mercredi 22 mars 2017

"Problèmes Théoriques de l'Autogestion", par Henri Lefebvre (1966)

Il y a cinquante ans paraissait le Cahier n°1 de la revue Autogestion, daté très précisément de décembre 1966. La présente note de blog revient sur ce lancement. Sa seconde partie publie la première partie l’article central intitulé « problèmes théoriques de l’autogestion ». 

L’utilité de republier l’article de lancement de la revue Autogestion 

Ce cahier rend d’abord un hommage à Georges Gurvitch avec la publication d’extraits de ses écrits traitant de l’autogestion, dont la très marquante « déclaration des droits sociaux » (1). 

Jean Duvignaud, dans son avant-propos aux extraits, cite longuement un témoignage du philosophe et sociologue d’origine russe sur la formation des soviets dès le gouvernement Kerenski : Gurvitch, à 26 ans, s’était impliqué dans leur création dans les usines d’armement de ce qui s’appelait en 1917 Petrograd.Il s’opposa à leur suppression en 1920, suppression argumentée par Trotski alors en charge de la contre-offensive sur les terres polonaises, biélorusses et ukrainiennes, objectifs d’augmentations de productivité et d’approvisionnement de l’Armée rouge face aux « Blancs » suréquipés obligent. 


Proche alors des syndicalistes révolutionnaires, Gurvitch rapportait au colloque de centenaire de la mort de Pierre-Joseph Proudhon : « je témoigne que ceux qui organisaient [les soviets] comme ceux qui s’organisaient étaient pénétrés, comme ceux qui s’organisaient, des idées proudhoniennes (…) C’était une influence proudhonienne directe qui montait des différents milieux révolutionnaires russes. Dans ses premiers discours, Lénine avait proclamé qu’une planification, qu’une révolution sociales n’étaient possibles que fondées sur une représentation directe des ouvriers à la base ». 

Dans ce cahier n°1 d’Autogestion -formule fondée sur le triptyque études, débats, documents - le sommaire s’intéresse aux deux pays d’élection de l’autogestion -l’Algérie (article et chroniques de Catherine Lévy et Yves Sartan), la Yougoslavie (Michel Raptis) –mais aussi à l’articulation nation et international dans le développement de l’autogestion et à l’enseignement (Joseph Fisera et René Lourau). 

Véritable pièce maîtresse du Cahier, l’article éditorial ouvre le débat sur la « théorie de l’autogestion » : le choix du comité de rédaction (les pré-cité.e.s auxquels s’adjoignaient entre autres Yvon Bourdet, Daniel Guérin et Pierre Naville) pour cette ouverture s’était porté sur Henri Lefebvre, qui avait succédé à Georges Gurvitch à la chaire de sociologie de Strasbourg en 1961. 

Le choix d’Henri Lefebvre pour la présentation de l’ambition éditoriale de la nouvelle revue mérite de s’y arrêter un instant. Les liens difficiles du communisme façon 4ème et 5ème Républiques avec les militant.e.s politiques du comité de rédaction sont connus : à la base, une méfiance militante viscérale pour tout louvoiement politico-institutionnel, surtout sur les questions les plus essentielles comme la décolonisation et l’indépendance de l’Algérie (2) . 

Dans le cas d’Henri Lefebvre, une difficulté de plus à le contourner se présentait à celles et ceux qui choisissaient de se fondre dans la grisaille de LA ligne du parti de la classe ouvrière et des certitudes doctrinaires réputées « marxistes » : car Henri Lefebvre est de ceux qui traduisirent et firent connaître les textes de Marx, bien avant les diffusions tardives des années soixante. 

La revue fondée avec Norbert Guterman, Avant poste, avait par exemple fait paraître dès 1933 de larges extraits de Critique de l’économie politique – Manuscrits de 1844. 

Hégémoniques dans ces années soixante où leurs effectifs avoisinent les 300 000 cartes et les voix aux élections les quatre millions - soit 20% des exprimé.e.s -les communistes sont habité.e.s de leur devoir d’opposition et de direction de la classe ouvrière – ce qui a passé par une lutte contre ce que l’appareil catégorisait comme trop à gauche, « aventuristes » et une forme d’index des œuvres politiques, à manier avec prudence toutefois s’agissant d’un spécialiste de Marx et de Lénine comme Lefebvre. Celui-ci raconte ainsi (dans le chapitre sociologie de la Somme et le Reste, pages rédigées au lendemain de sa « suspension » du PCF en 1958) combien sa coopération avec Georges Gurvitch inquiétait la direction nationale sur sa loyauté à LA ligne dès 1955 : au nom de la supériorité du matérialisme dialectique, la sociologie était un champ de connaissances abominé et Gurvitch déclassé pour « non-matérialisme ». 

Les angles d’attaques retenus par Henri Lefebvre dans ce cahier n°1 peuvent surprendre la lectrice et le lecteur encore aujourd’hui. 

En premier lieu, nous restons trop souvent captifs d’une lecture binaire des conflits politiques passés : titisme contre communisme, stalinisme contre trotskysme, anarchisme contre marxisme. Spécialiste de Proudhon, Gurvitch a également énormément fréquenté l’œuvre de Marx à son retour des USA. 

De son côté, reconnu pour son rôle actif dans la diffusion des œuvres de Marx (3) Lefebvre en vient à l’étude active de Proudhon dans la préparation de « la proclamation de la Commune –26 mars 1871 » pour la collection Les Trente journées qui ont fait la France de Gallimard (1965). La lectrice et le lecteur sont invité.e.s ici à suivre Gurvitch et Lefebvre dans une prise en compte des élaborations de Marx et de Proudhon hors de toute opposition terme à terme des anarchisants et des marxisants. 

En second lieu, l’effort pour récuser la fin de l’histoire et à appréhender le capitalisme comme un moment qui a eu un début, qui a un présent et qui aura une fin, cet effort prend parfois des chemins de traverse, peut conduire à fabriquer des systèmes, en tout cas à se doter d’affirmations durcies en dogmes. 

Les références à l’autogestion n’échappent pas, elles aussi, aux tentations doctrinaires. La pensée d’Henri Lefebvre dans ce texte de 1966 est à son habitude mouvante, en mouvement, en exploration des possibles : sa portée et ses implications ne se laissent donc pas saisir dans une lecture en diagonale, absence de forme pédagogique oblige. 

Le texte est un texte avec lequel réfléchir, il n’est pas écrit pour conforter un accord présupposé acquit de l’interlocutrice ou de l’interlocuteur. Le réseau AAAEF a décidé, en raison de l’importance intrinsèque du débat sur la théorie de l’autogestion en 2017, de republier intégralement le texte de 1966. 

Nous sommes bien conscients de l’effort qu’implique l’étude de ce texte à la fois ancien et toujours actuel. Les contextes de 1967 et 2017 sont très différents mais les similitudes ne manquent pas ; le capitalisme contemporain a été bouleversé, mais l’exploitation, la domination et l’aliénation perdurent et occultent les potentialités nouvelles ; discréditées en 1966 par la guerre d’Algérie et leur impuissance à mettre en échec le coup de force institutionnel gaulliste, les formations des gauches françaises s’offrent à nouveau en 2017 comme des repoussoirs aux mouvements d’ouverture et d’émancipation. En cinq ans, seule la contestation frontale cristallisée par l’offensive étatique et du PS contre le Code du travail a soulevé le couvercle. 

Le texte« Henri Lefebvre ouvre le débat sur la théorie de l’autogestion » est construit en trois questionnements successifs. 

1) Comment surmonter la crise et la paralysie du mouvement ouvrier et révolutionnaire dans une France où triomphe la droite politique ? 

2) Si le rôle de la théorie est d’explorer ce que la puissance de la société recèle de potentialités émancipatrices, qu’est-il advenu de neuf dans ces potentialités depuis la Commune et depuis l’irruption des soviets ? 

3) Comment concevoir et jalonner une stratégie autogestionnaire ? 

Cette première note de blog republie le premier volet. Les autres volets donneront lieu à de nouvelles notes de blog. Les passages en italique sont les passages soulignés par Michel Fiant, dont l’exemplaire a été scanné pour cette republication. 

Eugène Bégoc 

Le document Autogestion Cahier n°1 – décembre 1966 Editions Anthropos 

Pages 59-70 Henri Lefebvre ouvre le débat sur la théorie de l’autogestion 

1. Sur l'unité du mouvement ouvrier et révolutionnaire

Que le problème de l’unité, c’est-à-dire de la réunification du mouvement, soit essentiel, qui le contestera ? À ce mot, « mouvement », il n’est pas utile d’ajouter à chaque reprise les mots : « ouvrier », « révolutionnaire ». En effet, sans intervention active de la classe ouvrière révolutionnaire, il n’y a pas de mouvement. 

L’expérience contemporaine nous montre trop bien qu’il peut y avoir croissance économique et technologique sans véritable développement social, sans enrichissement des rapports sociaux.Ce qui ne laisse dans la pratique sociale qu’un mouvement mutilé, qui laisse stagnants de nombreux secteurs de la réalité sociale : la vie politique, idéologique, culturelle, esthétique. La croissance quantitative de la production et de l’outillage technique peut se séparer jusqu’à un certain point du développement qualitatif. 

Le décalage entre les deux aspects du mouvement sera-t-il comblé lors d’une nouvelle période historique ? On peut l’espérer. Cette interrogation fait partie de la « problématique » de l’unité. 

Ce problème fondamental est généralement posé d’une façon étroite par les organismes et par les théoriciens officiels, ce qui le rend insoluble. Il se traite entre institutions et appareils au sommet, par la voie de pourparlers qui se terminent par des compromis ou font ressortir les divergences. 

Les spécialistes de l’idéologie s’érigent en spécialistes de l’unité, toujours prêts à la confisquer. Supports de la bureaucratie politique, ils la justifient, ils l’entretiennent. Ils transportent dans la recherche de l’unité les conditions et les circonstances de la division, ses thèmes que par essence ils ne peuvent soumettre à une critique radicale. 

Ces spécialistes ont répandu la thèse d'après laquelle le mouvement ouvrier s'est scindé en deux tendances : le courant réformiste et le courant révolutionnaire.  

Laissons de côté la définition exacte du mot « courant » ainsi que l’étude historique de cette scission. En elle-même, la thèse est fausse et tendancieuse.Le mouvement s’est divisé en trois : la spontanéité anarchisante, l’habile et intelligent pragmatisme des gens soucieux de réformes, la volonté révolutionnaire. 

Examinons-les de plus près. 

Sur le plan théorique, lorsque se firent jour les divergences, du temps où Marx et Lénine élaboraient leurs positions doctrinales, les divergences portaient essentiellement sur la fameuse période de transition. Pour Marx et pour Lénine, trois aspects indissolubles et indissociables devaient marquer ou plutôt constituer le mouvement de cette période : l’élargissement et l’approfondissement de la démocratie, le dépérissement de l’État, la dictature du prolétariat. 

Pour Marx, son objectif ne s’opposait pas à celui des anarchisants : fin de l’État, fin des hiérarchies et instances politiques, accompagnant l’abolition de la propriété privée des moyens de production. Pourtant les anarchisants (bakouniniens) pensaient abréger la période de transition et même sauter par-dessus elle. 

Par la suite, les révolutionnaires mirent l’accent sur la dictature du prolétariat en la séparant de la démocratie approfondie et du dépérissement de l’État. Les réformistes eux ont mis l’accent sur la démocratie en laissant de côté la dictature du prolétariat et bien entendu le dépérissement de l’État. 

Réformistes et révolutionnaires engagèrent des controverses violentes et sans issue, opposant l’évolution continue et la discontinuité. Dans un accord tacite sur le non-dépérissement de l’Etat, les uns admettaient la permanence de l’État national constitué, les autres prônant énergiquement la transformation de l’État bourgeois en État dit ouvrier (ou bien « ouvrier et paysan »). La division politique accompagna la dissociation de l’unité théorique dans la conception du mouvement chez Marx. 

Le réformisme s’érigea en idéologie réaliste et en stratégie au nom de l’évolution contre la transformation radicale des rapports sociaux. Qu’il ait eu tort, cela ne fait aucun doute. Le réformisme n’a obtenu aucune « réforme de structure ». Sa pression, accompagnée dans les grands pays industriels par la classe ouvrière organisée en syndicats, n’a obtenu que des mesures compatibles avec la conservation des rapports de production capitalistes, ainsi que de la propriété et de la gestion par la bourgeoisie des moyens de production. Réformisme sans réformes, il a laissé s’accroître la plus-value relative, même quand la classe ouvrière a quelque peu bénéficié de l’accroissement de la productivité. 

Et cependant le réformisme n’a pas eu complètement tort. S’il n’avait aucun sens, il aurait disparu. Sa permanence ne peut pas ne pas avoir une raison. Une coupure absolue, un bond de la nécessité dans la liberté, une révolution totale, une fin simultanée de toutes les aliénations humaines, cette image sans doute naïve, mais qui fut longtemps forte, ne peut plus se maintenir. 

La transformation de la société se définit d’abord comme un ensemble de réformes, allant des réformes agraires à la planification impliquant le contrôle des investissements ; mais cette somme de réformes, nécessaire, ne suffit pas : il faut y ajouter quelque chose d’essentiel. La transformation de la société, c’est une série de réformes plus l’élimination de la bourgeoisie comme classe gestionnaire des moyens de production. 

Le « courant révolutionnaire » a-t-il eu raison ? 

Plus précisément a-t-il pour lui la raison dans l'histoire ? Oui. Il fallait rendre le pouvoir en utilisant les lacunes et les trous dans le système impérialiste. Il fallait livrer assaut en suscitant la plus grande discontinuité possible. 

Ceci dit, il est trop évident que notre époque subit les conséquences d’un certain échec de la révolution mondiale. Elle a ébranlé et même fait reculer le capitalisme et son expression politique, l’impérialisme. Elle ne les a pas abolis, et même elle a stimulé la bourgeoisie, apportant un sursaut de vitalité au capitalisme. 

Un mouvement dialectique – le conflit des deux systèmes, leur défi mutuel impliquant de multiples conséquences – s’est substitué au processus qui aurait pu suivre l'un ou l'autre « système » considéré en soi. 

L'extension du mouvement révolutionnaire aux pays où prédominent les questions agraires et les problèmes de croissance industrielle ne peut passer que pour une demi-victoire de la révolution. Le mouvement qui visait la transformation sociale s'est lui-même transformé d'une façon qui n'est pas toujours « positive » comme on dit. Il est tombé dans des contradictions dont on ne connaît pas encore la profondeur exacte (entre les Soviétiques et les Chinois). Il faut se rendre l'évidence. 

Entre 1860 et sa mort, Marx combattit âprement la tendance au socialisme d'Etat, incarnée par F. Lassalle. Un texte particulièrement important et mal compris, la Critique du Programme de Gotha (1875), est éloquent à cet égard. Il se formait une idéologie précise, peu étudiée comme telle : le lassalisme. On peut affirmer qu'aujourd’hui, pendant un siècle de lutte acharnée, le lassalisme l’a emporté sur le Marxisme. La tendance dite révolutionnaire et la tendance dite réformiste, en fait ne sont plus que des variantes du socialisme d’Etat, c’est-à-dire du lassalisme. 

Le « courant » anarchisant fut le premier réfuté, répudié, rejeté hors du chemin de la révolution. On s'acharna sur lui (l'histoire de la guerre d'Espagne ne s'éloigne pas encore !). 

C'est le courant de la révolte spontanée, Il l’affirme, il la suppose, il veut la mener à son terme. Sous prétexte d'erreurs historiques et historiques, on a combattu la spontanéité. On l’a inhibée. Or son absence se fait cruellement sentir. L'élément anarchisant, à supposer qu'il ne suffise pas, est lui aussi nécessaire. S'il est de la nature du mouvement spontané qu'on ne puisse le prévoir complètement, le faire entrer dans des cadres fixes, le « structurer », qu'on ne sache dire à l'avance où il commence et où il finit, de sorte qu'il comporte toujours un imprévu, il n'est pas moins vrai que là ou manque la spontanéité il ne se passe rien. 

Lénine, qui a tant critiqué le spontané, affirmait néanmoins l'existence d'un « instinct révolutionnaire ». Il voyait dans la spontanéité un premier degré au premier niveau de l’intervention des masses agissantes, énergie à orienter, à soumettre aux exigences de la connaissance politique, mais à ne pas écraser en tant que spontanéité. 

Les Soviets furent une invention de la spontanéité. Et la Commune de Paris (4) . La première tâche de la théorie ne serait-elle pas aujourd’hui de réhabiliter la spontanéité ? Cette restitution ne peut aller sans une analyse approfondie, qui transformerait sans doute ce concept embryonnaire et confus, en serrant de plus près ses conditions, ses manifestations, ses implications. S’il est vrai que la sociologie apporte une connaissance de la liberté, et que la sociologie a pour objet la puissance créatrice de la société (ce que Gurvitch pensait, comme Marx, bien qu’un peu différemment) cette tâche incombe à la sociologie. 

Le mouvement pratique et théorique réclame aujourd’hui une conception unitaire qui ne résulte ni d'une contrainte ni de la pression d'une « tendance » sur les autres. La base de cette unité ne viendront-elles pas du courant le plus combattu, le plus réprimé, le plus humilié ?  

Or, la forme prise aujourd'hui par la spontanéité révolutionnaire, ce n’est plus l’anarcho-syndicalisme, c'est l’autogestion 



1] Publié en exil, en 1944, à New York, ce court ouvrage vient d’être réédité :La déclaration des droits sociaux – Georges Gurvitch – Ed. Dalloz – 2009 – ISBN 978-2-247-08551-4. Georges Gurvitch est aujourd’hui reconnu pour avoir été un des acteurs majeurs de « la seconde fondation de la sociologie française ».

2] « Le PC ne soutenait que verbalement les Algériens. Il s’en tenait déjà à un compromis historique : la véritable Union française. Si Maurice Thorez avait eu le pouvoir, l’Algérie serait peut-être restée française. Je dis cela ironiquement, mais je suis certain que l’Algérie n’aurait conquis son indépendance que beaucoup plus difficilement ». Dans réponse à la question « comment voyez-vous l’avenir du Parti communiste ? » - Le temps des méprises page 99– Henri Lefebvre - 1975 – Stock. Précédemment page 78 : A la question « comment avez-vous fait pour vivre si longtemps dans la peau d’un militant ? » Henri Lefebvre répondait  « Le Parti communiste – c’est sa force et sa faiblesse – est devenu un appareil d’Etat prêt à se substituer à l’appareil existant, et constitué dans ce but. Il se constitue sur le modèle politique soviétique, sur le modèle de l’Etat soviétique. [En 1928,] le parti communiste était une façon de vivre, une contre-société. On vivait au sein de la société bourgeoise autrement que la bourgeoisie, autrement que ceux qui acceptaient la société bourgeoise. On vivait sur un plan d’une chaude amitié virile. Au sommet, cette qualité disparut vite. L’appareil au sommet, préoccupé de politique au sens étroit, luttait contre deux fronts obstinément, contre le moindre signe de trotskysme etcontre le moindre signe de spontanéisme. Le travail politique, comme on disait, se faisait surtout à l’intérieur du parti. A l’affût de toutes les déviations, toujours vigilant, l’appareil se consolidait ainsi, pour se confirmer à ses propres yeux et devant la base. A la base, rien de tel n’existait. Il y avait des tas de gens dans le Parti. Des gens de toutes sortes : les uns anarchisants, les autres trotskystes ».

3] Un des records de vente des PUF, à 300 000 exemplaires avant la généralisation d’internet, reste le numéro 300 de la la collection Que sais-je ? Le marxisme – Henri Lefebvre -PUF – 1948 – ISBN 2 13 038123 5

4] Voir à propos des études sur la Commune de Paris l’article d’André Decouflé « La spontanéité révolutionnaire dans une révolution populaire. L’exemple de la Commune de Paris » - Cahiers de l’Institut de Science Economique Appliquée n°164 - août 1965 

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