vendredi 22 décembre 2017

Les élections en Catalogne constituent un camouflet pour Rajoy !, par Richard Neuville

Les élections du 21 décembre convoquées par le gouvernement de Mariano Rajoy étaient censées clore la séquence récente d’un bras de fer entre la Catalogne et l’État espagnol, entre velléités « séparatistes » et « unionistes ». Or, elles ont été organisées dans un contexte de tensions exacerbées suite au « coup d’État constitutionnel » d’octobre dernier, avec des responsables politiques et associatifs emprisonné-e-s, d’autres poursuivi-e-s ou en exil à Bruxelles, à l’image du président destitué de la Catalogne, Carles Puigdemont, et des procédures judiciaires à l’encontre de centaines d’élu-e-s et de militant-e-s. 

La phase du processus d’autodétermination de juin à décembre aura été trop intense pour qu’elle s’interrompe après ces élections et les résultats le confirment. En effet, le mouvement est trop enraciné pour qu’il s’évanouisse à l’issue d’une campagne électorale surréaliste et qui s’est déroulée dans des conditions délétères. 

Avant d’analyser les résultats, revenons sur les principaux moments de cette dernière période. Entre le 9 juin, jour de l’annonce de la convocation du référendum d’autodétermination, et le 7 décembre, jour de la manifestation importante à Bruxelles, le gouvernement catalan a poursuivi la procédure de consultation de la population pour l’indépendance, l’accumulation de forces engendrée depuis juillet 2010 a confirmé ses potentialités de mobilisations et le pouvoir central a montré son vrai visage en réprimant fortement le mouvement, en suspendant les institutions catalanes et en instaurant un climat de tension. 

lundi 18 décembre 2017

Dépasser l'état en Misarchie et ailleurs, Rencontre le 24 janvier avec Emmanuel Dockes

Dans Voyage en Misarchie, Essai pour tout reconstruire, Emmanuel Dockès imagine un pays si évolué qu’il aurait depuis longtemps abandonné le système capitaliste. Un pays qui aurait à la fois supprimé la propriété comme moyen de domination et l’Etat lui-même ! 

C’est en particulier autour de cette idée que nous vous proposons de réfléchir avec nous et Emmanuel Dockès, le 24 janvier prochain à Paris. 

En Misarchie, l’État a été remplacé par une juxtaposition de « districts », des « communs » auxquels les habitants adhèrent automatiquement, en fonction de leur présence sur un lieu donné et des services publics à organiser. Ceux-ci sont complétés par des « associations » (associations à but non lucratif, entreprises…) auxquelles l’adhésion est libre et volontaire. Ces structures s’appuient sur une loi fondamentale, sur laquelle se superposent les législations des districts ou des associations. Emmanuel Dockès, juriste de profession, nous exposera les fondamentaux de cette nouvelle architecture institutionnelle. 

dimanche 17 décembre 2017

Garanties judiciaires : la citoyenneté dégradée, par Eugène Bégoc

Le 4 octobre dernier Pourparlers en Picardie débattait de la nature et de la portée des contrôles à l'encontre des réfugié.e.s. Ce 14 décembre, l'association sollicitait de Richard Kempf, avocat, le bilan législatif des obligations administratives de respect des libertés fondamentales. 

1. Visites et saisies, nouvelles prérogatives de police administrative 

Les perquisitions menées en dehors du cadre judiciaire sont désormais entrées dans le droit français : l'article L. 229-1 du code de sécurité intérieure établit que tout préfet peut faire procéder à des "visites et saisies". La personne qui la subit est ensuite privée de recours judiciaire : le magistrat pénal ne peut pas être saisi, seul le juge administratif est compétent, autrement dit "l'administration juge l'administration", l'administration donc est à la fois juge et partie. 

jeudi 14 décembre 2017

Le retour au premier plan du droit à l’autodétermination des peuples, par Richard Neuville

Passé le temps de la décolonisation et de la poussée nationalitaire des années 1970, le droit à l’autodétermination des peuples semblait oublié dans l’Hexagone et voilà, qu’en cet automne, il resurgit avec une grande acuité. 

La victoire des formations nationalistes (autonomistes et indépendantistes réunis) en Corse, les litiges dans la définition du collège électoral pour le référendum d’autodétermination prévu en Kanaky en 2018 et la proclamation symbolique de la République catalane (même si le sentiment nationaliste s’exprime peu en Catalogne du Nord) sont l’expression du retour au premier plan de la question nationale. 

La République française, chantre des droits humains, ne concède même pas les droits culturels en métropole, elle n’a toujours pas signé ou ratifié les conventions du Conseil de l’Europe : la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales de 1991 (non signée) et la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992 (non ratifiée par le Parlement). Les rapports de domination coloniale sont toujours présents comme l’ont révélé les événements dans les « départements » d’outre-mer en Guadeloupe en 2009 ou en Guyane au printemps dernier. 

mercredi 15 novembre 2017

Les révolutions indo afro latino-américaines, par Richard Neuville


Cette intervention a été prononcée le 10 juin 2017 lors de la journée d'étude du Réseau sur l'autogestion et les processus révolutionnaires de notre temps.

Autogestion et Révolution longue, par Bruno Della Sudda



Cette intervention a été prononcée le 10 juin 2017 lors de la journée d'étude du Réseau sur l'autogestion et les processus révolutionnaires de notre temps.

L'altermondialisme et les révolutions arabes, par Gus Massiah


Cette intervention a été prononcée le 10 juin 2017 lors de la journée d'étude du Réseau sur l'autogestion et les processus révolutionnaires de notre temps.

lundi 13 novembre 2017

Pour un service public construit sur la base de la Démocratisation, de la Socialisation et de l'Autogestion


Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes[1] appelle à lutter pour un service public et des biens communs qui garantissent, à l’échelle mondiale, une égalité de prestations et de droits pour l’ensemble de la population. 

Le service public constitue un salaire social, un élément décisif du revenu et des conditions de vie des classes populaires. Il détermine et définit une répartition de la richesse socialement produite. 

C’est pourquoi il doit être égalitaire pour toutes les populations concernées, reprendre les prestations et les structures les plus avancées des services publics nationaux et régionaux, s’aligner sur le mieux-disant pour toutes les prestations et les activités qu’il devrait assurer, se construire à partir d’une stratégie de convergence rapide, fonctionner selon des critères d’utilité sociale. 

jeudi 2 novembre 2017

68 thèses pour l’autogestion et l’émancipation, par Bruno Della Sudda, Patrick Silberstein, Romain Testoris (octobre 2017)

1917. Dans un monde où les empires imposent la barbarie coloniale et exploiteuse à des centaines de millions d’indigènes, un coup de tonnerre éclate aux confins d’une Europe continentale lacérée de tranchées sanglantes. La Révolution russe qui jaillit soulève les consciences humaines. Une brèche s’ouvre. En Russie, ouvriers, paysans et soldats montent à l’assaut du ciel et déferle, pour un temps, l’invention d’une autre vie qui bouillonne dans toutes les veines de la société. 

Pour les opprimé•es et les exploité•es du monde entier, un espoir est né et il faut encore saisir à la fois ce moment d’émancipation, dans toutes ses couleurs, et sa destruction en quelques années, trahi, défiguré, piétiné par la contre-révolution stalinienne. 

mercredi 18 octobre 2017

1948-2018 Contre vents et marées. Hier comme aujourd’hui : l’actualité d’un socialisme autogestionnaire, par Catherine Samary

C’est avec l’autorisation de Catherine Samary que nous publions ce long et intéressant texte illustrant la nécessité de reprendre , contre vents et marées, en cette période de basses eaux des réflexions sur les perspectives de changements de la société, le chemin de la seule « utopie concrète » qui soit, la perspective de la démocratie intégrale, c’est-à-dire de l’autogestion généralisée. 

Henri Mermé

"1948 fut l’année de « l’excommunication » des communistes yougoslaves par Staline. Pourquoi quelque soixante dix ans plus tard s’intéresser encore (ou à nouveau) à l’expérience socialiste autogestionnaire yougoslave 1 ? Que pourrait-on y trouver pour répondre aux problèmes du capitalisme du XXIè siècle alors que l’ancienne fédération et système yougoslaves ont disparu dans la tourmente de dramatiques voire sanglants conflits ? 

L’alternative exprimée en 1918 par Rosa Luxembourg, « socialisme ou barbarie » est plus que jamais actuelle. Mais les mots – socialisme, communisme – associés aux projets émancipateurs, ont été affaiblis ou dénaturés par des échecs voire par des politiques criminelles mais aussi par des idéologies mensongères couvrant d’autres politiques criminelles. 

lundi 16 octobre 2017

"Que reste-t-il de 1917 ?" Réunion débat samedi 11 novembre de 9h30 à 16h30 au Maltais Rouge , Paris

Co-organisé par l’OMOS, l’Association Autogestion, le réseau AAEF, l’ACU, les Editions Syllepse, Contretemps, Regards, Les cahiers de l’Histoire 

La Révolution d’Octobre 17 est désormais vue à travers la faillite de l’URSS. Quelle qu’aura été le regard porté sur cette dernière, cette Révolution et ce qui en a découlé a largement marqué le XXe siècle et l’idée de transformation sociale des sociétés. Son écroulement a débouché sur des thèmes comme « la fin de l’Histoire » ou le Tina (There Is No Alternativ) de Margaret Thatcher. 

 Aujourd’hui, des analyses différentes voire divergentes ont des conséquences diverses sur la question de la transformation sociale et ce, au moment où dans de multiples pays, le système politique et institutionnel connaît une crise inégalée. 

mardi 3 octobre 2017

Etat espagnol, Catalogne : histoire d'une séparation, par Richard Neuville

Le référendum organisé dimanche par les forces indépendantistes catalanes, ainsi que la féroce répression qui s’en est suivie, trouvent leur explication dans la lente dégradation d’un processus qui avait démarré de manière favorable dans les années 2000, avant de se heurter aux refus réitéré de toute forme de concession de la part du gouvernement central. Les revendications catalanes sont alors progressivement passées d’une autonomie négociée, à une volonté d’indépendance pure et simple. Celle-ci ne peut être que renforcée par les événements des derniers jours. 

L’auteur de cette tribune, Richard Neuville, est militant syndical et politique et co-animateur de l’association Autogestion. 

"Depuis la Diada – le 11 septembre : jour de la fête nationale de Catalogne – qui a réuni plus d’un million de personnes dans les rues de Barcelone, les interventions du pouvoir central s’enchaînent contre le processus d’autodétermination engagé en Catalogne. 

lundi 2 octobre 2017

Le fruit mordoré : planche de salut et laboratoire social, par Patrick Silberstein

Il est minuit dans le siècle. Cherchant à échapper à la nasse qui se referme, les réfugiés affluent à Marseille, alors en zone «nono» où la botte nazie a, momentanément, délégué à son vassal maréchaliste le soin de faire régner son ordre. David Rousset synthétise la situation européenne du temps par une formule choc: «Auschwitz et Marseille sont alors les seules portes ouvertes de l’Europe[1].» 

Pourtant, de la fin 1940 à 1942, une ruelle du Vieux port, la rue des Treize escaliers, va être le théâtre d’une extraordinaire aventure résistante. Le 11 novembre 1940, selon la notice que lui consacre Rodolphe Prager dans le Maitron, Sylvain Itkine, comédien et membre du Parti ouvrier internationaliste (POI)[2], crée avec quelques amis la coopérative Le Fruit mordoré qui va fabriquer des «Croque-Fruits». 

Dépasser le capitalisme par le Commun, par l’OMOS (Observatoire des Mouvements de la Société)

Les luttes récentes sont toutes marquées par la revendication du droit à l’usage et à l’accès. Il s’agit du droit à des ressources essentielles à la vie (eau, énergies, nature…), du droit au travail et à l’accès à l’outil productif, du droit à des ressources immatérielles, à la santé et à l’éducation. 

Ces revendications se heurtent de plein fouet à la propriété – privée comme étatique – qui transforme les ressources à la base de ces droits fondamentaux en capital lucratif et aliénable. 

Ces dernières années nous ont montré combien le compromis n’est plus guère possible entre ces droits humains et l’existence même d’un capital qui décide l’orientation des investissements et des emplois. Non seulement le capitalisme n’est plus capable de porter le développement de la société, mais il est entré dans une phase où il détruit plus qu’il ne crée. 

samedi 16 septembre 2017

Les coopératives d'habitant-es en Uruguay : conférence débat les 28 septembre à Vaux-en-Velin et 3 octobre à Paris avec Pablo Caballero Moreira

A l’occasion de sa venue en Europe, à l’initiative de la Coopérative d’habitants Chamarel Les Barges 1 et de l’association Chamarel pour participer à la European Cohousing Hub (Berlin, 5 au 9 octobre), Pablo Caballero Moreira sera à Lyon du 28 au 2 octobre pour une conférence et diverses actions de la Fédération nationale des coopératives d’habitants, et à Paris les 3 et 4 octobre. 

A Vaulx-en-Velin, le jeudi 28 septembre à 20h Au Cinéma Les Amphis, 12 Rue Pierre Cot, 69120 Vaulx-en-Velin, autour de film « Vive les coopératives » réalisé par Rafael Gutierez et un court métrage d’Emilie Souillot « Chamarel. La coopérative d’habitants, un atout pour mieux vieillir ». Cette initiative est organisée par la Fédération Française des coopératives d’Habitants, la Coopérative d’habitants Chamarel Les Barges et de l’association Chamarel. 
Avec le soutien : De association “Autogestion”…et BSHF (Building and Social Housing Foundation). 

samedi 2 septembre 2017

L'heure est à l'autogestion, par Yvan Craipeau (1977)

Le texte ci-dessous d’Yvan Craipeau (1) paru dans Tribune Socialiste le journal du PSU date de quarante ans (n° 741 12 au 18 mai 1977) et développe l’idée que « l’autogestion est au cœur des débats du mouvement ouvrier ». A l’époque cette thématique lancée initialement, outre quelques intellectuels militants de renom, par le PSU et quelques groupes d’extrême gauche mais aussi par la grande organisation syndicale qu’était la CFDT et avait même était reprise, certes formellement et de façon déformée et édulcorée, par le PS et interrogeait aussi le PCF ! 

C’était un autre siècle, un autre monde aussi que les moins de soixante ans auraient du mal à imaginer ; un monde où l’espoir de « changer la vie » semblait pour beaucoup de militant-e-s à portée de nos luttes. Bref un des buts de notre Réseau n’est pas uniquement la nostalgie mais en publiant des textes souvent inconnus pour les jeunes générations de rappeler que connaitre ce qui était à l’ordre du jour hier ne devrait pas seulement être utile pour les livres d’histoire, mais , soyons fous, donner aussi quelques idées pour nos combats d’aujourd’hui qui, sans perspective d’un autre monde à construire, ne peuvent pour l’essentiel que reste défensifs. 

jeudi 31 août 2017

L’extrême polarisation de la société américaine et l’effondrement de Trump conduisent au grand affrontement civil qui approche! par Yorgos Mitralias *


Nous voici donc à un pas de ce qui était hier encore impensable, l’éloignement -d’une façon ou d’une autre- du 45e président des États Unis de la direction de son pays, seulement sept mois après son installation à la Maison Blanche ! 

Le constat n’est pas du tout arbitraire et a des fondements solides. Il se fonde sur le fait que le célèbre 1% des ultra-privilégiés que M.Trump s’est mis en tête d’en faire encore plus riches grâce à ses effarants allégements fiscaux et autres cadeaux mirifiques, l’abandonne maintenant en masse, retirant spectaculairement son soutien et laissant entendre qu'il ne veut plus de lui à la Maison Blanche! 

Et en effet, la liste des “rats (milliardaires) qui abandonnent le bateau” est plus qu'impressionnante. Il ne s’agit pas de quelques-uns des grands patrons, mais de la fine fleur du très grand capital nord-américain et international. L’un après l’autre les PDG de Merck, IBM, General Motors, Intel, 3M, Blackstone, Apple, Walmart, General Electric, Pepsi, Coca-Cola, et de dizaines d’autres, ainsi que ceux des colosses bancaires -qui font et défont des gouvernements- comme JPMorgan Chase et Goldman Sachs (!) ont annoncé en l’espace de 2-3 jours, non seulement qu’ils condamnent sans appel les déclarations scandaleuses de Trump mais aussi -et surtout- qu’ils démissionnent des commissions économiques, politiques et patronales qui conseillent traditionnellement les présidents des États Unis. 

mardi 22 août 2017

" Le concept de l’autogestion, aujourd’hui, c’est l’ouverture vers le possible". Problèmes théoriques de l'autogestion, par Henri Lefebvre (3ème partie)

Le 22 mars et le 27 juillet ont été mises en ligne les deux premières parties de l’article inaugural de la revue Autogestion : elles mettent radicalement à distance les conceptions qui bornent l’ambition à gauche à démocratiser la politique, à changer les représentants et les orientations de l’Etat. 

La troisième partie développe les implications stratégiques de l’hypothèse autogestionnaire. Avec une innovation explicite par rapport aux traditions majoritaires : « dès lors que l'on conteste les institutions étatiques et bureaucratiques, ou le monde généralisé de la marchandise, comment ne pas évoquer ce qui pourrait les remplacer ? » 

Eugène Bégoc

 III. – LA PROBLEMATIQUE DE L'AUTOGESTION 

Nous savons qu'elle naît spontanément, mais qu'elle ne naît pas n'importe où, n'importe comment. Au contraire. Nous avons peut-être réussi à localiser cette naissance, à définir certaines conditions. Il lui faut une conjoncture, un lieu privilégié. Or, il ne lui suffit pas d'apparaître pour que surgisse devant elle une voie royale, un chemin tracé d'avance. 

Hommage à François Della Sudda

Notre camarade François est décédé suite à une longue maladie. C'est un ancien militant du PSU et de toutes les luttes anticolonialistes , internationaliste et pour tous les droits humains pendant toute sa vie qui vient de nous quitter. 

Ancien dirigeant national de la Ldh, ancien président du CEDETIM, François Della Sudda avait également été adhérent aux Alternatifs.

J'ai partagé pendant quelques années son combat pour les droits des palestiniens.

Henri Mermé

lundi 21 août 2017

Les thés et tisanes "1336", comme 1336 jours de lutte victorieuse contre la multinationale Unilever, par Patrick Silberstein


Un appel de Patrick Silberstein, éditeur, membre de l’association pour l’Autogestion, pour donner un avenir et toujours plus de sens économique et politique à la coopérative des ex-Fralib. 

Il était une fois une multinationale à qui rien ne résistait. Elle n’était d’ailleurs pas habituée à ce qu’on lui résiste. Maître des capitaux, des machines et des matières premières, elle achète le travail et déplace les sites de production à sa guise. Jusqu’au jour où les salarié-es ont dit qu’après tout l’usine était leur. 

Nos lecteur-trices connaissent l’histoire, nous en avons largement rendu compte dans les colonnes de ce site. La multinationale a dû lâcher du lest, reculer, mais reculer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine en essayant de tout casser sans que ça ne se voit trop. 

mercredi 26 juillet 2017

Problèmes théoriques de l’autogestion – Henri Lefebvre – 2ème partie

La mise en ligne de l’article principal du cahier n°1 de la revue Autogestion (décembre 1966) a été engagée par le réseau AAAEF ce printemps. Publiée le 22 mars dernier, la première partie argumente pour retrouver une conception unitaire des chemins de l’émancipation ; Henri Lefebvre y montre l’utilité de sortir des oppositions durcies entre réforme et révolution en même temps qu’il réhabilite la spontanéité révolutionnaire dans sa forme de la deuxième moitié du 20ème siècle, l’autogestion. 

C’est la seconde partie qui est mise en ligne aujourd’hui. Le terme sociologie choisi par l’auteur dans le titre ne doit pas ici être pris dans le sens de techniques descriptives qu’il peut prendre à l’université, mais dans le sens explicité par l’auteur lui-même : « la sociologie a pour objet la puissance créatrice de la société ». 

Henri Lefebvre reprend ici la métaphore léninienne du maillon faible pour récuser que le néo-capitalisme et le gaullisme triomphant de 1965-66 soient durablement stabilisés. 

Après les rencontres de Porto Alegre, par intercoll

Intercoll est un espace ouvert d’élaboration et de confrontation des mouvements sociaux et citoyens. Il vise à participer à l‘émergence progressive d’un nouvel « intellectuel collectif international » à partir de l'élaboration intellectuelle des mouvements et des réseaux de recherche et d’éducation populaire qui leur sont liés. 

Intercoll ambitionne de créer un espace international et multiculturel, c’est pourquoi le site fonctionne en six langues. Les articles sont précédés d’un résumé de dix lignes dans les différentes langues permettant à chacun de recourir aux outils de traduction automatique. 

Sept démarches seront mises en œuvre : 

dimanche 23 juillet 2017

Notes sur « Construire un peuple » de C. Mouffe et I. Errejon, par Eugène Begoc

Publié par les éditions du Cerf, la traduction de ce livre de dialogues de 2015 a pour sous-titre « Pour une radicalisation de la démocratie ». La thèse de C Mouffe comme on sait est que « l’oligarchie » fait ressurgir le conflit à mort entre elle-même et « la multitude » ; son objet d’études est la démocratie pluraliste, dont les institutions avaient dans le passé contenu les conflits en deçà du point où chaque adversaire cherche à supprimer l’autre ; son objectif est de favoriser les populismes « de gauche », seuls à même d’infléchir la marche à l’abîme à laquelle le libéralisme condamne l’humanité ; plus précisément, elle se propose de poser les bases d’une pensée politique qui soit à même de lever l’hypothèque d’une victoire de l’oligarchie et d’œuvrer à une transformation des institutions pluralistes contre le libéralisme à visée totalitaire. 

1. Contre Habermas et Hobsbawm, l’exhumation de l’école anti-Weimar 

Dans le dialogue avec l’animateur de Podemos, la métaphore privilégiée par C. Mouffe est la substitution au conflit antogonistique – qui s’achève par la suppression d’un des deux protagonistes – du conflit agonistique – la lutte de deux athlètes. La dualité agonistique et antagonisme est explicitement empruntée à C. Schmitt, juriste allemand qui était violemment hostile à l’Etat de droit qu’entendait incarner la République de Weimar au sortir de l’Allemagne bismarckienne et de l’écrasement de la révolution spartakiste. Un chapitre entier est consacré à « penser avec et contre » C. Schmitt, signe de l’importance accordée à cette référence. D’autres travaux ont pris en compte C. Schmitt, comme ceux d’Etienne Balibar, sans lui donner ce statut théorique. 

samedi 15 juillet 2017

Nice, un an après. "Il s’agit d’inventer une politique de la solidarité contre l’hypercapitalisme et les terrorismes, contre les barbaries de l’un et des autres et de produire du commun". André Tosel

Un an après la catastrophe de Nice, nous rediffusons un remarquable texte de notre ami André Tosel disparu le 14 mars dernier. Ce texte, publié par l'Humanité le 18 juillet 2016, reste totalement d'actualité.

Bruno Della Sudda, Nice le 14 juillet 2017

L’histoire bégaye. Par trois fois, la France a été frappée d’attentats innommables qui massacrent des victimes innocentes de tout âge et de toute condition. La compassion et l’indignation ne peuvent être que nos premières réactions. 

Il nous faut d’abord respecter le temps du deuil et non pas engager des polémiques obscènes comme celles des élus de la droite hégémonique dans les Alpes-Maritimes alors que les dépouilles des victimes ne sont pas inhumées. 

jeudi 13 juillet 2017

Cotisations sociales : les robots doivent payer, Anne-Lise Ranou (1987)


Cette affiche a été créée par Anne Lise Rannou (de Douarnenez), et imprimée à Morlaix, en 1987. Elle était destinée la campagne nationale du PSU sur la protection sociale. Elle illustre la proposition d’asseoir les cotisations non seulement sur les salaires mais, sous une forme à discuter, sur les machines qui remplacent les salariés.

«  Le gouvernement Chirac trompe les gens en diminuant les impôts sur le revenu et en annonçant ensuite une augmentation des cotisations sociales pour combler le trou de la Sécurité Sociale. Une fois de plus, ce sont les salariés, en particulier les bas salaires, qui vont trinquer.Ce sont des mesures démagogiques et bassement électoralistes.

mercredi 28 juin 2017

Maroc : la révolution qui vient, une analyse de Chawqui Lotfi

Le Maroc, loin d’être une exception historique, traverse une combinaison et accumulation des contradictions qui, bien que contenues périodiquement, refont surface à un niveau plus aigu. La séquence actuelle confirme la longue durée des processus révolutionnaires, au-delà des phases de reflux, et la profondeur de la crise politique et sociale. Depuis 8 mois, la mobilisation populaire s’est installée dans le Rif. Déclenchée en réaction à la mort de Mouhcine Fikri [1], le mouvement s’est enraciné et organisé. Un ensemble de facteurs expliquent la durée, la radicalité et la massification de la mobilisation :
  • - la plateforme revendicative du mouvement populaire (du « Hirak ») a su traduire les aspirations des couches populaires : la fin de la corruption, la construction d’hôpitaux, d’universités, de services publics, de projets utiles pour la région et créateurs d’emploi, la promotion d’équipements culturels et de loisirs, l’arrêt des expropriations des terres collectives et de la mainmise des maffias maritimes et forestières liées à l’appareil d’état.

samedi 24 juin 2017

Che Guevara, Ombres et Lumières, un ouvrage de Samuel Farber (Editions Syllepse)



Avec l'aimable autorisation des Editions Syllpese, nous publions ci-dessous l'introduction de Samuel Farber à son ouvrage "Che Guevara, Ombres et Lumières", qui vient d'être publié aux Editions Syllepse. Avec l'espoir que cette lecture vous incitera à lire l'intégralité de cet ouvrage. Merci à Didier Epsztanj, d'avoir mis en ligne ce texte sur son blog "Entre les lignes et entre les mots".

* Dans les bonnes librairies ou, en ligne, directement aux Editions Syllepse



Actualité de Che Guevara


–, un puissant symbole pour des milliers de jeunes rebelles et de révolutionnaires du monde entier. Ironiquement, la référence politique au Che est aujourd’hui moins pertinente à Cuba qu’à l’étranger. En effet, s’il continue à exercer une influence, discrète mais réelle, sur la culture politique cubaine, ce n’est ni sur le plan programmatique ni sur le plan économique, mais comme un modèle culturel fait de sacrifice et d’idéalisme. 

vendredi 23 juin 2017

Syrie : l'autogestion des insurgés, par Sarah Kilani



Cet article de Sarah Kilani publié initialement sur le site de Contretemps est une synthèse des pratiques autogestionnaires qui ont existé dans ce pays à l’issue du processus révolutionnaire post 2011. 

Henri Mermé, juin 2017

Alors qu’en Egypte, en Tunisie ou en Libye, la chute des régimes en place a permis aux insurgés de prendre le contrôle des institutions, l’installation dans la durée du conflit oblige les quartiers et villes rebelles à s’administrer eux-mêmes. En effet, les blocus, l’état de siège et l’abandon des zones insurgées par le régime de Damas changent les conditions matérielles de la révolte, contraignant les civils à créer leurs propres institutions et à s’autogérer afin de pallier la disparition des structures de l’appareil d’État. Comités de coordination, comités locaux, cours de justice, hôpitaux, circuits alimentaires : le peuple insurgé livré à lui-même s’organise.

Les défis démocratiques de la transition écologique et énergétique, par Richard Neuville (Juin 2015)



Dans sa critique du déficit démocratique du système parlementaire, André Gorz pointait avec clairvoyance l’écueil du bureaucratisme qui ne pourra être évité que par un éco-socialisme efficace et réaliste reposant sur des réformes révolutionnaires graduelles. Il mettait également en exergue les limites de la démocratie parlementaire et estimait que si : « Le suffrage donne le droit de gouverner, il n’en donne pas le pouvoir » (Gorz, 1975 : 72). Pourtant la mystification du concept de démocratie indirecte tend à se perpétuer en déniant tout exercice de pouvoir populaire sur l’organisation de la société, en ne laissant aux citoyen-ne-s que la possibilité de désigner leurs représentant-e-s tous les cinq ans. Ainsi, les intérêts suprêmes de l’Etat capitaliste sont bien préservés (Munster, 2008).

Le jour d’après est là : les débats sont encore à venir. Contribution par Eugène Bègoc.



Il y a urgence à ne pas bâcler les conclusions à tirer de la séquence 2015-2017. Le fait est massif : 37 % des voix toutes candidatures à gauche additionnées le 6 décembre 2015 ; 27 % le 23 avril ; 20 % le 11 juin. Reste à mesurer la portée du recul (point 1) et surtout à engager les dialogues pour sortir par le haut et sur la gauche de la défiance massive envers le politique(point 2). L’échec de JLM2017 vient après l’échec du NPA et l’évanouissement du Front de Gauche au lendemain de 2012 : il n’est donc pas concevable de ne pas remettre sur le métier la stratégie et la question du cadre d’action (point 3).

dimanche 28 mai 2017

Victoire des grévistes de la faim ! Déclaration de la Campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouthi et tous les prisonniers palestiniens

Les prisonniers palestiniens en grève de la faim ont gagné. Après de longues négociations entre les autorités d’occupation israéliennes, Marwan Barghouthi et la direction de la grève, un accord a été trouvé et la grève de la faim est suspendue. C’est une étape importante vers le plein respect des droits des prisonniers palestiniens en conformité avec le droit international. 

C’est aussi une indication de ce qu’est vraiment l’occupation israélienne qui n’a laissé d’autre option aux prisonniers palestiniens que de se laisser mourir de faim afin d’obtenir les droits élémentaires que leur garantit le droit international. 

La grève de la faim lancée par plus de 1000 prisonniers palestiniens sous la direction de Marwan Barghouthi a duré 41 jours, ce qui en fait l’une des grèves collectives les plus longues et les plus massives dans l’histoire du mouvement des prisonniers palestiniens. Elle avait pour objectif de mettre fin aux violations par Israël des droits des prisonniers. 

mercredi 17 mai 2017

Le cas des révolutions indo-afro-latino-américaines et des révolutions arabes. Séminaire de réflexion et de débats samedi 10 juin

Le séminaire de réflexion et de débats aura lieu le samedi 10 juin de 9h30 à 17h au Maltais Rouge, 40 rue de Malte, 75011 Paris (métro Oberkampf ou République) 

En débat : « L’autogestion et les processus révolutionnaires de notre temps : le cas des révolutions indo-afro-latino-américaines et des révolutions arabes » 

Pourquoi aborder ces thèmes aujourd’hui alors que les processus révolutionnaires dans les pays arabes sont en recul et que le bilan actuel des gouvernements progressistes en Amérique latine peut sembler être un échec ? 

vendredi 5 mai 2017

Lettre de Marwan Barghouthi, parlementaire et dirigeant palestinien incarcéré, à ses collègues parlementaires du monde entier, à propos de la grève de la faim pour la « Liberté et Dignité »

Depuis le 25 Avril des milliers de prisonniers palestiniens font la grève de la faim pour obtenir que soient respectés les droits prévus par le droit international et en particulier la convention de Geneve. : 

- la fin du recours à la torture et autres formes de mauvais traitements ;
- des conditions améliorées de visites de familles ; 
- la fin de leur détention en Israël et non dans les territoires occupés, comme l’exige la Quatrième Convention de Genève, avec pour conséquence des obstacles multiples aux visites de familles ; 
- l’abandon de la détention administrative, régime de détention sans charges et sans jugement auquel sont soumis aujourd’hui environ 500 prisonniers palestiniens, parfois depuis plusieurs années ; 
- des soins de santé adaptés, alors que des négligences délibérées dans ce domaine conduisent à la détérioration de l’état de santé de nombreux prisonniers, voire à leur mort. 

mardi 2 mai 2017

Quelques réflexions à propos d'un premier tour, par Gustave Massiah

Les résultats du premier tour achèvent provisoirement une campagne électorale étonnante marquée par des rebondissements inattendus. Il n’est pas inintéressant d’en tirer quelques leçons. En tenant compte du contexte sur la situation politique en France, la crise européenne accentuée par le Brexit, la situation internationale marquée par l’élection de Trump. 

La colère et le « ras-le-bol » traduisent en fait un profond désir de renouvellement. Le rejet des partis de gouvernement, particulièrement le PS et les Républicains, s’est traduit par un véritable jeu de quilles qui a fait tomber successivement : Hollande, Sarkozy, Juppé, Valls, Fillon. 

Pour beaucoup, il s’agissait avec un bulletin de vote, abstention comprise, de répondre à trois questions : quel serait le moins mauvais président ou le moins mauvais programme ? comment faire barrage au Front national ? comment le mieux préparer la suite pour une recomposition de la gauche ?

mardi 18 avril 2017

Triste fin de mandat pour François Hollande !, par Henri Mermé

Encore quelques jours et ce sera la fin d’un quinquennat marqué sous le signe du renoncement, dans tous les domaines, aux engagements pris au moment de son élection. 

Pour ce qui est du nucléaire le seul un peu précis était la fermeture de la centrale de Fessenheim dont on peut douter de la réalisation malgré un vote récent en sa faveur du CA d’EDF. En effet celle-ci est désormais fixée à l'horizon 2018 à la mise en service prévue de l'EPR de Flamanville dans la Manche, d’autant qu’au-delà de toutes les critiques de fond à faire à ce projet il est en train de battre les records pour les retards par rapport aux prévisions. 

Pour ce qui est de la perspective de réduire la part du nucléaire dans la production électrique à 50 % , ce qui impliquait la fermeture « progressive » de 24 réacteurs (sur 58) et l’arrêt « immédiat » de Fessenheim, il est fort à craindre que ce soit remis aux calendes grecques…sauf bonne surprise de l’élection d’un candidat réellement antinucléaire. 

vendredi 24 mars 2017

Le cas des révolutions indo-afro-latino-américaines et des révolutions arabes , séminaire samedi 10 juin

Le séminaire de réflexion et de débat initialement prévu le dimanche 19 mars prochain, de 9h30 à 17h, au Maltais Rouge, 40 rue de Malte 75011 Paris, aura lieu le samedi 10 juin. 

Notez bien cette date sur vos calendriers

En débat : "L'autogestion et les processus révolutionnaires de notre temps : le cas des révolutions indo-afro-latino-américaines et des révolutions arabes" 

Déroulement de la journée 

jeudi 23 mars 2017

André Tosel, penseur de l'émancipation humaine et sociale, par Bruno Della Sudda et Romain Testoris

Une voix s’est éteinte, fraternelle et rigoureuse, que nous nous n’oublierons pas : André Tosel, philosophe marxiste, sous réserve d’une mise en discussion de ces deux termes, comme il l’a fait lui-même, nous a quittés. 

Ces lignes n’ont pas pour objet de retracer sa carrière universitaire ni son parcours militant, mais simplement de dire combien nous a marqués l’activité de pensée d’un philosophe militant, d’un militant philosophe, pour qui l’œuvre de Marx et d’Engels a été un point d’appui pour la réflexion personnelle, une ouverture vers d’autres univers de pensée, un ancrage dans la fidélité à la révolution émancipatrice. 

Outré par le sectarisme et l’opportunisme mêlés de la direction du PCF en ce temps-là, André Tosel quitta le PCF et participa à la campagne Juquin à l'élection présidentielle de 1988. Sombres furent les années 80 et la première moitié des années 90, années de défaites sociales et de débâcle théorique. 

Mais André Tosel, résistant à l’air du temps et retourné au PCF en 2012 au moment de l'émergence du Front de Gauche, approfondit sa réflexion sur deux points : la crise du marxisme, et les ravages de la mondialisation ultralibérale. 

mercredi 22 mars 2017

"Problèmes Théoriques de l'Autogestion", par Henri Lefebvre (1966)

Il y a cinquante ans paraissait le Cahier n°1 de la revue Autogestion, daté très précisément de décembre 1966. La présente note de blog revient sur ce lancement. Sa seconde partie publie la première partie l’article central intitulé « problèmes théoriques de l’autogestion ». 

L’utilité de republier l’article de lancement de la revue Autogestion 

Ce cahier rend d’abord un hommage à Georges Gurvitch avec la publication d’extraits de ses écrits traitant de l’autogestion, dont la très marquante « déclaration des droits sociaux » (1). 

Jean Duvignaud, dans son avant-propos aux extraits, cite longuement un témoignage du philosophe et sociologue d’origine russe sur la formation des soviets dès le gouvernement Kerenski : Gurvitch, à 26 ans, s’était impliqué dans leur création dans les usines d’armement de ce qui s’appelait en 1917 Petrograd.Il s’opposa à leur suppression en 1920, suppression argumentée par Trotski alors en charge de la contre-offensive sur les terres polonaises, biélorusses et ukrainiennes, objectifs d’augmentations de productivité et d’approvisionnement de l’Armée rouge face aux « Blancs » suréquipés obligent. 

mardi 21 mars 2017

L'union Européenne contre les Peuples ? Débat au Maltais Rouge vendredi 24 mars

Débat à l’initiative de l’association des Amis de Tribune Socialiste (journal du PSU) le vendredi 24 mars à partir de 19 heures au Maltais Rouge, 40, rue de Malte - 75011 PARIS - Métro Oberkampf, République, Filles du Calvaire (entrée par le porche) 

En 1973 Michel Rocard et deux autres membres du Bureau national du PSU faisaient paraître un ouvrage au titre provocateur, “le Marché Commun contre l’Europe”, décrivant une construction européenne qui visait à favoriser le développement d’un capitalisme libéral à l‘encontre de l’intérêt des peuples. 

Plus de quarante ans après, on peut se demander dans quelle mesure cette analyse s’est révélée pertinente et si elle reste d’actualité ? 

mercredi 15 mars 2017

Etat fort et exclusion, par Michel Fiant (janvier 1996)


En Europe, depuis la crise de 2008, il est impossible de ne pas se poser la question de la résilience du capitalisme, singulièrement depuis Lisbonne, Athènes ou Dublin... Quels secteurs échappent encore aux quelques centaines de transnationales qui - au-delà et en deçà de la financiarisation - gèrent en oligopoles les quatre à cinq grandes zones planétaires de mise en cohérence de la production des biens et des services ? 

"L'uberisation" des services comme l'intégration robotique de nouveaux cycles de transformation des matières ne manquent pas d'être invoquées comme menaces et dissociation entre une minorité de femmes et d'hommes "inséré.e.s" et une majorité croissante "d'excédentaires". En réalité, les facultés de coopération dans le travail se sont déployées au point où une déprolétarisation radicale de l'humanité paraît possible à l'échéance de quelques générations. 

Le retard politique, d'appréhension des réels et des possibles, handicape le présent : les intérêts politiciens, de "cohérence du discours" et de la carrière sont plus prégnants que jamais, jusque dans les mouvements politico-sociaux majeurs, en Espagne, en France…  La vulgate anti-libérale prompte à réinventer le chevènementisme oublie un trait majeur du moment et de la période : la mondialisation de "l'économie de marché" a comporté bien avant Bretton Woods la mondialisation de l'État-nation. 

L'appel à l'État contre le marché a une pertinence, elle ne peut pas s'abstraire des transformations politiques en développement dans un monde où le salariat mis en relation par le marché est passé en trente ans d'un milliard 1/2 d'individus à plus de trois milliards. 

mardi 7 mars 2017

L'autogestion, moyen, chemin et but pour penser l'émancipation scolaire, par Florence Ciaravola, Bruno Della Sudda, Christophe Lemasson*

« Une éducation du peuple par l’Etat est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes exigées du personnel enseignant, les disciplines enseignées etc et-comme cela se fait aux Etats-Unis- faire surveiller par les inspecteurs d’Etat l’exécution de ces prescriptions légales, voilà qui est tout à fait autre chose que de faire de l’Etat l’éducateur du peuple ! Bien au contraire il faut au même titre, refuser au gouvernement et à l’Eglise, toute influence sur l’Ecole… C’est au contraire l’Etat qui a besoin d’une éducation bien rude, administrée par le peuple. »

 
(K.Marx . Critique du programme de Gotha. 1875)

Penser aujourd’hui l’émancipation scolaire est une tâche complexe dans une période marquée sur le plan éducatif par deux phénomènes majeurs : une mutation d’ampleur au sein de l’appareil scolaire, une difficulté renouvelée pour les forces de transformation sociale, et plus précisément de la gauche politique radicale, d’élaboration d’un projet alternatif en matière éducative. 

samedi 4 mars 2017

Nouveaux défis pour l'altermondialisme, par Bruno Della Sudda et Guy Giani (août 2015)

Les conditions d’émergence, au tournant du siècle, de l’altermondialisme, ce mouvement des mouvements, sont décisives pour en saisir l’importance et la dynamique. 

Trois concomitances peuvent être relevées. En premier lieu, le mouvement surgit dans une phase d’internationalisation-globalisation du capital aussi importante que la première grande internationalisation du début du 20e siècle. 

La première appellation de mouvement antimondialisation (à l’occasion de la manifestation de Seattle en 1999) reflète bien ce lien. Le mouvement se construit d’abord en s’opposant. 

En second lieu, le mouvement se structure alors dans une phase de profonde transformation des sociétés capitalistes. Au centre, le capitalisme libéral se réfère de plus en plus à l’autonomie des salariés, fait appel à leur initiative, à leur créativité et à leur capacité de coopération (Boltanski et Chiapello, 1999). Les multinationales se structurent en réseaux planétaires. 

vendredi 3 mars 2017

Majorité introuvable aux législatives, par Gérard Fretelliere

Plusieurs des adhérent-es du Réseau animent des publications régulières sur le web. C'est le cas de Gérard Fretelliere, inlassable animateur de la gauche alternative à Sablé (Sarthe) à qui nous devons l'analyse ci-dessous.

Aujourd'hui, on ne sait pas qui gagnera l'élection présidentielle mais on a tout lieu de supposer qu'il (ou elle) se trouvera parmi l'un(e) des candidat(e)s suivant(e)s : François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon. 

Sachant que le pourcentage pour être présent au second tour peut être faible (15,58% en 1965) ou nettement plus élevé (21,28% en 1969) ; il s'agit du score du 3ème plus epsilon. La moyenne se situant entre 16,2% et 18,6%. 

Populisme : à l'origine d'un mot valise. Fragment de controverse, par Eugène Begoc

8,5 % des voix à l'élection présidentielle de 1892, 10% à l'élection de 1894 : le People Party ou Parti du Peuple des USA reste un exemple inégalé d'une protestation aboutie par les urnes. C'était dans les États-Unis de la deuxième révolution industrielle. 

Le moment politico-social 

L'oligarchie - que Jack London mettra en accusation en publiant en 1908 le Talon de fer - est alors en pleine ascension. Les financiers et les capitaines d'industrie bénéficient toujours des effets démultiplicateurs des budgets de la guerre de Sécession et des reconstructions consécutives. Les conseils d'administration qui président à la construction des chemins de fer se font octroyer de larges bandes foncières de part et d'autre des tracés qu'ils négocient. 

Spéculation et corruption adhèrent de toutes parts à un formidable développement de la grande industrie, de la mécanisation agricole et des métropoles urbaines. Les Républicains abolitionnistes règlementent timidement les conglomérats industriels ; ils tentent, également timidement, de contraindre les États du sud et le Parti Démocrate à lever leurs veto au droit de vote des anciens esclaves. 

dimanche 26 février 2017

Israël au TPI de la Haye, maintenant, par Michel Warschawski

"L’Etat d’Israël a fait sien le droit international, et celui-ci interdit à tout État qui a adopté le droit international, d’appliquer ses lois sur des territoires qui ne font pas partie de sa souveraineté. S’il le fait quand même […] il apparaît comme un État d’apartheid, ce que nous ne sommes pas. Il n’y a aucune ambiguïté : Israël n’a tout simplement pas le droit d’appliquer des lois de la Knesset sur des territoires qui ne font pas partie de sa souveraineté.

Cette citation n’est pas de Gideon Levi ou de la députée de la Liste [arabe] Unifiée, Haneen Zoabi, mais de Reuven Rivlin, Président de l’État d’Israël. Ce ne sera pas la première fois que cet ultra-nationaliste qui vient de l’aile droite du Likoud, se sent obligé de faire la morale à Benjamin Netanyahou, et de lui rappeler et le droit et le bon sens. 

mardi 21 février 2017

Actualité de Pierre Naville : "Questions à l'autogestion" (Tribune Socialiste septembre 1979)

Dans un précédant article publié le 21 décembre 2016 nous avons, dans une courte biographie, rappelé l’importance qu’a pu avoir Pierre Naville dans l’histoire intellectuelle et militante de la gauche tant par ses écrits théoriques que par sa participation aux activités des organisations politiques auxquelles il a participé des premiers groupes trotskystes avant-guerre au PSU. 

L’institut Tribune Socialiste après avoir organisé le 11 janvier 2017 une réunion sur l’ouvrage de Pierre Cuenot Pierre Naville et le PSU (1960-1990) vient de mettre sur son site un article de Pierre initialement publié dans Tribune Socialiste de septembre octobre 1979 sur la perspective autogestionnaire. Avec l’autorisation d’ITS nous le publions également sur notre site. 

Pierre Naville a joué pendant une bonne partie du XX° siècle et dès les années 20 un rôle considérable dans l’histoire des idées, du surréalisme au marxisme non stalinien. Il a été avec Georges Friedman à l’origine de la sociologie du travail. 

Dans le cadre des réunions mensuelles des jeudis des éditions Syllepse une réunion le 2 mars sera consacrée à la réédition de l’ouvrage « Vers l’automatisme social ? ». 

vendredi 17 février 2017

L'élection présidentielle est-elle compatible avec la démocratie ?, par Guy Giani*

En Janvier 2003, les Amis de Tribune Socialiste rendaient compte d’un de leurs échanges sous le titre « Faut-il un président ? »(1). Treize ans plus tard et un an avant la Présidentielle de 2017 qui focalise déjà les appareils et les entrepreneurs politiques, le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie et le féminisme (2) a choisi d’organiser son premier débat public le 2 avril 2016 sur le thème « L’élection présidentielle est-elle compatible avec la démocratie ? ». 

Même si le second titre peut être considéré comme plus explicite que le premier, on devine une préoccupation commune à 13 ans de distance. Il n’est pas certain que la gauche de gauche ait fréquemment porté cette préoccupation durant les campagnes présidentielles des décennies passées. Moins encore le Parti communiste français. 

Si le courant autogestionnaire et, plus généralement, les différentes organisations d’extrême gauche ont été sensibles à la critique des institutions après 1968, l’élection présidentielle modèle Ve République a rarement été analysée comme un dispositif aliénant et légitimant la démocratie du capital. 

mercredi 15 février 2017

Renverser l'ordre présidentiel ! Une nécessité pour ouvrir des potentialités de pouvoir populaire et citoyen, par Arthur Leduc*

La question posée à l'occasion de cette réunion débat (1) nous invite à ne pas aborder l’élection présidentielle sous l’angle de la conjoncture politique immédiate mais bien plutôt dans une perspective stratégique. 

Je souhaite dans un premier temps la traiter en partant des acquis politiques des Alternatifs, un « parti-mouvement » ayant pour référence principale l’autogestion, qui s’est auto-dépassé récemment dans la construction du mouvement Ensemble ! et duquel émane le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie, le féminisme. 

Je n’ai bien entendu ici aucune prétention à l’exhaustivité vis-à-vis des élaborations politiques des Alternatifs. Je me baserai donc sur quelques textes qui me semblent pertinents pour aborder cette question dans une perspective stratégique. 

Subvertir la règle du jeu, par Pierre Zarka*

En quoi la question de la démocratisation de la présidentielle n’est-elle pas intemporelle ? 

Les militants attachés à une alternative au capitalisme sont confrontés à un verrou. Nous sommes habitués à dissocier le court et le long terme comme deux phénomènes totalement distincts. Mais est-on sûr qu’une vision du long terme soit sans effet sur les comportements du court terme ? 

Même lorsqu’une volonté anticapitaliste est affichée, la vie politique tourne davantage autour d’un pragmatisme qui enferme de fait dans l’adaptation au système plus que dans sa subversion. Rarement ce que l’on appelle par euphémisme adaptabilité n’aura autant été présenté comme une vertu. 

Les échecs des grands récits en «isme» du XXe siècle nous lèguent une frilosité à l’égard non seulement des concepts et des tentatives de mise en cohérence mais à l’égard du principe même d’oser rêver autre chose, de se projeter au-delà de l’horizon du capitalisme. 

Présidentielle et Démocratie, par Marie-Christine Vergiat*

L'élection présidentielle est une élection majeure dans le système politique français, celle à laquelle le plus grand nombre de nos concitoyens participe, du moins jusqu’à présent. Pour savoir si elle est compatible avec la démocratie, il faut d’abord regarder dans quel cadre institutionnel elle a lieu. 

Et pour cela, il faut prendre en compte plusieurs temps : 

➣Celui des élections elles-mêmes : présidentielle, puis législatives en 2017 ; 

➣ Celui du changement constitutionnel ; 

➣ Enfin celui du projet politique. 

Vers un nouveau cycle de l'altermondialisme, par Gus Massiah

Je vous propose quelques réflexions personnelles sur le passage à un nouveau cycle de l’altermondialisme qui interpelle les forums sociaux mondiaux et leur avenir. 

La définition que nous retenions de l’altermondialisme est celle d’un mouvement historique d’émancipation qui prolonge et renouvelle les mouvements historiques précédents ; le mouvement ouvrier, le mouvement paysan, le mouvement de la décolonisation, … Ce mouvement commence à la fin des années 1970 avec une nouvelle phase de la mondialisation capitaliste, celle du néolibéralisme et de la financiarisation. 

Il a déjà connu plusieurs phases : au départ, la phase de reprise en main après la décolonisation, avec l’imposition des plans d’ajustement structurel et l’arme de la dette ; la phase de la contestation des institutions internationales de la financiarisation à partir des mobilisations mondiales contre le G7 et le G20, le FMI, la Banque Mondiale, et l’OMC ; la phase actuelle qui commence en 2000 est celle des forums sociaux mondiaux, c’est celle qui est en voie d’épuisement. 

lundi 13 février 2017

Un changement de période ? Stratégie des mouvements et projet d’émancipation, par Gustave Massiah

Nous sommes dans une période de grands bouleversements et de très fortes incertitudes. Nous vivons probablement un changement de période dans lequel se crispent les anciennes tendances et s’amorcent de nouvelles. La citation de Gramsci est d’une grande actualité « le vieux monde se meurt ; le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Il faut à la fois lutter contre les monstres et construire le nouveau monde. Il n’y a pas de fatalité, ni dans le succès, ni dans l’échec.

La situation mondiale semble désespérante

 
De 2008 à 2015 s’ouvre une nouvelle séquence dans l’histoire longue de la situation mondiale. Depuis 2011, des mouvements massifs, quasi insurrectionnels, témoignent de l’exaspération des peuples. Les révoltes des peuples répondent à la crise structurelle officiellement admise depuis 2008. Elles confirment l’épuisement de cette phase de la mondialisation capitaliste. 

Le Papier Mâché, un restaurant-librairie autogéré (1978-1985) – Christian Vaillant – Editions Repas (2016), par Bruno Della Sudda

Dans ce petit livre très vivant, l’auteur – qui fut l’un des principaux animateurs du Papier mâché dans le Vieux-Nice de 1978 à 1985 et le seul à y avoir été salarié de manière continue tout au long de cette expérience – insiste à juste titre sur le contexte local et national, et le lien entre le projet du Papier mâché avec les aspirations radicales de l’après-68 à vivre autrement, à mettre en pratique les principes d’autogestion, y compris dans la vie quotidienne avec le phénomène communautaire, élément-clé de la contre-culture des années 1960 et 1970 mais très largement ignoré dans le discours habituel de la gauche radicale elle-même sur l’après-68. 

Le projet du Papier mâché – dont l’auteur est l’un des concepteurs – se veut « lieu d’animation et d’échanges, de réflexion et de convivialité de toute la mouvance d’extrême-gauche mais aussi de la population en général ».