le cadre de la sortie du film Algérie du possible de la réalisatrice Viviane Candas, une projection suivie d’un débat avec Mohammed Harbi, Gérard Chaliand et Slimane Benaissa aura lieu le 

Vendredi 9 décembre à 20h (horaire à confirmer) au Cinéma La Clef, 34 Rue Daubenton, 75005 Paris 

En rencontrant ses anciens compagnons de combat, le film suit le parcours d’Yves MATHIEU, né à Annaba, anticolonialiste en Afrique Noire puis avocat du FLN. À l’Indépendance de l’Algérie, il rédige les Décrets de Mars sur les biens vacants et l’autogestion, promulgués en 1963 par Ahmed BEN BELLA. 

La vie d’Yves MATHIEU est rythmée par ses engagements dans une Algérie qu’on appelait alors « Le Phare du Tiers Monde ». La réalisatrice, qui est sa fille, revient sur les conditions de son décès en 1966. Algérie du possible, La révolution d’Yves Mathieu 

Un film de Viviane Candas, Documentaire – France – 2015 – 82mn – DCP Sortie en salle le 7 décembre 2016 C’est un panorama passionnant, plein de fièvres et de doutes, sur la guerre et l’après-guerre d’Algérie que bien peu de Français et d’Algériens connaissent, un hommage émouvant à un homme qui a donné sa vie pour ce pays… Il est essentiel à la connaissance de l’histoire de l’Algérie contemporaine.