L'épisode neigeux de la semaine dernière dans le département de l'Hérault et notamment sur la Métropole de Montpellier démontre les faiblesses et dysfonctionnement de l’État et des collectivités territoriales.
Nous aurions pu vivre une véritable catastrophe si nous n’avions pas été en période de vacances scolaires et si le froid avait duré quelques jours de plus.
La préfecture porte une responsabilité écrasante en ne déclenchant l’alerte rouge que le mercredi à 20 h, puis la levant le lendemain matin dès 6h alors que des gens dormiront encore une nuit dans leurs voitures ou dans des centres d’hébergement.
Pourtant le préfet, de sa fenêtre, aurait pu constater dès mercredi 12 h que le centre ville était totalement impraticable pour les voitures (déjà une bonne dizaine de centimètres de neige...).
Cela a contribué en fin de journée à la pagaille sur le réseau routier, quand les gens ont cherché à rejoindre leur domicile, dans et hors métropole, alors que les routes déjà n’étaient plus du tout praticables ; le tout au motif qu’un hypothétique redoux était attendu pour la soirée du mercredi…
Et en l’absence d’alerte rouge le jeudi matin, certain-e-s ont dû reprendre leur voiture pour tenter de retourner travailler et de ne pas perdre une journée de salaire.
Sur le front des autoroutes la préfecture a été incapable de trouver des solutions pour dégager les axes routiers. Nous rappelons qu’en 1987 l’armée avait dégagé les poids lourds. Des forces en réserve, lors du Carnaval des Gueux, nous avons pu voir que la Préfecture en avait… y compris dans la Gendarmerie.
Le seul point positif a été que la Préfecture a été capable de mettre en place un numéro « public » de sa cellule de crise, mais ce numéro était… payant (même durant l'attente) !
On a aussi constaté que l’entreprise privée qu’est la société Vinci n’a pu gérer la situation de crise étant pourtant, paraît-il, l'un des fleurons des entreprises hexagonales. Incapable de bloquer ses entrées d'autoroute aux poids-lourds, incapable de prendre en charge les automobilistes en détresse dans leur voiture, bloqués sur l'autoroute. N’assurant aucune distribution d'eau, de couvertures… Si VINCI avait été une entreprise publique, sa privatisation aurait été exigée sur le champ par le gouvernement et ses laquais !
Quant à EDF il a fallu attendre samedi pour que l’électivité soit rétablie, et il est inquiétant de décompter le nombre de rues et de villages restés sans électricité.
La responsabilité de la municipalité n’est pas en reste. A se demander s’il y avait un maire à plein temps aux commandes, place Frêche mercredi et jeudi dernier ?
Si notre maire a su allumer les contre-feux pour se dédouaner de ses responsabilités dans les pages de Midi Libre, les Montpelliérain-e-s ont pu constater de visu que les élu-e-s de la municipalité de Montpellier ont très mal géré cette situation de crise. Le déneigement des cheminements piétons dans des zones fréquentées ou stratégiques, afin de faciliter le déplacement notamment des plus fragiles, a été bien loin d’être suffisant (voire inexistant dans certains quartiers).
Le Plan de Viabilité Hivernale de la ville de Montpellier a montré ses limites.
Certes ce genre d'épisode n'arrive pas souvent dans notre région mais ce type de crise se prépare néanmoins en amont. Gouverner ce n'est pas que choisir, c'est aussi prévoir.
Il ne s'agit pas d’acheter de coûteux chasse-neiges, mais à défaut d'un véritable partenariat avec l’Équipement, dont les effectifs et les moyens ne font que diminuer depuis plusieurs décennies, des conventions peuvent être passées avec des sociétés de Travaux Publics, comme cela se fait dans d'autres communes. Ces entreprises équipées peuvent alors débloquer les principaux accès de la ville, effectuer des salages, et pas uniquement en préventif comme l’a fait faire la municipalité.
Les écoles s'entraînent à des « intrusions terroristes » pourquoi ne pas envisager une répétition annuelle du schéma de crise en cas de neige ?
Mais en revanche il a été possible de constater que la SNCF, tant décriée ces derniers mois, s’en est plutôt bien sortie dans cette situation. Contrairement aux autoroutes, les voies n'ont pas été bloquées. Contrairement au bus, aux Trams, aux voitures, les TER et TGV ont globalement circulé dans la région, certes avec du retard mais l'on pouvait voyager. L'épisode neigeux a bien sûr affecté les équipements mais les services de la SNCF, les cheminots, au statut tant remis en cause, ont répondu présent et se sont mis à pied d’œuvre pour faire circuler les trains.
Un autre service public, celui de la radio, France Bleu a également très bien fonctionné, puisque la station a émis non-stop des informations en temps réel sur la situation.
Ce type de crise montre les fragilités de nos sociétés.
L'épisode neigeux que nous venons de vivre montre les conséquences néfastes des politiques libérales, des politiques d'austérité que nous subissons mais que nous dénonçons depuis des années.
Mais ces crises révèlent aussi ce qui, au final, fonctionne. Cet épisode, malgré les attaques, montre qu'il reste des Services Publics efficaces en France. Et que leurs agents, au statut tant critiqué, sont efficaces, attachés à leurs missions de Service public et qu’ils n’y travaillent pas par hasard. Ils l'ont prouvé une nouvelle fois.
Ce n'est pas le statut des cheminots qu'il faut supprimer, ce n'est pas la SNCF qu'il faut privatiser, mais ce sont les autoroutes qu'il faut renationaliser !
Site internet d'Ensemble!34
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