dimanche 26 février 2017

Israël au TPI de la Haye, maintenant, par Michel Warschawski

"L’Etat d’Israël a fait sien le droit international, et celui-ci interdit à tout État qui a adopté le droit international, d’appliquer ses lois sur des territoires qui ne font pas partie de sa souveraineté. S’il le fait quand même […] il apparaît comme un État d’apartheid, ce que nous ne sommes pas. Il n’y a aucune ambiguïté : Israël n’a tout simplement pas le droit d’appliquer des lois de la Knesset sur des territoires qui ne font pas partie de sa souveraineté.

Cette citation n’est pas de Gideon Levi ou de la députée de la Liste [arabe] Unifiée, Haneen Zoabi, mais de Reuven Rivlin, Président de l’État d’Israël. Ce ne sera pas la première fois que cet ultra-nationaliste qui vient de l’aile droite du Likoud, se sent obligé de faire la morale à Benjamin Netanyahou, et de lui rappeler et le droit et le bon sens. 

mardi 21 février 2017

Actualité de Pierre Naville : "Questions à l'autogestion" (Tribune Socialiste septembre 1979)

Dans un précédant article publié le 21 décembre 2016 nous avons, dans une courte biographie, rappelé l’importance qu’a pu avoir Pierre Naville dans l’histoire intellectuelle et militante de la gauche tant par ses écrits théoriques que par sa participation aux activités des organisations politiques auxquelles il a participé des premiers groupes trotskystes avant-guerre au PSU. 

L’institut Tribune Socialiste après avoir organisé le 11 janvier 2017 une réunion sur l’ouvrage de Pierre Cuenot Pierre Naville et le PSU (1960-1990) vient de mettre sur son site un article de Pierre initialement publié dans Tribune Socialiste de septembre octobre 1979 sur la perspective autogestionnaire. Avec l’autorisation d’ITS nous le publions également sur notre site. 

Pierre Naville a joué pendant une bonne partie du XX° siècle et dès les années 20 un rôle considérable dans l’histoire des idées, du surréalisme au marxisme non stalinien. Il a été avec Georges Friedman à l’origine de la sociologie du travail. 

Dans le cadre des réunions mensuelles des jeudis des éditions Syllepse une réunion le 2 mars sera consacrée à la réédition de l’ouvrage « Vers l’automatisme social ? ». 

vendredi 17 février 2017

L'élection présidentielle est-elle compatible avec la démocratie ?, par Guy Giani*

En Janvier 2003, les Amis de Tribune Socialiste rendaient compte d’un de leurs échanges sous le titre « Faut-il un président ? »(1). Treize ans plus tard et un an avant la Présidentielle de 2017 qui focalise déjà les appareils et les entrepreneurs politiques, le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie et le féminisme (2) a choisi d’organiser son premier débat public le 2 avril 2016 sur le thème « L’élection présidentielle est-elle compatible avec la démocratie ? ». 

Même si le second titre peut être considéré comme plus explicite que le premier, on devine une préoccupation commune à 13 ans de distance. Il n’est pas certain que la gauche de gauche ait fréquemment porté cette préoccupation durant les campagnes présidentielles des décennies passées. Moins encore le Parti communiste français. 

Si le courant autogestionnaire et, plus généralement, les différentes organisations d’extrême gauche ont été sensibles à la critique des institutions après 1968, l’élection présidentielle modèle Ve République a rarement été analysée comme un dispositif aliénant et légitimant la démocratie du capital. 

mercredi 15 février 2017

Renverser l'ordre présidentiel ! Une nécessité pour ouvrir des potentialités de pouvoir populaire et citoyen, par Arthur Leduc*

La question posée à l'occasion de cette réunion débat (1) nous invite à ne pas aborder l’élection présidentielle sous l’angle de la conjoncture politique immédiate mais bien plutôt dans une perspective stratégique. 

Je souhaite dans un premier temps la traiter en partant des acquis politiques des Alternatifs, un « parti-mouvement » ayant pour référence principale l’autogestion, qui s’est auto-dépassé récemment dans la construction du mouvement Ensemble ! et duquel émane le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie, le féminisme. 

Je n’ai bien entendu ici aucune prétention à l’exhaustivité vis-à-vis des élaborations politiques des Alternatifs. Je me baserai donc sur quelques textes qui me semblent pertinents pour aborder cette question dans une perspective stratégique. 

Subvertir la règle du jeu, par Pierre Zarka*

En quoi la question de la démocratisation de la présidentielle n’est-elle pas intemporelle ? 

Les militants attachés à une alternative au capitalisme sont confrontés à un verrou. Nous sommes habitués à dissocier le court et le long terme comme deux phénomènes totalement distincts. Mais est-on sûr qu’une vision du long terme soit sans effet sur les comportements du court terme ? 

Même lorsqu’une volonté anticapitaliste est affichée, la vie politique tourne davantage autour d’un pragmatisme qui enferme de fait dans l’adaptation au système plus que dans sa subversion. Rarement ce que l’on appelle par euphémisme adaptabilité n’aura autant été présenté comme une vertu. 

Les échecs des grands récits en «isme» du XXe siècle nous lèguent une frilosité à l’égard non seulement des concepts et des tentatives de mise en cohérence mais à l’égard du principe même d’oser rêver autre chose, de se projeter au-delà de l’horizon du capitalisme. 

Présidentielle et Démocratie, par Marie-Christine Vergiat*

L'élection présidentielle est une élection majeure dans le système politique français, celle à laquelle le plus grand nombre de nos concitoyens participe, du moins jusqu’à présent. Pour savoir si elle est compatible avec la démocratie, il faut d’abord regarder dans quel cadre institutionnel elle a lieu. 

Et pour cela, il faut prendre en compte plusieurs temps : 

➣Celui des élections elles-mêmes : présidentielle, puis législatives en 2017 ; 

➣ Celui du changement constitutionnel ; 

➣ Enfin celui du projet politique. 

Vers un nouveau cycle de l'altermondialisme, par Gus Massiah

Je vous propose quelques réflexions personnelles sur le passage à un nouveau cycle de l’altermondialisme qui interpelle les forums sociaux mondiaux et leur avenir. 

La définition que nous retenions de l’altermondialisme est celle d’un mouvement historique d’émancipation qui prolonge et renouvelle les mouvements historiques précédents ; le mouvement ouvrier, le mouvement paysan, le mouvement de la décolonisation, … Ce mouvement commence à la fin des années 1970 avec une nouvelle phase de la mondialisation capitaliste, celle du néolibéralisme et de la financiarisation. 

Il a déjà connu plusieurs phases : au départ, la phase de reprise en main après la décolonisation, avec l’imposition des plans d’ajustement structurel et l’arme de la dette ; la phase de la contestation des institutions internationales de la financiarisation à partir des mobilisations mondiales contre le G7 et le G20, le FMI, la Banque Mondiale, et l’OMC ; la phase actuelle qui commence en 2000 est celle des forums sociaux mondiaux, c’est celle qui est en voie d’épuisement. 

lundi 13 février 2017

Un changement de période ? Stratégie des mouvements et projet d’émancipation, par Gustave Massiah

Nous sommes dans une période de grands bouleversements et de très fortes incertitudes. Nous vivons probablement un changement de période dans lequel se crispent les anciennes tendances et s’amorcent de nouvelles. La citation de Gramsci est d’une grande actualité « le vieux monde se meurt ; le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Il faut à la fois lutter contre les monstres et construire le nouveau monde. Il n’y a pas de fatalité, ni dans le succès, ni dans l’échec.

La situation mondiale semble désespérante

 
De 2008 à 2015 s’ouvre une nouvelle séquence dans l’histoire longue de la situation mondiale. Depuis 2011, des mouvements massifs, quasi insurrectionnels, témoignent de l’exaspération des peuples. Les révoltes des peuples répondent à la crise structurelle officiellement admise depuis 2008. Elles confirment l’épuisement de cette phase de la mondialisation capitaliste. 

Le Papier Mâché, un restaurant-librairie autogéré (1978-1985) – Christian Vaillant – Editions Repas (2016), par Bruno Della Sudda

Dans ce petit livre très vivant, l’auteur – qui fut l’un des principaux animateurs du Papier mâché dans le Vieux-Nice de 1978 à 1985 et le seul à y avoir été salarié de manière continue tout au long de cette expérience – insiste à juste titre sur le contexte local et national, et le lien entre le projet du Papier mâché avec les aspirations radicales de l’après-68 à vivre autrement, à mettre en pratique les principes d’autogestion, y compris dans la vie quotidienne avec le phénomène communautaire, élément-clé de la contre-culture des années 1960 et 1970 mais très largement ignoré dans le discours habituel de la gauche radicale elle-même sur l’après-68. 

Le projet du Papier mâché – dont l’auteur est l’un des concepteurs – se veut « lieu d’animation et d’échanges, de réflexion et de convivialité de toute la mouvance d’extrême-gauche mais aussi de la population en général ».

dimanche 12 février 2017

Le Papier Mâché, un restaurant-librairie autogéré (1978-1985), en débat à la librairie Masséna à Nice le 22 février à 19h

De 1978 à 1985, à Nice, un collectif a autogéré un lieu qui regroupait un restaurant et une librairie, mais aussi une salle de spectacle, un lieu de réunions, une salle d’exposition… Un des membres du collectif en propose un récit.

Ce livre raconte l’histoire d’un collectif créateur d’un lieu autogéré, d’activités multiples (librairie, restaurant, salle de réunions, cinéma, théâtre, lieu d’expositions…), à Nice de 1978 à 1985. L’essentiel du livre est consacré à la description de la naissance du projet et du collectif, aux activités qui ont été mises en œuvre pendant sept ans et au mode de fonctionnement du collectif. Il a paru important d’y ajouter des éléments de contexte de la société française des années 1970, et aussi plus anciens, dont le Papier mâché paraît être à la fois la conséquence et l’illustration.

Ce que structure le mode de scrutin présidentiel, par Eugène Begoc

Il y eut l'élection de 1965 - de Gaulle tout juste mis en ballotage - et l'élection de 1969, dont le second tour opposa deux droites :bien avant le 21 avril 2002, le scrutin présidentielzoomait sur les failles des gauches. 

En 2017, l’éclairage est particulièrement éprouvant : une des gauches les plus bêtes au monde se démet au profit d’une droite qui ne l’est pas moins dans une architecture constitutionnel et un mode de scrutin sans équivalent dans le continent. 

Tant bien que mal, le vote unipersonnel à deux tours favorise une confrontation de premier tour disposée sur quatre cases : deux à droite, deux à gauche. Pour de Gaulle il s'agissait d'installer un nationalisme modéré entre les droites atlantistes et poujadistes ; le PC réunissant une voix sur cinq, il s’agissait également de préserver le bloc qui le concurrençait à gauche, la SFIO et les autres partis de la troisième voie que le bellicisme en Algérie avait discrédités. 

lundi 6 février 2017

Le social-libéralisme est-il social(iste) ? Compte-rendu du débat des Amis de Tribune Socialiste le 14 octobre 2016, par Jacques Pigaillem

De la social-démocratie au social-libéralisme (Bernard Ravenel) 

On peut remonter à John Stuart Mill, économiste et philosophe anglais du 19è, espérant concilier libéralisme économique (dont il est le chantre) et justice sociale. Son instauration naît des crises du modèle social-démocrate. 

Suite à la crise de 1929, la social-démocratie avait intégré un keynésianisme fondé sur l’accumulation et la croissance, conjuguées à une répartition plus égalitaire de leurs fruits. 

En 1945, grâce à un rapport de forces favorable, le monde du travail impose l'Etat social ou l'Etat providence (Welfare state). Ce modèle réussit à assurer le plein-emploi et la hausse des salaires, à instaurer des droits sociaux (la Sécu!) et un pouvoir syndical. Il y a un certain équilibre entre croissance du capital (modèle tayloriste-fordiste) et croissance du travail.