mercredi 30 mars 2022

Hommage à Edouard Ryckeboer


SALUT EDOUARD

Notre camarade et ami Edouard Ryckeboer s’est éteint au terme d’une maladie qui aura eu raison de sa résistance. C'est un sacré compagnon de lutte qui disparaît et avec lui un pan de notre histoire commune. Difficile de résumer en quelques phrases le parcours militant d’Edouard, parce que ce parcours, c’est une vie d’engagement. Engagement syndical quand il était salarié, engagements associatifs, engagement politique.

Après une douzaine d’années passées en Région parisienne, Edouard était arrivé à Quimper au tout début des années 80. Nous militions alors au PSU. C’était l’époque où nous étions en plein dans la bataille contre la centrale nucléaire de Plogoff ; l’époque de la sortie du Projet Alter Breton pour lequel le PSU a joué un grand rôle. C’était aussi l’époque où nous menions campagne pour Huguette Bouchardeau, candidate à la présidentielle ; une campagne où pour la première fois le terme « d’alternative » (alternative au capitalisme, bien sur) a été mis en avant comme slogan de campagne. Le résultat électoral n’a certes pas été à la hauteur des espérances, c’est le moins qu’on puisse dire, mais quelques graines avaient été semées qui n’ont pas perdu de leur pertinence.

Edouard avait adhéré au PSU dans cette seconde moitié des années 60 marquées par le mouvement de mai 68.  Nous étions dans ces années où un immense espoir d'émancipation collective avait soufflé sur la société. Le PSU a été son école de formation politique. Il y a exercé des responsabilités dans la fédération du Val d’Oise et jusqu’au sein de la Direction Politique nationale. Il en gardait une certaine nostalgie, moins de l’organisation elle même que de « l’intellectuel collectif » qu’elle avait incarné avec son brassage de militants et militantes aux origines diverses. Son engagement au PSU, avait forgé chez lui une profonde conviction autogestionnaire. Pas une autogestion pour les lendemains qui chantent, mais une autogestion à faire vivre dès aujourd’hui. Le but à atteindre n’étant pas séparé du chemin pour y parvenir.

C’est ce qui l’a amené à s’investir dans diverses expériences. Car le militantisme d’Edouard, c’était une forme de pragmatisme, un militantisme de terrain ancré dans le concret et le « faire ». Concernant le Projet Alter Breton, il ne s’était pas contenté de la théorie. Il avait participé à un projet de développement de méthanisation à la ferme avec d’autres camarades. Par la suite, ce fut son soutien actif à deux SCOP œuvrant dans la maîtrise de l’énergie. Il voyait dans le mouvement des SCOP une possibilité d’alternative à l’entreprise capitaliste. Mais il restait lucide sur les limites de ce modèle et que çà ne suffirait pas à renverser le système. Comme il disait souvent : « il ne peut pas y avoir d’îlot de socialisme dans un océan capitaliste ».

Rappelons aussi les actions qu’il a initiées au plan local contre l’invasion publicitaire, contre l’emprise de Mac Do, contre l’utilisation de bois exotique rare pour le bardage du Théâtre de Quimper, la réflexion sur la sécurité maritime engagée avec l’association des capitaines de la marine marchande après le naufrage de l’Erika… Mais son grand combat, il l’a mené pour le retour en régie publique de la gestion de l’eau. Un combat où il aura montré toute la détermination et la ténacité dont il était capable quand il crochait dans un dossier.

Sur le plan plus strictement politique, il avait largement participé aux expériences de rassemblement de la gauche de gauche, en particulier lors des municipales à Quimper et encore tout récemment en 2020, malgré les difficultés de santé qu’il commençait à ressentir.

Cet engagement pour le rassemblement de la gauche de transformation il l’avait aussi manifesté par son investissement dans TEAG (Tous Ensemble à Gauche, expérience de rassemblement qui s’est faite en Bretagne à la fin des années 1990) et plus tard dans le Front de Gauche. Parallèlement, il avait poursuivi son engagement autogestionnaire au sein des Alternatifs dont il avait contribué à fonder le groupe en Cornouaille (et nous n’étions alors qu’une petite poignée) puis à Ensemble !

Comme le chantait Jean Ferrat, « c’est un joli nom camarade ». Alors Salut Edouard. Salut notre camarade. Et nous t’en faisons la promesse, on ne lâchera rien.

Quimper-Kemper le 24 mars 2022

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