Cet
article de Sarah Kilani publié initialement sur le site de Contretemps est une
synthèse des pratiques autogestionnaires qui ont existé dans ce pays à l’issue
du processus révolutionnaire post 2011.
Henri Mermé, juin 2017
Alors qu’en
Egypte, en Tunisie ou en Libye, la chute des régimes en place a permis aux
insurgés de prendre le contrôle des institutions, l’installation dans la durée
du conflit oblige les quartiers et villes rebelles à s’administrer eux-mêmes.
En effet, les blocus, l’état de siège et l’abandon des zones insurgées par le
régime de Damas changent les conditions matérielles de la révolte, contraignant
les civils à créer leurs propres institutions et à s’autogérer afin de pallier
la disparition des structures de l’appareil d’État. Comités de coordination,
comités locaux, cours de justice, hôpitaux, circuits alimentaires : le peuple
insurgé livré à lui-même s’organise.
Les comités de coordination
Les premiers
mouvements de contestation ont profondément transformé le rapport des syriens à
la politique. Partout en Syrie, le rassemblement d’individus cherchant à
encourager la protestation a débouché sur la création de structures militantes
originales : les comités de coordination locale ou tansiqiyya al-malhalliyya.
Chaque
quartier ou village insurgé possède ainsi une ou plusieurs cellules composées
de cinq à plusieurs dizaines de personnes. L’émergence de ces comités se fait
extrêmement rapidement. Dès mai 2011, on dénombre environ 90 tansiqiyya
sur tout le territoire et fin 2012, ce sont 400 comités qui sont gérés par les
populations locales. La constitution de ces groupes se fait parfois à partir
d’anciens réseaux de solidarité où certaines personnes ont tissé des liens de
confiance et développé des répertoires d’action. Placés entre l’enclume de l’inexpérience
militante résultant du verrouillage politique et associatif du régime et le
marteau de la répression, ces organisations sont largement improvisées.
Une aide
logistique est parfois apportée par des activistes arabes et kurdes plus rompus
à l’organisation militante. À Daraya un groupe de jeunes — inspirés par Jawdat
Sa’ïd, le « Gandhi syrien », fondateur d’un mouvement syrien pour la
non-violence[1]
— organisait déjà depuis 2003 des campagnes contre la corruption, ce qui leur a
valu d’être arrêtés et torturés pour avoir « organisé des activités
sociales et civiles et d’avoir encouragé la lutte contre la corruption sans se
référer à l’égide de l’État et du parti Baath »[2].
En 2011, leur expérience de la lutte non-violente a été un atout dans
l’organisation de la résistance locale.
Face au
risque majeur d’infiltration par les agents des Moukhabarat (les services de
renseignement d’Assad), l’entrée de nouveaux membres se fait sur la base de
liens de confiance tissés au sein de l’expérience contestataire. La cooptation
peut parfois prendre plusieurs semaines — le danger de dénonciation étant
omniprésent. Faisant le choix de privilégier une répartition homogène des rôles
et des discussions avant chaque prise de décision, les insurgés optent pour une
structure collégiale. Les pertes humaines imposent également une
organisation caractérisée par la dilution des responsabilités.
La création
des tansiqiyya répond aux besoins immédiats des insurgés. Chaque comité
se dote de bureaux, les maktab, qui gèrent chacun une partie du travail
militant. Ainsi, un service de recensement collecte des données comme le nombre
de morts et de victimes dans les manifestations ou l’ampleur de chaque
mobilisation. Ils relèvent également le type de vêtements que portent les
victimes afin d’aider les familles à identifier l’un des leurs. Un autre maktab
s’occupe de transmettre toutes ces informations à la presse — de très nombreux
médias sont créés par les insurgés — ou de les diffuser sur internet. Un
troisième assure la logistique des manifestations en s’assurant de la sureté
des lieux, en préparant des itinéraires avec des voies de dispersion en cas de
répression étatique, mais aussi en fournissant du matériel militant (slogans,
tracts, banderoles). Un quatrième bureau gère les questions médicales et
humanitaires. Le dernier travaille sur la stratégie politique[3].
Plusieurs comités de coordination se lancent même dans la rédaction d’une
nouvelle constitution.
Malgré une
apparente structuration, dans un contexte de forte répression, les urgences et
les pertes humaines font que les membres sont amenés à évoluer simultanément
dans plusieurs maktab ou à passer de l’un à l’autre. Certains réseaux de
solidarité peuvent être associés à leur fonctionnement.
Par exemple, le
Rassemblement des femmes libres de Daraya — créé en 2011 par des femmes parties
prenantes de la révolution — se mobilise pour la chute du régime. Elles
manifestent initialement avec les hommes, puis organisent leurs propres
rassemblements hebdomadaires et assurent une continuité dans la mobilisation
tout au long de la semaine en distribuant des tracts, en installant des
pancartes révolutionnaires dans les principaux lieux publics de la ville et en
réalisant des campagnes de graffitis. Elles organisent des sessions de
formation pour les femmes sur le sens de leur mobilisation, sur les questions
de démocratie, le principe de société civile et sur l’idée d’une justice
transitionnelle. Elles donnent également des cours de soins infirmiers et de
formation aux premiers secours. Elles assurent la prise en charge psychologique
des enfants et des épouses des victimes de la répression du régime. Elles
distribuent des cadeaux et des sommes d’argent aux orphelins de la révolution
et les font participer à des pièces de théâtre afin qu’ils puissent exprimer
leur vécu.
Plusieurs
d’entre-elles sont arrêtées par le régime et jetées en prison. Leur
investissement se poursuit alors parfois jusque dans les geôles du régime :
« on nous a alors envoyées à la prison centrale d’Adra »,
témoigne Ghana al-Abbar, 34 ans, membre du Rassemblement des femmes libres de
Daraya, arrêtée pour la 2e fois en
janvier 2013.
« Ils nous ont mis dans la section « dépôt », qui
contient 5 cellules collectives, avec au minimum 20 détenues par cellule. Au
cours de nos conversations avec elles, nous avons réalisé que notre séjour ici
allait se prolonger. Il a alors fallu s’occuper et faire de ce temps quelque
chose de constructif et non pas seulement destructif comme l’espérait le
régime. Nous avons décidé d’organiser des cours d’alphabétisation car il y
avait avec nous un bon nombre de femmes qui ne maîtrisaient ni la lecture ni
l’écriture. Ces cours ont ensuite évolué et nous y avons rajouté des cours
d’anglais et des leçons afin de lire le Coran avec la bonne intonation. Nous
avons également assuré un soutien psychologique. Durant cette période, il nous
était parfois possible d’introduire des livres, moyennant des pots-de-vin. Nous
les utilisions pour renforcer nos enseignements auprès des codétenues. Pendant
la soirée, nous chantions les slogans et les chants de la révolution. »[4]
Les conseils locaux
Le blocus
imposé par Assad aux zones insurgées amène leurs habitants à se réorganiser
complètement. Eau, électricité et circuits d’approvisionnement en alimentation
sont souvent coupés par le régime. Les boulangeries, les écoles et les hôpitaux
sont systématiquement visés par les bombardements. C’est à partir des tansiqiyya
que vont se développer partout en Syrie de nouvelles administrations civiles :
les Conseils locaux (Majlis Mahalli) ou Conseils municipaux (Majlis
al-Madina). Ces structures — relativement similaires dans toutes les
localités malgré certaines spécificités propres — reprennent les activités des
anciens services municipaux en y intégrant les fonctionnaires locaux qui
touchent encore parfois leur salaire du régime. Écoles, hôpitaux, ramassage des
ordures, entretien des routes : les conseils tentent tant bien que mal
d’assurer les missions essentielles. Ils sont divisés en plusieurs services :
santé, services, bureau légal, éducation, médias, comptabilité et police. Ces
conseils locaux dirigés par la population assurent ainsi la gestion de la vie
quotidienne en lieu et place des services de l’État.
Qu’il
s’agisse de notables ou de simples protestataires, les dirigeants de ces
conseils locaux sont soit élus soit désignés au nom de la légitimité acquise
par leur investissement dans la révolution et l’aide à la population et aux
nécessiteux. Avec le temps, l’influence des militaires sur les conseils locaux
va grandissante. En effet, le manque de ressources des civils les rend
relativement dépendants des groupes armés qui peuvent assurer l’acheminement
des ravitaillements. Dans ce contexte chaotique dans lequel les administrations
révolutionnaires se structurent, les procédures de désignation des responsables
ne peuvent être aussi exemplaires que lors d’élections tenues dans des
circonstances normales.
Les principes de base sont la consultation, le vote et
la transparence. C’est une stratégie de rupture nette avec le despotisme auquel
les Syriens sont habitués depuis plus de 40 ans. Les règles de fonctionnement
des services reposent sur un principe d’égalité des droits entre Syriens, sans
discrimination religieuse, ethnique ou nationale.
A l’opposé des divisions
créées et entretenues depuis toujours par le régime pour asseoir son pouvoir,
ce mode de fonctionnement renforce les valeurs de solidarité et favorise
l’émergence d’une culture citoyenne partagée. Force est de constater cependant,
qu’avec le temps, la stratégie de confessionnalisation du conflit de Bachar
el-Assad n’est pas sans effets au sein même des organisations rebelles. Au fil
des années, des oppositions d’origine confessionnelle se développent.
En 2013, à
Deir ez-Zor, les insurgés organisent des élections locales libres, une première
depuis des décennies. Malgré les bombardements, des pancartes appellent les
gens à voter et des tracts sont distribués. Dans le quartier de Cheikh Yassine,
des dizaines d’électeurs vérifient les listes de candidats dans des locaux
souterrains, à l’abri des obus. Oum Chadi, 56 ans, explique qu’elle vote pour
la première fois de sa vie et ajoute :
« je veux voter pour dire à Bachar que tout ce que nous demandions au
début, c’est cette liberté des élections, la participation à la décision dans
notre pays ».
Son fils a
été tué six mois auparavant alors qu’il se battait dans les rangs de
l’opposition. Abdelhamid, un ancien ingénieur qui a supervisé le processus
électoral, témoigne :
« les gens sont venus malgré les bombardements, pour soutenir la révolution
(…) c’est une façon pour eux d’affronter le régime sans avoir recours aux armes
». Un autre électeur, Ahmad Mohammad,
souligne que les Syriens « veulent un état démocratique, pas un Etat
islamique. Nous rêvons d’un Etat laïc gouverné par des civils, pas par des
mollahs. »[5]
Avant la
prise de Raqqa par l’État islamique, cette ville libérée du régime a été
entièrement autogérée pendant 6 mois durant lesquels pas moins de 60
organisations de jeunesse se sont créées.
L’un des
objectifs de ces structures est de devenir des administrations municipales
crédibles et d’assurer une transition vers un gouvernement provisoire
débarrassé de la clique d’Assad.
En Juillet
2012, le régime de Damas étant aux abois, le Conseil national syrien prépare
l’après Bachar. Les premières discussions sur un projet de coordination des
conseils locaux s’amorcent. En présence de représentants des conseils de
Lattaquié, Homs, Deraa, Alep, Damas et ses banlieues Hassaka et Idlib, se tient
une réunion autour de l’idée de créer des voies de contact entre gouvernorats
pour assurer une meilleure coordination entre révolutionnaires et de rédiger un
règlement intérieur unifié[6].
Ainsi, avec le soutien de la Coalition nationale syrienne, sont créés à partir
de l’automne 2012 les Conseils de gouvernorat.
Les premières élections se
déroulent en Turquie. Des personnalités consensuelles sont chargées par la
Coalition nationale syrienne de choisir des centaines de délégués au sein du
gouvernorat d’Idlib. Ces délégués forment un corps électoral réuni en Turquie
afin de choisir leur Conseil de Gouvernorat puis celui de la ville d’Idlib. Ce
même processus est reproduit pour Alep en mars 2013. Muhammad Yayha Nanaa,
ancien fonctionnaire de la municipalité, et Ahmed Azuz, militant de la première
heure, sont respectivement élus gouverneur et maire de la ville. Chacun dirige
une équipe d’une centaine de volontaires sélectionnés pour leurs compétences
professionnelles et leur engagement révolutionnaire.
A l’été 2013, des
élections locales sont organisées dans les 65 quartiers d’Alep contrôlés par
l’insurrection. En janvier 2014, le même processus est reproduit à Raqqa, puis
dans la Ghouta dans la banlieue de Damas[7].
Les Conseils
de Gouvernorat supervisent les Conseils locaux et acquièrent une efficacité là
où la centralisation est suffisamment avancée pour permettre la mise en place
d’une coordination et d’une hiérarchie institutionnelle. Le Conseil transitoire
révolutionnaire du gouvernorat d’Alep est un exemple en la matière. Il
coordonne les différents Conseils de district et a autorité sur les
institutions civiles de tout le gouvernorat. En mars 2013, le quartier de
Cheikh Najar, en retrait du front, devient un véritable pôle administratif
regroupant les différents services publics ainsi que le Conseil militaire
d’Alep et le siège de la Police libre.
Cependant,
faute de moyens, l’autorité des Conseils de gouvernorat est souvent remise en
question. À Alep, le conseil rencontre à l’hiver 2013 une résistance de la part
des comités locaux qui mettent en doute sa légitimité. Ce dissensus exprime en
réalité des tensions plus larges entre les révolutionnaires locaux et ceux
nommés par la Coalition nationale, accusée de méconnaitre le terrain et d’être
déconnectée des enjeux quotidiens gérés par les conseils municipaux et de
quartiers. Dans le même temps, Idlib tombe entre les mains du régime, ce qui
empêche les administrations révolutionnaires de fonctionner. À Raqqa, le Jabhat
al-Nosra tente de s’ingérer dans la gestion de la ville. La prise de cette
ville par l’État islamique à l’été 2014, et celle de Deir ez-Zor à l’hiver qui
suit, mettent fin à l’administration de ces villes par les institutions créées
par les révolutionnaires.
Dans un
second temps, les insurgés tentent de s’unifier en créant un comité national
composé de collèges de représentants de chaque gouvernorat. Cependant, tous les
tansiqqiyya n’acceptent pas d’y adhérer, d’où un effet de division[8].
Dans un
premier temps, la majorité du soutien matériel provient des Syriens du pays ou
de l’étranger mais ceux-ci sont rapidement dépassés par l’ampleur des besoins
générés notamment par les bombardements. Des collectes de fonds débutent alors
à l’étranger et les ONG assurent une partie du ravitaillement. Face aux
modalités de distribution généralement décidées par les financeurs, le besoin
d’une répartition plus juste et équitable se fait ressentir
Les Conseils
locaux s’efforcent de répondre rapidement à cette exigence, ce qui contribue à
asseoir leur crédibilité. Pourtant cette aide reste extrêmement modeste,
essentiellement en raison d’une mauvaise coordination entre municipalités et organisations
nationales. Ces dernières, issues de la révolution et reconnues par les
instances internationales, sont délocalisées à l’étranger afin d’assurer
l’intégrité physique de leurs membres. Elles reçoivent directement les
financements alloués par les donateurs étrangers privés — notamment les syriens
résidant à l’étranger — les associations, les pays occidentaux et ceux du
Golfe.
En réalité, c’est surtout l’engagement bénévole des civils sur place qui
permet d’assurer le fonctionnement des institutions locales et des services
publics. Enseignants, médecins, électriciens, nombreux sont ceux qui continuent
à assurer leurs missions dans les zones libres sans aucune contrepartie
financière. Par ailleurs, le régime de Damas continue paradoxalement à rémunérer
une partie des fonctionnaires de peur de les voir irrémédiablement rejoindre
les rangs de l’opposition dans les zones que celle-ci contrôle. L’absence
d’impôts et de taxes — indépendamment des conditions imposées par le régime de
Damas — explique la faiblesse des ressources financières endogènes.
Malgré tout,
là où les comités parviennent à survivre et à s’organiser, ils réussissent à
réorganiser les services publics en quelques mois. Cibles privilégiées des
bombardements du régime, les hôpitaux et les écoles sont aménagés dans des
lieux secrets et systématiquement réinstallés à un autre endroit après leur
destruction. Des examens du baccalauréat sont même organisés dans les quartiers
insurgés d’Alep pendant l’été 2013.
En 2013, une
défense civile est mise en place dans chaque province pour coordonner les
secours aux victimes, déblayer les gravats, nettoyer les résidus d’armes
chimiques, distribuer des masques à gaz à la population et la préparer aux
bombardements. Ces civils sont mobilisés sur la base du volontariat. En 2016,
la défense civile syrienne est composée de quelques 3000 bénévoles. À Alep
notamment, elle compte à l’été 2015 des dizaines de jeunes femmes bénévoles
dans ses rangs.
Hasnaa
Chawaf, infirmière bénévole auprès de la défense civile à Maarat al Numan,
explique que leur mission se fait
« en coordination avec des équipes d’hommes. Ceux-ci prennent les
devants en matière de recherche, de sauvetage et d’évacuation des victimes.
Notre rôle à nous commence avec la deuxième phase des secours, et en
particulier avec le transfert des victimes vers des structures médicales
spécialisées. »[9]
L’exemple de
la ville de Darkouch, située près d’Idlib et donc moins asphyxiée que les
villes plus proches de Damas qui sont en état de siège permanent, démontre la
capacité d’auto-organisation des zones libérées. Le site d’information en ligne
Souriatna rapporte ainsi fin 2015 l’expérience du partenariat entre le
Conseil local et les organisations de la société civile. Selon le militant
Abbas Alaa-Eddin, ce partenariat a permis de fournir aux habitants des services
« d’assez bonne qualité, bien qu’ils ne répondent pas encore aux
besoins de toute la population ». Ces structures issues de la société
civile distribuent des denrées alimentaires, prennent en charge les orphelins
et créent des projets de développement. Parmi eux,
« la distribution de semences agricoles, ainsi que d’outils et
d’équipements à un grand nombre d’agriculteurs. Il s’agit là d’une première
phase qui permet de mettre en place un plan pour le développement d’une
agriculture moderne à Darkoush ». Sont également étudiées les possibilités pour
« améliorer les méthodes d’irrigation et mettre à profit l’énergie solaire.
Dans ce cadre, certains projets ont effectivement été mis en œuvre, et
notamment à Bidama et dans sa région [ville située sur la route reliant Alep à
Lattaquié] »[10].
Les cours de justice
Comment
rendre la justice en l’absence de l’État et en temps de guerre ? La principale
raison ayant mené à l’insurrection étant l’arbitraire du pouvoir en place,
l’enjeu qu’est celui de la justice est considérable. Dans le contexte d’instabilité
majeure et de manque de ressources du début de la révolution, la capacité des
insurgés à régler les litiges qui en découlent est un enjeu majeur pour
installer leur crédibilité. Les zones libérées du régime doivent s’organiser
pour continuer à assurer le règlement tant des conflits du quotidien que ceux
liés au contexte de guerre. Or, les cadres (juges, policiers, administrateurs)
font partie des premiers à s’exiler. Les cours de justice sont parmi les toutes
premières institutions mises en place par les révolutionnaires. Le manque de
ressources, la pauvreté grandissante, le partage des armes capturées ou les
abus de pouvoir de certains combattants sont autant de sources de litiges liés
à la guerre qu’il faut régler. Dans le contexte de désétatisation complète des
zones libérées du régime, la diversité de la composition de ces nouveaux
tribunaux dans chaque ville reflète des équilibres locaux variables entre
civils et militaires, personnels judiciaires et militants révolutionnaires,
religieux et séculiers.
Les systèmes
judiciaires émergents vont devoir se doter d’un code de lois à appliquer dans
les zones libérées du régime afin de répondre aux nécessités pratiques des
populations. Pris dans l’urgence, les rares personnels qualifiés qui ont
rejoint la révolution doivent appliquer de manière transitoire l’ancien code
judiciaire et civil syrien. Ailleurs, en l’absence de personnel juridique, ce
sont naturellement les cheikhs qui ont été convoqués pour rendre la justice,
ces derniers ayant une connaissance du droit musulman dont une partie du code
civil syrien est issue et qui reste légitime pour la majorité de la population.
Par ailleurs, la capacité du droit musulman à résoudre les problèmes pratiques
en considérant les particularités des cas étudiés se révèle particulièrement
adaptée à la résolution des problèmes souvent atypiques générés par le contexte
dans lequel évolue la population et qui ne trouvent pas de solution dans les
lois existantes. Les jugements s’apparentent alors davantage à des arbitrages
pragmatiques. Cependant, selon l’institut d’études sur le droit et la justice
dans les sociétés arabes, dans certaines zones,
« on trouve des institutions qui rendent des décisions de justice
littéralistes. C’est-à-dire des institutions où des acteurs non professionnels
de la justice exercent le rôle de juge et interprètent la loi islamique
directement d’après ses sources (Coran, sunna, etc.) sans tenir compte de la
jurisprudence islamique. On y trouve des Oulémas ou Cheikhs sous la bannière
salafiste qui sont généralement soutenus par d’importants groupes armés. »
En dehors des
zones de combat où la seule loi en vigueur est souvent celle de l’arbitraire,
les commandants de l’ASL passent par des juges qui décident des modalités de
gestion des prisonniers, des conditions d’arrestations et de répartition des
butins. « A mesure que le système judiciaire se développe dans les
zones insurgées, les révolutionnaires adoptent le code de l’Union arabe. »[11].
Ce code, développé et promu par la ligue arabe, est un code civil et pénal
basé sur le droit musulman. A quelques rares exceptions près, les tribunaux
islamiques qui se trouvent dans les zones insurgées ne pratiquent pas les hudud
(châtiments corporels).
Dans certains
gouvernorats, une hiérarchie judiciaire se recrée, comme à Alep où se constitue
en 2012 la Cour du conseil judiciaire uni d’Alep. Elle instaure une procédure
standardisée : enquête préliminaire, attribution du dossier à 4 formations
spécialisées (affaires criminelles, civiles, familiales et militaires), enquête
puis audience. Cette cour constitue également la principale cour d’appel du
gouvernorat.
Le conseil
judiciaire de la ville d’Idlib – appliquant le droit musulman – tente d’unifier
les différentes cours au niveau de son gouvernorat. L’association des oulémas
libres a joué un rôle important dans la création de cette structure en
promouvant l’usage du code de la ligue arabe. Cette unification a également
permis de réguler la prolifération des cours islamiques au sein du gouvernorat.[12]
En août 2013,
une conférence réunissant une quarantaine de délégués des principales cours de
gouvernorats de Deir ez-Zor, Raqqa, Alep, Idlib et Latakia est organisée à
Istanbul pour harmoniser leur fonctionnement. Elle prévoit la constitution
d’une autorité judiciaire indépendante et la généralisation de l’organisation
de la Cour du conseil judiciaire uni d’Alep à l’ensemble des cours, notamment
l’adoption du Code de l’Union arabe et le recrutement de juges diplômés en
droit. Mais l’intégration des cours dans un système judiciaire unifié ne se
fait pas sans oppositions ni sans heurts, plusieurs cours locales étant parfois
en compétition, notamment celles créées par les cheikhs et celles créées par
les avocats. Ces regroupements sont par ailleurs soumis à des contraintes
sécuritaires et économiques et aux intérêts des différentes brigades
militaires. Ces contraintes sont également rencontrées par les cours qui
cherchent à améliorer leur niveau de professionnalisme et d’indépendance.
Dans la
majorité des cas, les tribunaux sont des cours mixtes. En effet, le recrutement
du personnel judiciaire se fait à la fois parmi les juges et avocats qui ont
fait défection au régime, mais aussi parmi des volontaires non professionnels —
souvent des cheikhs qui sont restés dans les zones sous contrôle de
l’insurrection, même si ceux-ci n’ont pas toujours une connaissance approfondie
du droit musulman. Les avocats se constituent en associations comme le
Mouvement des avocats syriens libres à Alep ou le Groupement des avocats libres
basé en Turquie. Le Mouvement des avocats libres d’Alep travaille au maintien
d’un système judiciaire mêlant droit communautaire et droit continental,
fournit des réflexions sur les principes légaux applicables en période de
conflit et affirme son attachement à l’État de droit. Un ordre national des
avocats libres travaille quant à lui sur un projet de nouvelle constitution, la
révision du code des lois et la création d’un tribunal civil libre[13].
L’expérience
judiciaire en temps de guerre de la première ville du pays — 2,9 millions
d’habitants avant le conflit — est remarquable. L’étude du fonctionnement de la
Cour du conseil judiciaire uni d’Alep permet de se faire une idée des
difficultés et les tensions qui traversent le nouveau système judiciaire
partout dans le pays. Il résulte d’un compromis entre les avocats, les cheikhs
et l’unique juge qui a fait défection à Alep, dont les formations sont toutes
très différentes. L’unification du système a entrainé la mise en place de
critères de sélection où la compétence juridique devient décisive, y compris
pour les cheikhs. Les différentes chambres sont constituées à la fois d’avocats
et de cheikhs.
Le système
judiciaire tend à s’autonomiser malgré les nombreuses difficultés. En effet,
certains
« groupes armés ou conseils locaux tentent d’instituer leurs propres
autorités judiciaires quand ils sont en conflit avec les cours en place. (…)
Ainsi les cours deviennent un acteur dans les jeux de pouvoir locaux, disposant
quelquefois de leur propre police judiciaire et jouissant de l’appui d’une
unité militaire ou d’un conseil municipal. (…) A Alep, bien que créée par
les principales unités militaires du gouvernorat, la Cour du conseil judiciaire
uni devient progressivement indépendante. Pour éviter d’avoir à se soumettre à
une instance indépendante, certains groupes armés – la Jabhat al-Nusra, la
Harakat Ahrar al-Cham al-Islamiyya, le Liwa’Suqur al-Cham et le Liwa’ al-Tawid
– établissent leur propre cour, le Comité judiciaire. »[14]
Contrairement
à la Cour du conseil judiciaire uni, le Comité judiciaire dispose de sa propre
police composée de 200 hommes fournis par les groupes armés. Il refuse
l’application du code judiciaire écrit et lui préfère la jurisprudence
islamique. Ses prérogatives comprennent la sécurité, la justice, les affaires
religieuses, la magistrature, les affaires civiles, l’agriculture et le
commerce. Il exerce un contrôle des mœurs, comme le port du voile pour les
femmes, et tente de créer des services concurrents pour la distribution
d’électricité, l’éducation et les soins médicaux. Le Comité judiciaire s’empare
très vite de l’administration de la majorité des mosquées de la ville,
délaissée jusque-là.
« La concurrence entre les deux institutions ne débouche pas sur des
affrontements armés mais les tensions sont palpables à l’été 2013. La Cour du
conseil judiciaire uni d’Alep, avec le soutien d’unités de l’ASL, souhaite que
le Comité judiciaire adopte ses procédures et accepte d’intégrer la hiérarchie
qui se met en place. De son côté, le Comité judiciaire accuse les membres de
l’administration civile et de la Cour du conseil judiciaire uni de ne pas être
de bons musulmans. En juillet 2013, les hommes du Comité judiciaire encerclent
la Cour du conseil judiciaire uni à plusieurs reprises, avant que des
combattants de l’ASL proches des institutions civiles ne les forcent à se
retirer, des concertations ayant lieu par ailleurs pour trouver des
compromis. »[15]
Le 1er avril
2015, le quotidien ‘anab baladi (« Raisins de mon pays »)
publie une enquête sur les incohérences dans les verdicts qui découlent de la
coexistence de ces deux juridictions.
Les auteurs
expliquent que les décisions rendues par la branche salafiste du Comité
judiciaire ont d’abord été condamnées par l’ensemble des cheikhs du Conseil.
« Un membre du conseil judiciaire uni, Mashab ‘Abda, explique que les
conflits résidaient surtout dans la gouvernance et la délivrance des Fatwas.
Selon lui, la mouvance salafiste a imposé une idéologie rigoriste non
compatible avec l’esprit révolutionnaire opposé à toute forme de tyrannie. ».
Les
désaccords répétés ont eu pour conséquence une perte de légitimité de cette
juridiction. Le Comité judiciaire a finalement été démantelé par deux
bataillons militaires (Ahrar al-Sham al-Islamiyya et le liwa Al-Tahwid) qui ont
créé ensuite la Cour suprême d’Alep et sa région. Malgré une meilleure
efficacité, l’influence persistante des groupes armés sur la justice rend
difficile la lutte contre l’impunité militaire.[16]
À Idlib, les
habitants avaient aussi protesté en 2013 contre le Comité judiciaire qui y
avait été établi. Lors d’une manifestation dont les images sont disponibles sur
Youtube, ils expliquent « nous
sommes contre le régime, contre l’assassinat extrémiste et contre l’oppression
» et ils demandent le retour des juristes professionnels indépendants à la cour
en lieu et place des religieux.
La reprise
par le régime de ces villes a entrainé la disparition de ces institutions.
La police
Sous l’impulsion
du Conseil national syrien, des conseils de gouvernorat et de l’association
professionnelle des anciens policiers, la Police libre est créée fin 2012.
Cette initiative a notamment pour but de démilitariser les forces de l’ordre et
les territoires libérés et de renvoyer au front les combattants — dont certains
ont parfois fait preuve de brutalité ou ont profité de leur pouvoir pour
racketter des civils.
Lors de sa
constitution, l’objectif est à la fois d’intégrer et d’unifier les groupes de
sécurité déjà existants, mais aussi de professionnaliser cette police. En
effet, indépendamment du rôle des groupes armés parfois sollicités pour faire
appliquer les décisions de justice (arrestations, transferts de prisonnier..),
la dégradation des conditions de sécurité a entraîné de multiples initiatives
spontanées, dont la constitution de groupes de civils en forces de police
improvisées. Un exemple à Alep :
« Nous sommes tous originaires du quartier d’al-Sukari, nous avons
manifesté puis formé un groupe de combattants pour défendre les manifestants
contre la répression du régime. En août 2012, nous avons combattu avec l’ASL
pour libérer notre quartier. Juste après sa libération, nous avons décidé
d’organiser notre propre groupe pour patrouiller dans les rues et éviter les
pillages car la majorité des habitants avait fui. Lorsque le tribunal d’Alep a
été créé, nous avons pris contact avec lui. À présent, nous attendons d’être
incorporés à la police d’Alep. On nous a promis des uniformes et des salaires à
condition que nous acceptions de nous placer sous les ordres des officiers de
la nouvelle police. Notre nouveau nom, Police libre d’Alep, doit être inscrit
sur nos uniformes et sur le fronton de nos locaux. »[17]
La politique
d’intégration vise à mettre toutes les forces de police d’Alep sous une
autorité unique, celle de la Cour du conseil judiciaire uni. Les groupes peu
fiables ou les chefs récalcitrants de certains groupes sont parfois écartés.
Un règlement
intérieur est adopté et d’anciens policiers sont intégrés afin d’aider à la
professionnalisation — chaque chef de poste notamment, est un ancien policier.
C’est donc le choix de la compétence plus que celui de l’investissement dans la
révolution qui est fait. Le commandant en second du poste d’un quartier d’Alep
témoigne :
« Je suis diplômé de l’Académie de police de Damas, la promotion de
1986. J’étais inspecteur dans la police criminelle du régime. J’ai déserté en
juin 2012, car le travail qu’on nous demandait était devenu inhumain. J’ai payé
400 000 livres syriennes (environ 3200 euros) à ma hiérarchie pour quitter
officiellement mon poste. C’était facile, car la police du régime est très
corrompue. En tant que civil, j’avais participé à de nombreuses manifestations.
Lorsqu’Alep a été libérée, les gens m’ont désigné naturellement à la tête d’une
milice de quartier pour assurer la sécurité. Puis, avec la création de la
Police, j’ai été nommé commandant en second (du poste de Bustan
al-Qasr). »[18]
Une académie
est créée dans l’ancienne base militaire de Muchat dans la banlieue d’Alep.
Elle fournit à des groupes de 200 personnes un entrainement physique ainsi
qu’une formation d’un mois au maniement des armes, au travail d’enquête et au
droit pénal.
Le capitaine
Malek Abou Youssef, porte-parole de la Police Libre d’Alep, explique que
celle-ci n’a « aucune relation avec le gouvernement intérimaire ou la
Coalition nationale ». Il poursuit :
« Ainsi, nous avons publié le 27 juin 2015 un communiqué où nous
précisions que nous étions une institution destinée à fournir des services à la
population d’Alep et des zones libérées, sans aucun lien avec une quelconque
instance politique, qu’il s’agisse du gouvernement intérimaire ou de la
Coalition nationale d’opposition. C’est pourquoi, nous ne pouvons collaborer
qu’avec les autres instances actives dans les zones libérées, et reconnues par
leurs populations ».[19]
Chaque
campagne de bombardement du régime dégrade encore un peu plus les conditions de
vie, ce qui se traduit par une augmentation des différends entre les civils. La
police est alors amenée à jouer le rôle de médiateur, afin d’amener les parties
du conflit à trouver des solutions amiables, avant de devoir en référer à la
justice.
Selon le
journal Souriatna, la Police d’Alep a par ailleurs créé une police
féminine où sont formées 25 bénévoles. Celles-ci sont chargées des opérations
de fouille auprès des femmes, mais également d’une partie des enquêtes et de la
surveillance des établissements pénitentiaires pour femmes.
Cependant,
les moyens et les effectifs sont très insuffisants pour permettre à la police
de maintenir seule la sécurité. À Alep, les effectifs sont passés de 9000
policiers avant les événements de 2011, à 1142 agents début 2013, puis à
environ 1700 fin 2015. Ces agents sont répartis dans les principaux quartiers
de la ville et dans quelques villes de la province. Malgré l’aide financière
d’ONG étrangères, la Police libre n’a donc d’autre choix que de demander
l’appui de certaines brigades de l’ASL, notamment celles composées d’aleppins.
Dans un entretien pour un journal hebdomadaire syrien en ligne, Salim
Koubara, un habitant du district de Mansoura, situé à l’Ouest de la région
d’Alep, estime que
« les habitants voudraient une police plus forte, afin de protéger les
civils, et notamment la nuit, d’autant que de nombreux gangs se sont créés,
commettant des vols et des meurtres au quotidien. Nous aimerions que la police
soit plus forte que les factions armées et soit plus présente dans la vie des
civils. Ainsi, ces factions pourraient se consacrer à la lutte contre les
forces du régime et contre Daesh, au lieu de s’ingérer dans nos vies ».[20]
Le bilan de
cette expérience de justice en temps de guerre et de répression, c’est son manque
d’efficacité, faute de moyens coercitifs pour appliquer les décisions de
justice, et de moyens financiers pour former un dispositif de police judiciaire
autonome. Ce rôle finit donc bien souvent par être confié aux unités
militaires, ce qui leur permet d’exercer une influence au sein de l’appareil
civil et donc de renforcer leur impunité. Cependant, il faut souligner que le
désir de justice des insurgés a rapidement débouché sur la création
d’institutions judiciaires dont la composition est le reflet des différentes
sensibilités existantes au sein de la population, bien que la constitution
d’institutions concurrentes par des groupes politico-militaires vienne parfois
fragiliser les structures créées par les civils.
Un foisonnement autogestionnaire bien réel
Malgré les
tentatives de nombreux commentateurs d’invisibiliser la lutte des syriens en ne
focalisant sur les aspects internationaux et géopolitiques du conflit, ces
expériences, constituent, malgré leurs défauts, des cas exemplaires
d’autogestion.
Une carte interactive réalisée par le Mouvement syrien pour la
non-violence cherchant à répertorier toutes les organisations civiles et
non-violentes de l’insurrection permet d’avoir un aperçu du foisonnement qui a
suivi le soulèvement des syriens contre le régime tyrannique de Bachar
el-Assad. Toutes ces expériences démontrent la capacité d’un peuple pourtant
dépolitisé de force depuis plus de 40 ans, à s’organiser et à prendre son
destin en main en l’absence de tout État. Le militant syrien anarchiste et pacifiste
Omar Aziz, créateur d’un des premiers comités de coordination et décédé dans
les prisons du régime en 2013, n’a pas vécu assez longtemps pour voir les défis
qui semblent désormais insurmontables et qui assaillent les révolutionnaires de
Syrie. En effet, avec la reprise d’Alep fin 2016 par le régime, c’est l’une des
plus belles expériences d’autogestion à grande échelle qui disparaît.
Quelques
jours avant son arrestation par les Moukhabarat fin 2012, il déclarait « Nous ne sommes pas moins que
les travailleurs de la Commune de Paris : ils ont résisté pendant 70 jours et
nous nous continuons encore après un an et demi. »
Notes
[1] Florence
Ollivry-Dumairieh, « Islam et non-violence : Jawdat Sa’ïd, le Gandhi syrien »,
Association Syrie Moderne Démocratique et Laïque, 26 août 2015.
[2]
« Histoire de Daraya » dans Sur la révolution syrienne, Paris,
Editions La Lenteur, janvier 2017.
[3] François
Burgat et Bruno Paoli, Pas de printemps pour la Syrie, les clés pour
comprendre les acteurs et les défis de la crise (2011-2013), Paris, La
Découverte, 2013.
[4] « Les
femmes et la révolution à Daraya, entretien », Sur la révolution
syrienne, op. cit.
[5] Ghayath
Naisse, « L’auto-organisation dans la révolution populaire
syrienne », Europe solidaire sans frontières, 1er juin
2013.
[6] Idem.
[7] Adam Baczko,
Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie, anatomie d’une guerre civile,
Paris, CNRS Éditions, 2016.
[8] François
Burgat et Bruno Paoli, Pas de printemps pour la Syrie, op. cit.
[9] « Défense civile en Syrie : fin du monopole masculin »,
blog.francetvinfo.fr, 25 juillet 2015.
[10] « Gérer sa ville en temps de guerre: l’exemple réussi de
Darkoush », blog.francetvinfo.fr, 10 novembre 2015.
[11] Adam Baczko,
Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie, anatomie d’une guerre civile,
op. cit.
[12] « Un état des lieux de la justice en Syrie »,
Institut d’étude sur le droit et la justice dans les sociétés arabes, septembre
2015.
[13] « Deux
portraits de révolutionnaires dans le sud de la Syrie », Sur la
révolution syrienne, op. cit.
[14] Adam Baczko,
Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie, anatomie d’une guerre civile,
op. cit.
[15] Idem.
[16]« Un
état des lieux de la justice en Syrie », sur le site de l’institut
d’étude sur le droit et la justice dans les sociétés arabes, septembre
2015, art. cit.
[17] Adam Baczko,
Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie, anatomie d’une guerre civile,
op. cit.
[18] Idem.
[19] « Police Libre: défis du maintien de l’ordre à Alep »,
blog.francetvinfo.fr,
15 novembre 2015.
[20] Idem
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire