Dans le passé, des mouvements populaires ont mis en avant la nécessité d’un changement de système, ce qui a amélioré la vie de millions de personnes, en particulier la majorité des peuples marginalisés. Par exemple, les mouvements ouvriers, féministes, de justice sociale, de lutte contre l’esclavage et le racisme, de libération, de paix, de jeunesse, environnementaux, écologiques, paysans et indigènes ont souvent réussi, grâce à leurs luttes, à changer l’histoire.
Aujourd’hui, nous devons unir nos forces pour forger un mouvement encore plus fort, car au-delà des vieux problèmes causés par les relations néfastes entre l’homme et la nature, le capitalisme, le patriarcat, le racisme et le colonialisme, nous sommes confrontés à des défis encore plus importants.
Les crises profondes et multiformes d’aujourd’hui se caractérisent par une concentration extrême des richesses et du pouvoir, la précarité du travail et des moyens de subsistance, les défaillances du système de santé publique, les réponses autoritaires et souvent militaristes à la pandémie de Covid et la manipulation par les anciennes et les nouvelles technologies de l’information.
Les solutions ne peuvent être trouvées et mises en œuvre qu’en articulant les différents niveaux d’action régionaux et territoriaux, de la base jusqu’au niveau mondial. Les changements doivent venir de la base, soutenus par les personnes et leurs organisations.
Dans ce contexte, nous devons réaliser que toutes les différentes domaines thématiques de spécialisation sont interconnectés : la paix ne peut être obtenue sans la protection de l’environnement et les relations économiques ne peuvent être restaurées sans justice sociale ; l’environnement ne peut être préservé sans un changement radical de l’imaginaire social et la paix ne peut être obtenue sans la justice sociale et la transformation de notre système monétaire. Dans le cas contraire, le pouvoir unilatéral et la recherche du profit nuiraient aux intérêts de tou.te.s.
C’est pourquoi nous nous sommes engagé.e.s à construire un vaste mouvement de transition sociale, écologique, économique et politique avec une égalité intersectionnelle, en reconnaissant les droits de la Terre, de la nature et la démocratie participative et communautaire comme valeurs fondamentales.
En liant les différentes initiatives entre elles, nous voulons répondre aux préoccupations des gens dans leurs vie quotidienne afin d’éviter que l’humanité ne soit dévastée par les guerres, la faim et les catastrophes écologiques.
Les initiatives locales dans les communautés rurales et urbaines qui permettent aux populations locales de prendre le contrôle de la terre, du logement et d’autres ressources sont importantes. Cela permet d’accéder à un « buen vivir », une bonne vie. Ces initiatives sont la souveraineté alimentaire et l’agroécologie, l’aide mutuelle en temps de crise et dans un avenir meilleur, tant dans les campagnes que dans les villes en construisant des formes de coopération économique démocratiques pour renforcer les économies locales.
Pour y parvenir, les mouvements participant au Forum social mondial 2021 ont décidé d’établir, pour l’avenir, un AGENDA MONDIAL D’ACTIONS COMMUNES, en commençant par des mobilisations à la fin du mois d’avril et dans les premières semaines de mai, exigeant un désarmement universel pour la justice sociale et une transition écologique :
Un cessez-le-feu universel dans tous les conflits militaires, une réduction radicale de toutes les dépenses militaires, un désarmement nucléaire général et une réduction radicale de la forte consommation d’énergie par habitant.
La protection de la vie partout dans le monde par le libre accès aux vaccins et aux médicaments contre le Covid-19 ainsi que par des services de santé égaux et de qualité pour tou.te.s. Luttons contre les droits de brevet des entreprises qui conduisent à une sorte d’apartheid sanitaire et promouvons des solutions communautaires à la pandémie; ainsi que la protection de la faune et de la flore pour prévenir l’apparition de nouveaux virus et de futures pandémies.
Mettre fin à l’austérité, en particulier à la diminution des services publics, de la sécurité sociale et de l’aide sociale, et abolir les dettes illégitimes, privées et publiques, dans le Sud global comme dans le Nord global !
Mettre fin à la marchandisation des biens communs, de l’eau, des animaux, des plantes, des aliments, des nappes phréatiques, des bois, des rivières, des lacs, des plages, des minéraux, mais aussi des conditions de travail, de l’éducation, de la santé, de la culture et de la nature !
L’économie doit répondre aux besoins légitimes des individus et non au profit. Donc : non aux accords de libre-échange injustes.
Promouvoir une économie transformatrice, un commerce équitable et des accords internationaux mutuellement bénéfiques au lieu de régimes de rachat et d’investissement dits de « libre-échange » qui profitent aux investisseurs et aux pays riches.
Non à l’incitation aux peurs identitaires nationalistes et à la prolifération des discours de haine, racistes ou xénophobes, et contre l’imaginaire des boucs émissaires qui a conduit à un nouveau scénario de guerre froide !
Non aux sanctions en tant qu’outil économique pour des actions militaires.
Stop à la répression par les Etats et les milices privées des mouvements sociaux et des défenseurs du territoire, de la nature et des droits humains, dans le respect du droit démocratique à la dissidence pacifique.
Condamner et demander la justice pour les meurtres de militants des organisations environnementales et des droits humains.
Promouvoir la démocratie écologique et la participation à la communauté, ainsi que le droit à l’autodétermination de tous les peuples, y compris l’autonomisation globale, par exemple en développant une alimentation basée sur la souveraineté et l’agroécologie, en particulier des communautés indigènes, des femmes et de tous les peuples opprimés !
Accorder une attention et un soutien particuliers aux migrant.e.s en créant des villes sanctuaires partout dans le monde et des commissions spéciales au niveau régional pour protéger leur droit à la mobilité.
Démocratiser les espaces pour la science et la recherche technique, l’expression culturelle dans les arts, les sciences et les soins de santé traditionnels, y compris l’abolition des régimes de propriété intellectuelle et de brevets.
Créer une transition sociale et écologique en rendant digne la vie des petits agriculteurs, des artisans et des travailleurs industriels, en établissant une relation mutuellement bénéfique entre les économies rurales et urbaines.
Développer et exploiter des technologies durables d’énergie renouvelable dans le cadre d’une gouvernance démocratique.
Nous plaidons pour le droit de tous les peuples à la souveraineté et à l’autodétermination, en particulier du peuple sahraoui et du peuple palestinien. Nous avons besoin de toute urgence d’un droit international sur la chaîne d’approvisionnement qui oblige les multinationales à appliquer le droit du travail et les normes sociales et écologiques.
Une solidarité totale avec les militants qui font face à la répression partout, à l’Ouest et à l’Est, au Nord et au Sud !
Nous voulons en particulier suggérer à tous les mouvements participant au Forum social mondial 2021 et à tous les autres dans le monde de former une période d’action pour la paix, la justice sociale et écologique et la transition, du 17 avril au 1er mai.
- 17 avril – Journée internationale des luttes paysannes
- 22 avril – Journée internationale de la Terre nourricière 26 avril – Journée internationale de Tchernobyl
- 30 avril – Journées mondiales d’action sur les dépenses militaires (GDAMS) incluant des manifestations internationales contre les bases militaires
- 1er mai – Fête internationale des travailleurs : Pour un travail socialement juste et digne
- Dans la tradition d’opposition au forum de Davos, nous demandons que le 15 mai soit une journée d’action pour la mobilisation universelle en faveur du droit à la santé et à la protection sociale afin de contrecarrer l’agenda néo-libéral du Forum économique mondial qui se tiendra du 25 au 28 mai à Singapour.
Nous suggérons également de continuer à conjuguer nos efforts à d’autres occasions telles que :
- 8 mars, Journée internationale des droits des femmes
- 7 avril – Journée mondiale de la santé
- 5 juin – Journée mondiale de l’environnement
- 6 août – Journée d’Hiroshima
- 28 septembre – Journée internationale de l’avortement sans risque
- 2 octobre – Journée internationale de la non-violence, anniversaire de Gandhi
- 7 octobre – Journée mondiale du travail décent
- 16 octobre – Journée de l’alimentation de l’ONU
- 20 novembre – Journée nationale de sensibilisation aux problèmes des noirs au Brésil
- 29 novembre – Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien
Outre les journées et les semaines d’action, nous nous engageons à construire ensemble des organisations et des réseaux qui poursuivent les causes communes exprimées dans cette déclaration.
Nous apprécions tout particulièrement la poursuite de la coordination en matière d’éducation populaire afin de soutenir le programme mondial d’action commune. Nous apprécions également des initiatives anciennes et nouvelles visant à converger à tous les niveaux, des quartiers locaux aux réseaux mondiaux. Nous sommes prêt.e.s à nous unir dans la diversité et à jouer le rôle historique que notre époque exige.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire